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4 questions à Nico Debois (Institut supérieur de musique et de pédagogie, Namur)

Nico Debois Imep
Ingénieur du son de formation, Nico Debois est spécialisé dans l'enregistrement, le mixage et la production musicale. En dehors de la pratique de la musique et de l'audio, sa plus grande passion est d'enseigner. Diplômé en Audio Engineering au SAE Institute Brussels, il enseigne depuis 2007. Aujourd'hui, il est aussi actif en tant que producteur au sein du Noise Factory Studio. Il enseigne également la musique électronique en studio et sur scène ainsi que les techniques de production à l'Institut supérieur de musique et de pédagogie de Namur. Il développe aussi ses propres travaux sous le pseudo de Nostrotech.

- Thierry Moutoy (PointCulture) : Depuis le 18 mars 2020, les portes de l'Imep sont fermées. Le lien entre pédagogie et informatique s’est retrouvé plus que jamais au centre de l’apprentissage. En tant que professeur de musique assistée par ordinateur, est-ce que cela été une « aubaine » pour toi ?

- Nico Debois (Imep) : Alors oui, chacun s’est organisé comme il le pouvait, même si la direction a permis de mettre en place tous les outils nécessaires à disposition des enseignants et des étudiants. Maintenant, tout le monde n’est pas à l’aise avec la technologie et c’est tout à fait compréhensible. Pour ma part, j’avais déjà fait mes premiers tests de cours en ligne en 2016, j’osais imaginer que les cours en ligne serviraient mieux les étudiants, d’une part pour le confort de travail (pour autant que tout le monde ait accès à une bonne connexion) et d’autre part parce que, une fois le cours donné, l’étudiant peut revisionner celui-ci à nouveau, prendre le temps de revoir la matière à son aise, appuyer sur pause au beau milieu de la vidéo et tester lui-même les exemples illustrés pendant le cours, etc.

Maintenant, pour être honnête, je suis convaincu des cours en ligne pour la théorie et les matières comme la production musicale mais ça ne remplacera jamais la qualité des échanges nécessaires pour apprendre, par exemple, tout ce qui touche à la scène et tout ce qui concerne la musicalité ; provoquer le ressenti, c’est compliqué au travers d’une webcam... Après tout, la musique est une question d’échange et de partage, on ne peut pas passer 5 ans d’études derrière son écran. — Nico Debois

Mais très clairement, on gardera sûrement une partie des cours en ligne même lorsque tout ça sera terminé, tout le monde y a trouvé des avantages dans les cours d’informatique musicale.

On ne peut pas nier aussi qu’en tant qu’artiste c’était l’occasion de réaliser un projet qui trainait dans ma tête depuis un petit bout de temps : travailler une production, 100% online, avec les moyens du bord de chacun, avec une brochette de musiciens que je respecte énormément que sont Rhonny Ventat, Pierre Malempré, Neff Irizarry et Julien Bonamy. On s’y est mis à cinq pour construire un projet electro jazz et finalement c’était aussi un bon exemple pour montrer aux étudiants qu’on peut trouver l’inspiration dans toutes les situations.

- Penses-tu que la crise actuelle va avoir un impact majeur sur la création sonore ?

- J’ai souvent tendance à dire : « Moi, la crise, je ne la vois pas vraiment passer… ». Le plus terrible, c’est pour les musiciens de scène pour lesquels tout s’est arrêté ! Pour ma part, je travaille en production studio (un secteur qui continue à tourner) ainsi qu’en sound design en plus de ma position professionnelle de professeur.

Il y a aussi un domaine qui a été très positivement impacté par cette crise, c’est le secteur de l’identité sonore qui consiste à créer le son des entreprises. Tout le monde essaie de trouver des solutions pour se renouveler, pour continuer son activité professionnelle. — N. B.

Les entreprises cherchent de nouveaux clients par le biais d’actions de communication. On intervient à ce moment-là, en collaboration avec les créateurs de logos et les équipes marketing, pour aider l’entreprise à se redynamiser. C’est une des facettes, souvent méconnue, d’un compositeur actuel.

Concernant la création sonore, les plateformes de streaming n’ont jamais fait autant de chiffre, le secteur du home entertainment (jeux vidéo, streaming musique, films et séries, etc.) a explosé ces derniers mois ! On voit aussi que, maintenant que les gens reprennent le temps, on se soucie à nouveau de la qualité, on veut de la 4K pour l’image et de la haute résolution pour la musique (le directeur de la plateforme Qobuz est d’ailleurs très optimiste à ce sujet, et à raison). Il y a donc de la place pour la création sonore et musicale.

- Le jeu vidéo est en train de devenir de plus en plus un médium majeur pour les créateurs de musique. Est-ce que tu pousses tes étudiants à explorer cette voie ?

- Oui tout à fait, d’autant plus vu la crise à laquelle on assiste dans le secteur du cinéma. Si on parle de films au cinéma en 2020, on pense surtout à TENET et… à Soul de Pixar, qui est venu au monde sur la plateforme de streaming de Disney plutôt que par la voie habituelle des salles de cinéma. Ça fait longtemps que le cinéma est en crise alors que le jeu vidéo tire la couverture toujours plus de son côté chaque année qui passe. La crise du jeu vidéo est déjà passée. L’avantage du jeu vidéo c’est aussi qu’il s’agit d’un secteur permettant beaucoup plus de liberté en terme de créativité et d’exploration. On est moins dans le « Salut, je voudrais la même musique que dans Batman… ». On a aussi tout l’aspect sound design, intégration avec le gameplay avec les middlewares, la réalité virtuelle qui est toujours là aussi… On a également constaté dernièrement que les bons jeux indie finissaient par être récupérés par les gros studios comme Microsoft ou Sony, c’est moins difficile à atteindre qu’Hollywood ! Et au-delà de tout ça, on se pose la question de l’utilité de continuer à produire des consoles de jeu, on se tourne de plus en plus vers le cloud gaming, c’est vraiment un secteur qui ne s’arrête pas et qui ne se repose pas sur ses acquis !

- Quels sont les albums/artistes marquants en 2020 pour toi ?

Pour ma part, je citerais une seule artiste, dont j’ai hâte de découvrir le premier album dans quelques années : Nandi Bushell, cette gamine n’a pas fini de nous étonner !

Pour les albums, je vais essayer de me limiter à 10 vu la tonne d’excellents albums qui sont sortis cette année, je dirais, sans ordre de préférence :

Eminem : Music to Be Murdered By

Mura Masa : R.Y.C.

Squarepusher : Be up a Hello

Four Tet : Sixteen Oceans

Childish Gambino : 3.15.20

Igorrr : Spirituality and Distortion

Tallah : Matriphagy

Dua Lipa : Future Nostalgia

Long Distance Calling : How Do We Want to Live ?

Action Bronson : Only for Dolphins

Cory Wong : The Stripped Album

(oups, ça fait 11…)

Et si on peut ajouter un petit bonus pour 2021, petit coup de cœur pour le nouvel album de Passenger : Songs for the Drunk and Broken Hearted

> site de l'Imep

> Nostrotech sur Soundcloud



Interview (par e-mail) : Thierry Moutoy, janvier 2021