Arts, culture et confinement (32) : Centre Wallonie-Bruxelles (Paris)
Créer un monde habitable en dehors du désengagement de l’Apocalypse. (…) Se défaire des récits anthropocentrés – lutter contre les probables – fabriquer des forces propositionnelles [1] — Fabrizio Terranova
[1] Note pour un chien – Fabrizio Terranova – « Habiter le Trouble avec Donna Haraway » - Textes réunis et présentés par Florence Caeymaex, Vinciane Despret et Julien Pieron - éditions Dehors - 2019
- PointCulture : L'arrêt de toute activité se ressent d'autant plus qu'on est proche d'un épicentre culturel, j'imagine ? Comment ça se vit à Paris ? A quoi ressemble la grande ville aujourd'hui ? N'y a-t-il pas un poids d'inertie plus lourd à porter ?
- Stéphanie Pécourt (Centre Wallonie-Bruxelles - Paris) : Je me rappelle cette scène du film de science-fiction 28 jours plus tard de Danny Boyle. Cette scène où le héros prométhéen se réveille dans un hôpital vide et découvre les rues de Londres totalement désertées… Eh bien… disons qu’en cette période, des images de cette nature sont assez évocatrices !
Ce qui constitue la ville c’est par définition la concentration, ses flux, sa mobilité, son désordre — la possibilité d’y être « anonymisé » et d’éprouver un contrôle social plus dilué. En cette période, tout ce qui constitue une mégalopole comme Paris fait défaut. La ville est expurgée de ce qui la caractérise : le mouvement.
De là où je me trouve dans Paris, mon environnement ressemble à un no man’s land. Depuis quelques semaines, à la faveur de mon heure quotidienne de promenade autorisée, je peux admirer (!) parfois, les voltiges sonores des drones m’intimant de rentrer chez moi ! A chaque balade son injonction, à chaque balade l’angoisse du temps qui n’est plus géré par mon impérieux désir.
Cette situation kafkaïenne m’a évidemment amenée à repenser au concept de Smart Cities.
Comme le brutalisme architectural fut indissociablement lié à une idéologie socialiste en Europe de l’Est où bâtir la ville moderne était de facto favoriser l’émergence de l’homme nouveau, comme les micro-états offshores libertariens et les villes-nations flottantes imaginées par le Seasteading Institute consacreraient l’avènement de l’Homo sapiens technologicus, le concept de Smart City induit intrinsèquement une vision de l’homme du présent : le Smart People : démiurge moderne, citoyen hybride et doté d’agilité, évidemment connecté, hautement individualisé et … traçable…
Alors qu’à l’aube de 2050, les projections statistiques indiquent que plus de 70 % de la population mondiale vivra en ville, la Smart City s’imposerait non pas comme « un scénario possible » mais comme le modèle urbain inéluctable qui s’impose au nom d’une gestion rationnelle.
Ce concept — que d’aucun·e·s présentent comme ne souffrant, lui, d’aucune fictionnalisation — n’en demeure pas moins tout sauf a-idéologique. En effet, si la Smart City et la ville post confinement entendent répondre aux besoins et aux attentes des citoyens, desquels parlons-nous ? Par qui sont-ils définis ? La collecte de Big Data rendrait la vie plus facile : mais de qui ? de quoi ?
Face à la pandémie, la solution serait selon certain·e·s purement technocratique.
Il conviendrait de tout paramétrer, de tout contrôler, et nombreux sont celles et ceux qui semblent littéralement en pâmoison devant les nouvelles technologies de surveillance et de contrôle.
Des caméras fixes ou embarquées, de nouveaux systèmes de surveillance biométriques : l’obsession de la supervision semble occulter le fait que, malgré l’arsenal technologique dont nous disposons, les retombées zoonotiques que nous subissons n’ont pas pu être évitées, pas plus que des attentats.
N'y a-t-il pas un poids d'inertie plus lourd à porter, me demandiez-vous ?
Pas plus lourd qu’en temps normal… La notion de territoire a largement été bouleversée et le territoire physique n’est plus nécessairement le seul territoire d’action – alors, non, pas de sentiment d’être opprimée mais bien plutôt celui d’être stimulée, « sous la contrainte ».
Je crois que nous vivons une période fascinante car elle nous impose plus que jamais de réfléchir au monde dans lequel nous voulons vivre et aux modalités de sa régulation.
