3 questions à Romain De Reusme, échevin de la commune d'Ixelles
- PointCulture : Vous êtes échevin en charge de l’égalité des chances pour la commune d’Ixelles. Quels sont, selon vous, les défis les plus urgents auxquels vous comptez vous attaquer durant cette législature ? Et comment, en une phrase, qualifieriez-vous votre action dans ce domaine ?
- Romain De Reusme : Le défi le plus urgent et le plus important est, pour moi, de rappeler que l’égalité n’est pas une chance mais se traduit, dans nos démocraties, par des droits. J’ai donc symboliquement, entre la journée des Droits des femmes et celle de la lutte contre les discriminations raciales, fait changer le nom de cette compétence. L’égalité des chances s’appelle désormais « Égalité et Droits humains ».
« Égalité » tout court, d’abord, parce que l’on conviendra que celle-ci s'accommode mal de la faveur du sort. Là où la chance triomphe, l'égalité n'a plus sa place.
« Droits humains », ensuite, parce que le combat pour les droits fondamentaux est, malheureusement, d'une actualité sans commune mesure. Les pouvoirs publics doivent prendre leur place dans ce combat : être exemplaire, ouvrir la voie mais aussi être intransigeant.
Le premier article de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ou droits humains, nous le rappelle : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Les droits fondamentaux sont établis du seul fait de la condition humaine.
- Ixelles est une commune à la fois du centre et du début du bord extérieur de la Région de Bruxelles-capitale qui présente un profil sociologique d'une évolution très particulière avec, ces dernières années, une forte augmentation des effectifs de la population d’origine française. D’autre part, Ixelles compte sur son territoire, une université accueillant des étudiants aux origines très diverses. Ces données spécifiques donnent-elles une orientation et/ou une coloration particulière à votre action ? Et si oui, laquelle ?
- Romain De Reusme : Notre commune est riche d’origines diverses, de nationalités, d’initiatives associatives, culturelles ou étudiantes, de projets, d’associations et d’institutions. Nous avons la chance de compter sur notre territoire un réseau d’engagements exceptionnel !
Alors, ce réseau nécessairement conditionne notre action. On ne part pas d’un terrain vierge où tout serait à construire. On a la chance de pouvoir bâtir des ponts, assez facilement. L’orientation de l’action est celle-ci : construire ensemble. Ce 21 mars, non seulement, luttera symboliquement contre les discriminations raciales mais créera ou renforcera des ponts entre associations et institutions. C’est le très beau cap qui est fixé !
- Dans le cadre de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, quelles sont les actions organisées sur la commune d’Ixelles et quel bilan aimeriez-vous pouvoir retirer de celles-ci ?
- Romain De Reusme : Nous organisons un village associatif sur la place Flagey. De nombreuses associations et institutions engagées dans ce combat pour l’égalité seront présentes et interpelleront les passant·e·s, les citoyen·ne·s, les travailleur·euse·s. Amnesty International, le Ciré, Dynamo ASBL, Ixelles-Prévention, la Maison de l’Amérique latine, Mémoire vive, PointCulture ULB, Singa et les bibliothèques communales se regrouperont pour rendre l’action visible.
Je souhaiterais deux choses. Tout d’abord que, lors de cette journée, toutes celles et tous ceux qui auront été en contact avec les associations et la ommune soient interpellé·e·s. Qu’iels rentrent chez elleux en parlant de ce qu’iels ont vu, ressenti ou appris. Je n’ai pas peur qu’iels soient brusqués. Au contraire, je pense que la beauté se situe quelque part dans la rencontre de l’autre, lorsqu’on est un peu bousculé.
Je souhaiterais également que les associations et les personnes qui participent et organisent l’événement se découvrent l’une l’autre un peu plus, échangent et apprennent réciproquement. Que cette journée puisse créer des ponts entre elles et l’envie de poursuivre de nouvelles actions.
En une phrase, si cette journée pouvait nourrir des envies, ce serait une réussite. Parce que le combat pour l’égalité est quotidien !
Interview par e-mail Yannick Hustache
mars 2019
Jeudi 21 mars 2019 - Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
Place Flagey - 1050 Ixelles