Arts, culture et confinement (25) : Stéphane Ronvaux (Metal Méan Festival)
- PointCulture : Bonjour Stéphane, suite à l’annonce du Conseil de sécurité de l’annulation de tous les festivals de l’été, peux-tu nous expliquer les conséquences qui en découleront pour Metal Méan dont ce devait être l’édition d’adieu ? Y a-t-il une possibilité de reporter le Festival à l’automne ?
- Nous avions décidé quelques jours avant l’annonce du gouvernement que si nous étions contraints d’annuler cette dernière édition, nous la reporterions tout de même en 2021. De toutes façons, avec neuf groupes étrangers sur dix, il était difficile d’imaginer que tous ces artistes puissent prendre l’avion en août. Nous tenons à organiser cette dernière édition pour ne rien regretter. Reporter d’un an est plus prudent. Les festivals qui ont reporté en automne ne doivent pas être totalement rassurés.
- Depuis quand l’équipe du Festival travaillait-elle sur ces concerts prévus pour le 20 août ? Toutes les personnes impliquées pourront-elles être rémunérées ?
- Le programmateur avait, pour la première fois de l’histoire du festival, signé une des têtes d’affiche avant la tenue de l’édition 2019. Vu la taille modeste du festival, il devient très difficile de convaincre les agences de booking face à la concurrence des grosses machines telles le Graspop et l’Alcatraz. Il faut donc travailler sur des exclusivités, trouver des groupes qui ne sont pas en tournée, etc.
En ce qui concerne les rémunérations, Le Metal Méan est une structure 100% bénévole ; personne dans l’organisation n’a jamais gagné un euro. Par contre, ce sera un manque à gagner pour les personnes qui s’occupent du catering pour les groupes, les sociétés de merchandising, de sonorisation etc…
-Est-ce que les contrats avec les artistes étaient déjà signés ? Et si oui, quelles répercussions financières en découleront ? Est-il prévu une compensation budgétaire, ou est-ce encore dans le flou à l’heure actuelle ?
- Tous les contrats étaient signés, le dernier une dizaine de jours avant l’annulation. Il restait deux groupes à annoncer mais l’affiche était complète. Nous avions versé des avances à certaines agences de booking et notre crainte était d’en voir certaines tomber en faillite. Pour l’instant, elles semblent jouer le jeu soit en promettant un remboursement, soit en gardant les avances quand leurs artistes confirment leur venue en 2021. Il y a également des sommes qui ont été versées au niveau de l’infrastructure, mais il est trop tôt pour savoir si elles seront perdues ou reportées pour l’édition 2021. Quant à une compensation budgétaire, nous n’attendons rien des autorités. Ils feront peut être un geste pour les grosses structures, qui n’ont pas manqué de se manifester dans les médias, dès le lendemain de l’annonce de l’annulation des festivals.
-Au-delà des problèmes pécuniaires et organisationnels, est-ce que pour toi cette période de confinement forcé a aussi débouché sur des éléments positifs, par ex. dégager du temps pour prendre du recul, pour régler des chantiers en attente depuis très longtemps, de nouvelles lectures… ?
-Ayant la chance d’avoir gardé mon emploi et de ne pas être confiné dans un petit appartement, j’ai réalisé combien j’étais privilégié. J’essaie de me concentrer sur le positif et effectivement essayer de faire des choses pour lesquelles je ne parvenais pas à dégager de temps. Pour l’instant, je suis assez concentré sur le festival, mais ce sera vite calme, et pour presque un an.
Sinon, le télétravail en musique m’a permis de découvrir beaucoup de choses. Je cuisine, je lis et je profite de cette période de calme. J’ai très vite accepté le fait de louper certains concerts et voyages qui me tenaient à cœur.
- Cet été, ça devait être la toute dernière édition du Festival Metal Méan, malgré un succès qui ne se tarissait pas d’année en année. Peux-tu nous expliquer ce qui vous a amenés à prendre cette décision ?
- Il y a deux raisons principales : tout d’abord, la concurrence avec les grosses machines dont je parlais précédemment. En particulier l’excellent Alcatraz qui se tient une semaine avant le Méan et qui s’ouvre de plus en plus aux musiques extrêmes. Dès qu’un groupe américain annonce une tournée, il nous arrive de négocier un mois durant, avant de réaliser que nous ne luttons pas à armes égales. Ensuite, les personnes qui travaillent toute l’année sur l’organisation ont développé d’autres activités ou souhaitent le faire une fois le festival terminé. L’organisateur est très impliqué dans la politique locale, une autre s’est lancée dans le brassage et la commercialisation de la bière Diktator, le bookeur travaille six jours sur sept en plus de son job quotidien pour le Méan (bien plus que le booking), et j’en passe… Nous avons organisé ce festival par passion et non par intérêt lucratif et nous ne voulons pas organiser l’édition de trop, ni devenir des professionnels.
Rendez-vous, donc, au 21 août 2021 !
Merci Stéphane.
> site du Metal Méan Festival
En août 2019, la RTBF a offert une carte blanche au groupe "Au-dessus", présent au Metal Méan Festival : ici, sur Auvio.
Propos recueillis par Nathalie Ronvaux
Cet article fait partie du dossier Arts, culture et confinement | Interviews.
Dans le même dossier :
- Arts, culture et confinement (35) : Clément Lalo et Noélie Masquetiau (Musées et Société en Wallonie)
- Arts, culture et confinement (33) : Keramis (La Louvière)
- Arts, culture et confinement (32) : Centre Wallonie-Bruxelles (Paris)
- Arts, culture et confinement (31) : Julia Eckhardt (Q-O2 workspace)
- Arts, culture et confinement (30) : Radio Campus (Bruxelles)