Arts, culture et confinement : Revue du web, semaine du 4 février 2021
Sommaire
20 ans de l’école documentaire de Lussas (Ardèche / Wallonie-Bruxelles)
Comment créer dans une école ? Sinon inventer un sol où la vie est sauve. Comment apprendre le cinéma ? Sinon en apprenant des autres. Voici le territoire mouvementé de nos expériences. Beau voyage ! — Chantal Steinberg, directrice de l’école
Quelles sont les capitales françaises en matière de documentaire ? Paris (2 millions d’habitants intra muros, 11 millions banlieue comprise) ? Certes, oui, avec le festival Cinéma du réel au Centre Pompidou. Marseille (3e ville de France, 800.000 habitants dans l’agglomération, 1.600.000 habitants dans sa conurbation) ? Oui, avec le Festival international de cinéma (FID)… Mais ces deux monstres incontournables se font presque damer le pion par une petite commune rurale d’Ardèche comptant 1.200 âmes et accueillant chaque été cinéastes, spectateurs, aficionados et amateurs, pour ses fameux États généraux du film documentaire (une trentaine d’éditions à ce jour). On sait moins que l’association Ardèche Images organise aussi des projections dans la région tout au long de l’année, tient à jour un incontournable centre de ressources (physique et en ligne) et anime depuis deux décennies une école documentaire.
Pour fêter les 20 ans de ces « formations à l’écriture, à la réalisation et à la production de films documentaires de création », un très beau site reprenant des bouts de films, des textes, des enregistrements sonores de masterclasses a été lancé. Les cinéastes belges francophones (Claudio Pazienza, Xavier Christiaens, Benoît Dervaux, etc.) y sont très bien représentés, laissant la trace sur cette carte poétique et cinéphile d’un territoire partagé des liens qui se tissent en matière de cinéma du réel entre Bruxelles, la Wallonie et Lussas. [PD]
https://www.lecoledocumentairea20ans-lussas.fr/
À Liège, le Studiobus des étudiants en journalisme
Lancé en 2017 au sein du département Médias, Culture et Communication (Université de Liège), le Studiobus est un projet qui mobilise, durant une semaine, l’ensemble des étudiants de 1er et 2ème master en Journalisme. Ayant investi un ancien bus des TEC, loué au Musée des transports en commun et transformé en studio radio, ces futurs journalistes proposent au public un traitement de l’actualité multiforme, entièrement pris en charge par eux. Accompagnés par des professeurs du département et des animateurs de la radio 48FM, les étudiants découvrent, au fil de cet exercice grandeur nature, les diverses facettes des métiers de la communication. [TM]
https://www.studiobus.uliege.be/cms/c_4633837/fr/studiobus
Brussels Podcast Festival
L’Atelier 210 présentera d’ici trois semaines (du 25 au 28 février 2021) la deuxième édition de ce festival consacré aux podcasts. La parole est ici donnée aux singularités plurielles, aux voix dissidentes et aux récits trop souvent tus. Écoutes, enregistrements live, débats, balades sonores, sélection internationale et compétition nationale, pour découvrir ou explorer un médium alternatif, une pratique salutaire à la fois contre l’isolement du confinement et la cacophonie médiatique. [BD]
https://www.brusselspodcastfestival.be/
Quelques podcasts littéraires (France Culture, Arte Radio)
Les émissions littéraires ne manquent pas dans le monde francophone : les Masterclasses et Par les temps qui courent sur France Culture, L’Heure bleue et La Librairie francophone sur France Inter, font, à la radio, figure de grands classiques, désormais disponibles à la réécoute. Néanmoins, à l’instar de leurs équivalents télévisuels Apostrophe et aujourd’hui La Grande Librairie, ces émissions restent obstinément rivées à l’actualité des sorties. Les entretiens gravitent autour de la dernière publication d’un auteur en pleine campagne de promotion. Sans nier l’intérêt que revêtent ces programmes qui stimulent l’appétit du lecteur, les amateurs de littérature récente peuvent avoir envie d’aller un peu plus loin dans l’œuvre des écrivains qu’ils affectionnent, ou simplement de prendre de leurs nouvelles en dehors de toute démarche promotionnelle. C’est justement ce que propose Richard Gaitet avec Bookmakers sur Arte Radio. Écouter les écrivains détailler leurs secrets d’écriture énonce le programme. L’intention paraît