Les avancées technologiques me fascinent mais, pour reprendre l’expression d’un philosophe des technologies, à savoir Gilbert Simondon, elles ont à nous libérer, pas à nous asservir. La performance d’une technologie n’est pas liée à sa logique propre et on oublie que le progrès technique ne décide pas de ses propres évolutions.
En l’état, la question me semble de savoir comment dès lors, en cette période inédite, répondre à la crise par une nouvelle utopie.
Je crois en des processus d’hybridation de la technologie et du vivant et aspire à un monde où humain et non humain cohabitent, un monde où l’horizon n’est pas la temporalité de nos vies propres mais où elle est considérée comme non linéaire et prend acte des générations futures.
- Ensuite, il y a l'ancrage dans Paris du Centre Wallonie-Bruxelles. Quelle activité maintenez-vous durant le confinement, quels contacts gardez-vous entre vous, comment l'équipe vit-elle la situation, qu'en partage-t-elle (dans le sens où échanger sur ce vécu atypique peut aider à mieux le traverser, en tirer des enseignements pour l'après) ?
- Stéphanie Pécourt : Le Centre a été durement touché par le virus. Un de ses membres est décédé des suites d’une infection au Covid-19. Cette tragique nouvelle nous a terrassés, et ce d’autant plus que, depuis le confinement, nous sommes en contact permanent… En cette période, les temps affectés au travail et aux loisirs sont assez défragmentés…
Avec l’équipe, nous avons d’emblée décidé d’opter pour des stratégies qui ne soient pas des stratégies de substitution. Nous avons souhaité valoriser les projets que nous devions programmer et ce, différemment.
Eu égard aux artistes, et envers celles et ceux qui nous font confiance et qui attendent de nous de la responsabilité, nous avons développé des contenus dédiés qui sont diffusés via nos réseaux digitaux sous la rubrique « La 25ième Heure du Centre Wallonie-Bruxelles/Paris ». Via cette rubrique, ce sont aussi les partenaires avec lesquels nous avons construit notre saison qui sont valorisé·e·s.
Grace au soutien indéfectible de notre administration centrale, à savoir Wallonie-Bruxelles International, l’ensemble des contrats artistiques ont été honorés, rien n’a été supprimé dans notre saison intitulée… Futurs spéculatifs… Tout a été intégralement différé. En outre, aucun des membres de l’équipe ne s’est vu imposer une précarisation de sa situation.
Nous avons aussi beaucoup avancé sur la saison future et les projets de rénovation du Centre en 2021. L’ensemble des équipes s’est mobilisé et, forts des ambitions que nous partageons, nous sommes parvenu·e·s à non pas subir cette situation mais à la vivre.
Je le disais en réponse à la question première : les notions de territoire, comme celles d’état, ont largement été bouleversées et le territoire physique n’est plus nécessairement le seul territoire d’action.
Quand on songe que, si les trois réseaux sociaux les plus populaires étaient des nations — Facebook, Twitter, Instagram — ils représenteraient ensemble un milliard d’individus de plus que la Chine ; la valorisation boursière des cinq plus grandes entreprises technologiques américaines (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) a symboliquement surclassé en valorisation le PIB de l’Allemagne (4ème économie mondiale) ; d'ici 2022, les deux tiers de la population mondiale auront un téléphone mobile alors que plus de 2 milliards de personnes en 2019, selon l’ONU, demeurent toujours privées de l’accès à l’eau potable ; cela donne à mesurer les métamorphoses de la notion de territoire et de nation.
- Vous aviez deux expositions en cours : l'exposition sur le mail art et celle sur les chants magnétiques ! Le mail art, justement, symbolise l'art comme relation sociale. Celle sur les chants magnétiques invitait à une attention à l'infime.
- Stéphanie Pécourt : Nous avions en fait deux expositions en cours et présentions également deux installations.
Une première exposition produite avec le BPS22, dédiée au mail art, dont le commissariat a été assuré par son directeur Pierre-Olivier Rollin, et une deuxième, produite par le Centre à Marseille (dans le cadre d’une première Saison parallèle à celle que nous portons sur Paris) : l’exposition collective SIGNAL_espace(s) réciproque(s) — commissariat Aurélie Faure (France) et Lola Méotti (Belgique).
Nous présentions également deux autres œuvres : celle de Claire Williams, Chants magnétiques, au sein d’un espace dédié aux œuvres numériques que nous avons créé au Centre en 2019 et, dans l’espace de la cour du Centre (affectée dorénavant à des programmations), nous présentions, en satellite à la première exposition monographique muséale dédiée à Brognon Rollin produite par le Mac Val – commissariat : Frank Lamy et Julien Blanpied —, une installation du duo, Nous allons observer une minute de silence.
