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4 questions à Jonathan Smets de Ludilab

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Jonathan Smets est chef de projets pour Ludilab et formateur et animateur et ludothécaire à Ottignies . Il nous donne sa vision de l’impact du Covid et du confinement sur le jeu de société et sur la ludopédagogie.

- PointCulture : Qu'est-ce que Ludilab ?

Ludilab, c'est un collectif d'expert·e·s et de spécialistes en sciences et techniques du jeu. On travaille avec et sur le jeu comme objet culturel, à travers différents projets : conférence gesticulée, ludopédagogie, ludothèque patrimoniale, centre de documentation, éducation au numérique, accompagnement à la création, etc. qui sont autant d'occasions passionnantes de collaborer avec des écoles, des ASBL et des unités de recherche. — Jonathan Smets

- Le jeu, aussi bien de société que de serious game, a pris une place importante durant la période de confinement, pas seulement en tant que loisir mais aussi en tant qu'outil pédagogique. Est-ce enfin la reconnaissance que jouer ce n'est pas simplement se divertir ?

Jonathan Smets : La question ressurgit à chaque phénomène lié au jeu et avance de quelques pas à chaque fois. Cette fois, au premier confinement, on a vu un gros boom dans les plateformes de « jeux de société en ligne » (Tabletopia, Board Game Arena, etc.), les gens souhaitant continuer à jouer malgré l'éloignement. Mais ça n'a pas changé beaucoup de choses vu qu'il s'agit de gens qui jouaient déjà « en vrai ». À côté, Animal Crossing, entre autres, a fait couler beaucoup d'encre, notamment sur le bien que peut apporter un jeu paisible, positif, dans une période assez compliquée. Nul doute que nombre de parents ont fait évoluer leur regard sur les pratiques de leurs enfants et ados. Pour le côté pédagogique, c'est plus difficile de percevoir si quelque chose a changé, les initiatives étant plutôt personnelles et peu médiatisées. D'autant que les enseignant·e·s ont déjà eu fort à faire avec tous les changements, l'adaptation précipitée aux cours à distance, etc. ; je devine qu'adopter le jeu comme outil n'a pas été dans leurs priorités, et c'est bien compréhensible.

- En écho à notre thématique 2020-2021, quelle est ta révolte en ce moment ?

S'il ne fallait mentionner qu'une révolte, ce serait sans doute la fracture numérique, qui a renforcé de plus belle les inégalités avec le passage en enseignement à distance et en télétravail. — J. S.

Si l'absence de mesure gouvernementale concrète pouvait à la limite se comprendre au premier confinement, elle est beaucoup plus difficile à accepter depuis septembre, alors qu'il y a eu tout l'été pour chercher des solutions, obtenir du matériel, s'organiser. Et pourtant, une fois encore, ce sont les privilégiés qui s'en tirent, et ce sont les enseignant·e·s qui se retrouvent à devoir pallier avec deux bouts de ficelle, sur leurs propres deniers, en essayant de ne perdre aucun élève.

- Quel est ton antidote culturel pendant le confinement ?

Les séries télé sont comme souvent un bon moyen de se distraire, mais aussi de prendre du recul sur nos difficultés, de les voir à travers l'angle de la fiction. Et j'ai la chance de ne pas être isolé, du coup on peut continuer à jouer !

Interview : Thierry Moutoy

Ludilab

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