évidente, banale, seulement, comme on vient de le dire, elle ne l’est pas tant que cela. Suivant un rythme mensuel, l’émission se décline en chapitres, chaque auteur ayant droit à trois-quatre épisodes d’une longueur variable. Ce temps de parole presque illimité offre un accès privilégié à une œuvre envisagée dans ses multiples replis biographiques et émotionnels, volet d'introduction qui conduit naturellement à l'objet principal de notre curiosité, le travail d’écriture en tant que tel, la fameuse cuisine interne de l'écrivain. Le propos est passionnant parce qu’il fait état de ce qui distingue les auteurs les uns des autres : techniques, routines, manies, rapport aux réseaux sociaux... Chacun a son histoire, ses superstitions, ses exigences, ses faiblesses, ses ruses… Il est indéniable qu’un intérêt pour les coulisses du travail romanesque conduira l’amateur à ne vouloir en laisser aucune miette : Delphine de Vigan, Lola Lafon, Dany Laferrière, Philippe Jaenada, Alice Zeniter, Chloé Delaume – et nos deux coups de cœur absolus : Tristan Garcia et Nicolas Mathieu –, ont tous quelque chose à nous dire d’un rapport à l’acte de créer, à la discipline, à l’inspiration, à la solitude et à l’endurance. Ce qui, très prosaïquement, concerne bien plus que le travail de l’écrivain. [CDP]
https://www.arteradio.com/serie/bookmakers
Par les temps qui courent (France Culture) : une semaine de hip-hop
Si je vous dis : « France Culture », à quoi pensez-vous ? À des débats sur la grammaire du français de l’entre-deux guerres, des fictions expérimentales en suédois, des lectures intégrales des œuvres de La Pléiade… ? Elle est bien loin désormais l’image poussiéreuse d’une radio pour agrégé de philo en complet velours côtelé (qui, soit dit en passant, a de nouveau la cote sur les podiums et dans la rue). Fini, le temps où (quasiment) aucun journaliste ne s’intéressait au rap. Le hip-hop est désormais suffisamment mature pour séduire les institutions culturelles ; ou peut-être avons-nous simplement le recul nécessaire pour nous pencher sur ce mouvement culturel et artistique.
Donc oui, en 2021, France Culture s’intéresse au hip-hop et l’émission Par les temps qui courent, produite et présentée par Marie Richeux, vient d’y consacrer tout un cycle. Au long de ces six épisodes de 42 minutes chacun, des journalistes, des danseurs, des rappeurs, prennent le temps de se raconter et de nous raconter leur histoire à travers le prisme du hip-hop. Deux hommages sont aussi rendus à deux figures majeures du mouvement décédées dernièrement : le beatmaker et MC MF Doom et le chorégraphe et danseur Ousmane Sy. [IK]
Comme tout grand mouvement artistique et culturel, le mouvement hip hop se pose des questions de mémoire, de transmission et d’écriture. Elles sont d’autant plus passionnantes qu’elles croisent, à bien des égards, l’histoire de notre pays, son immigration, ses villes et ses quartiers populaires. — France Culture
Live sessions #Restart
Court-Circuit s’est associé à la RTBF pour réaliser une série de captations de concerts, sans public, dans plusieurs salles membres de Court-Circuit, à travers la Belgique francophone. Tournées cet été, ces sessions sont disponibles sur le site de Court-Circuit. Une nouvelle série de captations a été organisée fin 2020/début 2021. Si le concept de « salle de concert virtuelle » ne remplace pas la version « vie réelle », c’est une manière d’offrir la possibilité à des projets musicaux de « monter sur scène » et de percevoir un cachet, et également de remettre toute une série de personnes et de métiers au travail : équipes audiovisuelles, technicien·ne·s, personnel de salle, etc. [BD]
https://www.court-circuit.be/activite/les-concerts-restart-dans-les-salles-membres-de-court-circuit/
Semaine de la musique belge – Week van de Belgische muziek
Le Botanique s’associe à la Semaine de la musique belge – Week van de Belgische muziek, événement organisé par Vl.BE, et propose quatre concerts qui seront diffusés en livestream depuis les différentes salles : Mathilde Fernandez (10/02), David Numwami (11/02), MEYY (12/02) et YellowStraps (13/02). Le 14/02, c’est au tour de la finale du concours Court-Circuit d’être diffusée, avec les meilleurs talents émergents de Wallonie et de Bruxelles. Les quatre finalistes sont Benni, TUKAN, jakbrol et Twin Toes.