L’exposition Mail Art entendait valoriser un courant, qui fut formalisé parce qu’il convenait de qualifier des démarches analogues pour mieux les appréhender, à savoir le mail art, considéré par Filippo Tommaso Marinetti – fondateur du mouvement futuriste — comme une « offensive contre la transition académique, à la conquête de la modernité rêvée ». Les démarches qui le fondèrent tentèrent d’échapper à l’institutionnalisation et prirent à contre-pied et pour cible le système artistique marchand.
Le travail de Claire Williams, quant à lui, nous met en position d’entendre tout ce qui, en temps « normal », ne l’est pas. L’installation permet de visualiser des fréquences inaudibles issues d’enregistrements de tremblements de terre, ondes cérébrales, champs magnétiques terrestres, très basses fréquences, etc.
Cette œuvre minimaliste pose évidemment l’enjeu de l’interconnexion des éléments sur notre planète et - par un procédé qui semble quasiment relever du magique - cette installation aux sonorités chamaniques révèle des façons d’appréhender autrement la réalité. « À l’échelle du cosmique, seul le fantastique a des chances d’être vrai. » écrivait Teilhard de Chardin.
- La suspension de la société hyper-rapide-stressée va-t-elle rendre tout cela plus audible ? Est-ce l'occasion de renouer avec d'autres relations culturelles, avec ce qui nous entoure, nous traverse ?
- Stéphanie Pécourt : Pour l’heure, cette suspension est temporaire. Sept semaines, à l’aune d’une année, est somme toute assez marginal. L’avenir dira si l’impact de cette décélération est conséquent… mais quoi qu’il en soit, au travers de notre saison Futurs spéculatifs – que je crois résolument syncrétique – force est de constater que nombreux sont les travaux d’artistes présentés qui amènent à regarder autrement la réalité et à y poser un regard prospectif et critique.
- Quel regard portez-vous sur le numérique dans la vie confinée de tous les jours (vous qui développez un beau programme d'investigation des mondes numériques alternatifs) ?
- Stéphanie Pécourt : La révolution numérique n’est pas de nature incrémentale, elle constitue une véritable révolution copernicienne.
Le numérique est un outil incroyable de « viralisation » des initiatives !
En cette période inédite, je repense évidemment aux textes des premiers fondateurs d’un internet libre, qui pensaient que cela allait amener à la civilisation de l’esprit, pas moins.
L’auteur de la déclaration d’indépendance du cyberspace, John Perry Barlow, a défendu l'idée d'un internet libertaire, utopique, et déclarait au sujet de la civilisation qu’il générerait : « Puisse-t-elle être plus humaine et plus juste que le monde que vos gouvernements ont créé »… Barlow a participé en 2013 à la création de la Freedom Press Foundation. L’ONG, dont le conseil d’administration est dirigé par l’un des plus célèbres lanceurs d'alerte américain Daniel Ellsberg, l'homme à l’origine des Pentagon Papers en 1971. Cette déclaration avait été rédigée bien avant que les GAFA n’aient la puissance qu’ils ont acquise.
Aussi euphorique que fut l’élan qui poussa Filippo Tommaso Marinetti, en 1909, à rédiger son Manifeste du Futurisme, empreint de sa verve vitaliste, l’époque de l’émancipation du net, qui fait exploser les frontières, libère les savoirs et fait muter les identités, fait place à une période sans doute moins exaltée mais autrement plus riche « d’agentivité » .
- Beaucoup écrivent qu'il faut éviter un « retour à la normale » (entendez, la « normale capitaliste », destructrice de l'écosystème). Des sociologues, des politologues, des juristes, des économistes, des philosophes, etc., mais très peu parlent de culture ! Est-ce un oubli, un aveuglement? Quelle serait, selon vous, la place de la culture pour penser un « après » à la crise sanitaire, penser des modes de vie en meilleures relations avec les autres espèces (y compris virales) ?
- Stéphanie Pécourt : Cette place sera, j’espère, et doit être, plus que jamais ESSENTIELLE ! Elle est la condition même du renouveau de nos cadres de pensées et paradigmes.
