- PointCulture : Vous avez dû annuler ou postposer des concerts, des activités et fermer votre lieu au public. Pouvez-vous nous dire concrètement en quoi la pandémie de coronavirus a touché votre programmation et vos projets artistiques et culturels ?

- Quentin Velghe (Brass) : Nous avons dû annuler cinq concerts en mars et avril ainsi que tout le reste de la programmation du Centre culturel. On a aussi dû reporter à la fin août un festival programmé en juin. On a de sérieuses incertitudes sur les mois de mai, de juin … et même à plus long terme concernant les artistes non-européens.

- Depuis combien de temps aviez-vous commencé à travailler sur les événements qui devaient avoir lieu dans les derniers jours et les semaines à venir ? Espérez-vous les postposer, les remettre à plus tard ou devez-vous malheureusement en partie les annuler complètement ?

Les événements ont commencé à être organisés il y a environ six mois. Certains seront postposés à court terme (dans le cas des artistes belges et bruxellois), d’autres seront malheureusement annulés (pour les artistes étrangers en tournée, certaines co-productions et festivals), d’autres enfin ont encore un statut incertain. — Quentin Velghe

- Tout cela a un coût très certainement, implique des conséquences financières néfastes ? À quel point celles-ci sont-elles préoccupantes pour votre structure ?

- Nous n’avons pas de préoccupation majeure au niveau financier à l’heure actuelle, étant donné que nous fonctionnons majoritairement grâce à des fonds publics.

- D’autres franges de la population (sans domicile fixe, personnes âgées, personnes seules, etc.) vivent la crise actuelle de manière encore plus aiguë. Avez-vous pris vous-même ou avez-vous entendu parler d’initiatives du milieu artistique ou culturel pour venir en aide à ces groupes fragiles de la société ?

Oui, nous reversons des dons via la plateforme United Stages et partageons des initiatives qui vont dans ce sens sur nos réseaux sociaux. — Quentin Velghe

Une réflexion devrait aussi être menée à destination des artistes, notamment ceux dont les concerts chez nous ont été annulés, afin de pouvoir leur venir en aide.

- Au-delà de ses côtés handicapants ou inquiétants, pensez-vous que cette période de confinement forcé peut aussi déboucher dans votre cas sur des éléments positifs, par ex. dégager du temps pour prendre du recul, pour régler des chantiers en attente depuis très longtemps… ?

- Oui, certainement – même si le télétravail ne facilite pas le travail d’équipe à long terme et que nous serons probablement à court d’idées au-delà de trois semaines de confinement… Par ailleurs, les personnes devant s’occuper d’enfants ne peuvent pas travailler très efficacement. Et l’incertitude sur les prochains mois rend aussi le travail un peu compliqué.

- Comment avez-vous occupé ces premiers jours de vie confinée, qu’avez-vous écouté, regardé, lu ? Etes-vous jusqu’ici très dépendant d’Internet, des contenus en ligne ou arrivez-vous aussi « à décrocher », à écouter des disques, lire un livre, jouer d’un instrument…

- C’est une période idéale pour rompre ses habitudes, prendre son temps pour des activités pour lesquelles on peine à dégager de l’espace durant son rythme de vie « normal ». J’ai donc consacré pas mal de temps à la pratique de la batterie, entrepris plusieurs lectures (le magazine musical anglais Wire, Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick). J’en profite également pour écouter beaucoup de musique en ligne, notamment via les nombreux contenus produits dans ce contexte particulier. J’essaie toutefois de me déconnecter en dehors des périodes de télétravail (quatre à cinq heures par jour).

> site du Brass (centre culturel de Forest)

Propos recueillis (par e-mail) par Yannick Hustache

photo de bannière : Paddy Steer en concert au Brass - photo (c) Lara Herbinia