Vl.BE organise de son côté une série d’événements qui sont répertoriés sur leur site, d’une ode à la musique belge où chacun est invité à interpréter un morceau de son choix aux premiers Flanders Folk Awards. [ASDS]
https://botanique.be/fr/article/la-semaine-de-la-musique-belge
https://vi.be/weekvandebelgischemuziek
Concerts de musique du monde au Théâtre Molière
Ce lundi 8 février 2021, le Belgian World Music Network organise une soirée de concerts live au Théâtre Molière et diffusés gratuitement en streaming, dans le cadre de la Semaine de la musique belge. L’association, qui existe depuis quelques années, veut promouvoir la scène « world » en Belgique et propose rencontres et discussions à intervalles réguliers. Lundi, c’est le meilleur de la scène belge actuelle de musique trad, world et global qui sera présentée. Les quatre groupes et deux DJ ont été sélectionnés par un jury l’année passée : Las Lloronas (mélodies acoustiques et slam), Ozferti (rythmes d’Afrique de l’Est mêlés à de l’électronique et des guitares électriques), Refa (le nouveau nom de Refugees for Refugees), Kolonel Djafaar (afrobeat instrumental), Cheb Runner (beats du Maroc à l’Irak) et DJ Sahra (du dancehall à l’afrohouse). [ASDS]
https://www.facebook.com/events/4946089032131056
https://muziekpublique.be/concerts/20210208-belgian-world-music-network-showcase-night/
Mozart Akademie : un concert entre XVIIIe et XXIe siècles (La Monnaie)
Mozart Akademie, c’est le nom du concert que propose en streaming La Monnaie à partir de ce dimanche 7 février (ticket : 6 €). Aux XVIII et XIXème siècles, une académie désignait un type de concert donné par un compositeur, souvent d’une longueur exceptionnelle, pour faire connaître ses dernières compositions. Ce 23 mars 1783, Wolfgang Amadeus Mozart exécuta pour une salle comble et devant l’empereur Joseph II une série de pièces nouvelles, ainsi que des improvisations. La soirée dura trois heures et récolta un franc succès. Ce spectacle, dont la renommée fut énorme, assura la notoriété de Mozart. Le chef français Raphaël Pichon s’est inspiré de ce spectacle resté célèbre pour élaborer son programme et tenter d’en recréer le climat. On y retrouve la talentueuse Sabine Devieilhe en Reine de la Nuit, accompagnée de l’Orchestre symphonique de La Monnaie. [NR]
https://www.lamonnaie.be/fr/program/1614-mozart-akademie
https://www.lamonnaie.be/fr/mmm-online/1760-sabine-devieilhe
Duelles : Anne Coesens et Veerle Baetens convaincantes sur Auvio
Construite à l’image d’un polar rétro, l’action de Duelles se développe dans la Belgique des années 1960. Adapté d’un roman de l’écrivaine Barbara Abel, Derrière la haine, ce long métrage de fiction aux accents hitchcockiens semble largement s’inspirer des suspenses psychologiques du cinéaste anglais. Si le pari était osé – le film pouvant mal souffrir de la comparaison –, cette réalisation d’Olivier Masset-Depasse peut s’appuyer sur la performance convaincante d’Anne Coesens et Veerle Baetens, lesquelles phagocytent néanmoins l’essentiel du champ de la caméra, au détriment de personnages masculins présents mais peu fouillés. Toujours est-il que, projeté au festival du film de Toronto, Duelles attiserait déjà les convoitises étasuniennes : un projet de remake serait ainsi envisagé… [SD]
https://www.rtbf.be/auvio/emissions/detail_duelles?id=18727
The Burnt Orange Heresy : Mick Jagger acteur sur Sooner
Ce film assez bien interprété et mis en scène se veut être un thriller, mais ce n’est pas cet aspect qui m’a le plus intéressé. Le personnage interprété par Mick Jagger ne mobilise pas l’attention du spectateur. Le musicien s’offre pour la deuxième fois de sa carrière – et peut-être pour la dernière fois – un rôle au cinéma. Ce film, somme toute assez classique, bénéficie d’un décor somptueux via la villa bordant le lac de Côme où il est tourné. Effet facile à mes yeux. L’histoire suit James Figueras, un critique d’art dont la carrière est un peu au point mort, qui se voit confier la tâche par un riche collectionneur de récupérer par tous les moyens la dernière œuvre d’une ancienne légende de la peinture.
Je retiens deux scènes liées à des questionnements portant sur la nature de l’art et de l’humain, mais également à la notion de transmission (finalement bien plus centrale dans l’intrigue que l’art lui-même).
1/ Dans le film, un critique hyper ambitieux et d’une prétention rare s’adresse à un public qui gobe ses dires. Sa notoriété lui permet de faire acte de manipulation et d’abus. Cyniquement, il trompe son audience. Son pouvoir dépasse toutes limites. Face à « l’expertise », quelle est l’autonomie résiduelle des amateurs d’art qui seraient moins éclairés ? Qui est dépositaire de la « vérité » ?
2/ Une autre scène me fait réfléchir au fait que l’œuvre n'appartiendrait pas à l'auteur, mais à la société. Dans le film, un artiste aussi désabusé qu’adulé produit des tableaux « blancs », ayant pris soin de détruire au préalable tout ce qu’il avait peint jusque-là. L’artiste n’est-il pas l’héritier de ses prédécesseurs ? Qu’en est-il de la production d’un artiste qui aurait bénéficié de fonds publics ? [AB]
https://stream.sooner.be/recommended/the-burnt-orange-heresy/m/the-burnt-orange-heresy
Une Revue du web de PointCulture
Réalisée par Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Nathalie Ronvaux, Alain Bolle, Philippe Delvosalle, Simon Delwart, Benoit Deuxant, Igor Karagozian et Thierry Moutoy