Je crois que la place marginalisée qui lui est réservée est due à une méprise de l’enjeu auquel nous sommes confrontés ! Il ne s’agira pas de s’adapter mais de réinventer un monde nouveau. Il conviendra d’être ambitieux et portés par des visions civilisationnelles. D’évidence, la culture et l’art – qui sont deux choses différentes – n’ont pas été considérés comme des biens essentiels, ce qui me pose évidemment question.
Cette place accordée est la preuve du tarissement des imaginaires, d’une certaine homogénéisation dans la modélisation de nos univers – « la carte n’est pas le territoire » – et de l’abdication face aux dogmes rationalistes et à la sacralisation de logiques productivistes.
Cette crise nous montre plus que jamais qu’il y a à entreprendre !
Le Covid-19 a achevé TINA. Définitivement « There is an alternative ».
Ce qui m’apparaît comme évident est que, d’une façon « magistrale » et mondiale, cette crise a restitué à la politique ce qui la fonde, à savoir la POLIS et l’arbitrage.
Ce qui apparaissait encore comme impossible lors de la crise de 2008, à savoir l’octroi d’aides nationales conditionnées aux respects d’engagements climatiques, la renationalisation de fleurons industriels… est devenu à présent possible et de l’ordre de ce que peut légitimement décider un État.
La parole des scientifiques est devenue essentielle, et pas un seul jour ne s’écoule sans qu’une autorité politique ne s’y réfère pour justifier les options choisies ! Cette même parole qui, depuis la première conférence mondiale sur le climat en février 1979 dont les ambitions étaient d’« instamment » demander à toutes les nations d’apporter un soutien résolu au projet de Programme climatologique mondial et qui proposait des stratégies « immédiates », semblait jusqu’alors bien inaudible. A cette parole, on répondait par la nécessité de faire preuve de réalisme économique.
Nous avons donc, outre le pouvoir de faire ralentir, infléchir, d’évidence celui aussi de décider.
Pour l’Europe et les institutions multilatérales, les enjeux sont de taille.
L’auteur de science-fiction contemporain américain William Gibson – pape du cyberpunk — a plusieurs fois été interrogé sur son « pseudo messianisme ». A cette question, il écrivait que son travail et son talent ne résidaient, ni à prédire, ni à révéler, mais bien à regarder via d’autres prismes et via une interprétation poétique des langages de la technologie qui le poussait à extrapoler des mondes fictionnels.
Le philosophe français Jean-François Lyotard - que je redécouvre pendant cette période de confinement - compte parmi les philosophes du XXe siècle qui considéraient que l’art avait une place centrale en tant que connaissance. L’art n’est pas qu’affaire d’allégorie, écrivait-il.
L’État libre de Fiume, qui fut déclaré micro-État indépendant (de 1920 à 1924) dans la ville de Fiume, fut un État avec à sa tête un fondateur poète : Gabriele d’Annunzio. La Charte du Carnaro proclamait les artistes au pouvoir et la musique comme principe central de l’État. Le régime fiumain — doté de son lot de fantaisies, de son ambiguïté et de sa large part d'ombre — fut pensé comme une satire et un étendard contre les systèmes de gouvernance existants et fut résolument le fruit d’arbitrages assumés, de choix qui sont toujours à l’origine - on l’oublie - de tout système politique — rien ne s'impose.
D’autres « idéologues modernes », « micros communautés marginales » eurent un impact beaucoup plus retentissant que Fiume.
Songeons à celles et ceux qui ont contribué à fonder la Silicon Valley. Sa mythologie est indissociablement liée à une histoire d’irrévérence à l’égard de l’establishment. Posséder un PC en 1960, c’était revendiquer la possibilité de contrecarrer l’influence des banques et du gouvernement. L'Altair 8800, premier micro-ordinateur vendu en kit électronique à destination des particuliers en 1975, procédait d’une volonté d’émancipation. Cet artefact constituait une déclaration farouche d’indépendance.
Là où est né l’esprit Silicon Valley, à savoir des campus de Berkeley et de Stanford, régnait une volonté de rupture. Ces campus, qui se déclaraient des agoras, rassemblaient des penseurs et concepteurs de différents champs et visaient à mêler les « esprits créatifs ».
En France, à la Libération, en octobre 1945, quand la sécurité sociale obligatoire et universelle est créée, à bien des égards cette création semblait à certaines et certains relever alors d’une véritable utopie.
Je crois que ce qui est fondamental est la fertilisation des idées ! La non instrumentalisation et non inféodation des idées à d’autres fins qu’elles-mêmes. Ce qui me semble essentiel est également d’entrelacer et favoriser les confrontations d’idées, les grilles de lecture.
Je suis toujours mal à l’aise quand on me demande « l’art peut-il sauver le monde ? », quand on valorise l’action culturelle au nom du rôle qu’elle aurait à jouer en faveur de la cohésion sociale, l’éducation… Pourquoi en effet lui assigner une autre fonction que celle qui est la sienne ? Cette phrase de Gramsci m’accompagne depuis mes études en sociologie : « L’art est éducatif en tant qu’art, et non en tant qu’art éducatif ; car en tant qu’art éducatif, il n’est rien ; et le rien ne peut enseigner ». Les artistes ne sont pas des assistants sociaux, ni des agents du maintien de l’ordre. Espérons qu’ils soient et demeurent des agents du trouble.
- Quels artistes, quelles œuvres (de "plasticiens" ou autres) pourraient être considéré·e·s comme ayant "annoncé" la crise actuelle ? Traitant des problématiques écologiques, des épidémies virales ? Quelles expériences esthétiques seraient éclairantes/instructives ? Pourraient aider à comprendre à mieux penser et vivre ce qui se passe ?
- Stéphanie Pécourt : J’ai envie de dire toutes et tous… car les œuvres d’artistes représentent autant de façons de voir, hiérarchiser, assembler, assigner les choses.
Au travers de notre saison, des pièces et des démarches résonnent particulièrement face à l’actualité qui est la nôtre ; je pense notamment à la performance-conférence de Sofia Teillet : De la sexualité des orchidées, qui convoque une réflexion sur l’écosystème et nos relations aux non-humains.
Mais aussi des démarches comme celles de Brognon Rollin où les questions du temps, de l’enfermement, des conditionnements sont centraux, je songe encore aux projets portés par Claire Williams évoqués plus en amont et la performance de Diederik Peeters et Anne Lepère, Apparitions schizophoniques, qui fait exhumer présences spectrales et sonores pour faire apparaître la réalité sous un angle différent.
La saison du Centre est dense et, je crois, en phase avec des enjeux contemporains majeurs.
Expo SIGNAL : Jean-Christophe LETT
- Comment le Centre peut-il envisager sa contribution à stimuler l'imaginaire pour un "après" plus culturel ?
- Stéphanie Pécourt : En étant ce qu’il a vocation à être ! Transmetteur, catalyseur de paroles puissantes et propre à les rendre virales, en stimulant les mises en réseau avec des opérateurs français.
- Quel sera le premier rendez-vous du Centre Wallonie-Bruxelles après confinement ?
- Stéphanie Pécourt : Les premiers rendez-vous, car nos programmations s’entremêlent, s’interpellent et se déploient dans les espaces poreux du Centre.
On pourra découvrir une déclinaison d’un film picaresque réalisé par Marin Kasimir : Tondo Artis # Stills & Frames – 2020. En saison 2019, le Centre avait dévoilé les prémisses de ce projet polymorphe et avait présenté - à la faveur de la FIAC - les 18 min. du Film Tondo Artis : Fair or Unfair ? Le projet revient donc sous une déclinaison « augmentée » et au format bicéphale : constitué d’une exposition de 15 Stills circulaires et de rushs panoramiques à découvrir sur un display de miroirs et de murs : du 28 mai au 14 juin 2020. Un projet à la Don Quichotte sur le monde de l’art, son économie et celle du « first and second choice ».
À découvrir encore une installation signée Brognon Rollin, Une Minute de Silence, un néon suspendu qui transcrit en Pitman Shorthand, une écriture phonétique simplifiée, la phrase : « Nous allons observer une minute de silence » liée aux attentats à Paris du 13 novembre 2015 et à l’état d’urgence.
Et en juillet, la première édition de notre festival INTERFERENCE_S dédié au substrat sonore, qui agrège aussi bien des installations plastiques, visuelles et digitales que des live électroacoustiques et des podcasts….
Un festival Manifeste qui vise à faire entendre alternativement et à « performer » la réalité via d’autres médiums.
Tout un programme !
Stéphanie Pécourt, directrice du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris
> site du Centre Wallonie-Bruxelles à Paris
(propos recueillis par e-mail par Pierre Hemptinne, avril 2020)
photo de bannière : Signal - photo (c) Jean-Christophe Lett
Cet article fait partie du dossier Arts, culture et confinement | Interviews.
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