Arts, culture et (dé)confinement (36) : revue du web, 10ème semaine
Sommaire
Amnesty International : concerts et mobilisation en ligne
Chaque jeudi, grâce à ces concerts live, des artistes s’invitent chez vous. Cette semaine, c’est la chanteuse tunisienne Emel Mathlouthi qui propose un programme de chansons engagées. Comme le veut le principe, le concert sera l’occasion de parler d’un militant des droits humains. Emel Mathlouthi a choisi de partager avec vous l’histoire de Yasaman Aryani, une militante pour les droits des femmes emprisonnée en Iran. Elle vous expliquera comment, vous aussi, vous pouvez la soutenir. [BD]
Le programme de ces prochaines semaines :
- Jeudi 21 mai : Emel Mathlouthi
- Jeudi 28 mai : Angélique Kidjo
- Jeudi 4 juin : HK
> événement Facebook
Jeunes compositeurs : Attention, musiques fraiches !
Malgré le Covid-19 et le gel des activités culturelles qui en découle, beaucoup d’ensembles musicaux ont offert à leur public des extraits d’œuvres en ligne, avec des effectifs limités, mais dont nous avons déjà salué la prouesse. Suite à l’annulation du concert « Attention, musiques fraîches ! » initialement prévu ce lundi 18 mai à Mars - Mons, Musiques Nouvelles a rassemblé sur sa chaîne YouTube l’intégralité du programme prévu, dans des captations de 2019 effectuées à Flagey : quatre œuvres de jeunes compositeurs actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles (Laurent Houque, Alfonso Guerra, Alex Recio et Daniel Capelletti) ainsi qu’une séance d’improvisation. De belles découvertes en perspective. [NR]
> chaîne YouTube
De petites oreilles sur Mars
Pour la plupart des enfants, il semble acquis que les écoles ne rouvriront pas avant le mois de septembre. Dès lors il ne sera pas dit que les parents pris par le télétravail et les enseignants qui continuent à œuvrer via les réseaux resteront seuls devant la tâche, aussi méritoire que frustrante, qui est de pallier un manque d’activités sociales et de stimulation intellectuelle. Parmi les initiatives qui éclosent en cette période, Mons arts de la scène (Mars) propose un cycle de vidéos en ligne consacré au conte. Cela s’appelle Petites histoires pour grandes oreilles (confinées). Chaque mercredi, un conteur s’installe devant son écran pour une dizaine de minutes, parfois équipé de quelques accessoires tels que des marionnettes ou de mystérieux objets dont l’emploi ne manquera pas d’être élucidé en cours de visionnement. On se doute que les sujets varieront selon la personnalité de l’artiste. Aussi, quand on connaît le grand besoin que les enfants ont de se faire raconter des histoires, il est bon que les sources soient diversifiées. En se confrontant à des genres différents, à des voix différentes, ils auront un avant-goût du vaste territoire que couvre – sans jamais le refermer – un imaginaire qui se propage par affinités. [CDP]
> site Mars - Mons arts de la scène
Une visite du musée Ghibli de Tokyo
Les Studios Ghibli ont toujours interdit les photos et les vidéos à l’intérieur de leur musée, situé en banlieue de Tokyo. Mais avec le déferlement du coronavirus et la fermeture des salles au public, le musée a décidé de dévoiler une partie de ses collections sur le net, par l’intermédiaire de vidéos YouTube. Quatre courts films ont été publiés en date d’aujourd’hui et proposent une visite virtuelle pleine de douceur et de « kawaii ». [ASDS]
> chaîne YouTube du Musée Ghibli
Desired Spaces : scénarios futurs pour un environnement bâti (ou non bâti)
Le 14 mai, le Centre bruxellois d’architecture et du paysage (CIVA), le Vlaams Architectuurinstituut (VAi) et l’Institut culturel Wallonie-Bruxelles (ICA) ont lancé un appel à tous les acteurs, concepteurs et penseurs de l’espace (urbanistes, artistes, décideurs politiques, architectes, géographes… mais aussi les citoyens) afin de réfléchir dans le contexte de la crise actuelle les enjeux spatiaux de demain.
Voilà comment cette crise sanitaire nous invite à prendre une distance mentale. Nous avons l’opportunité de nous arrêter et de réfléchir à ce qui est essentiel. Que gardons-nous et qu’ajoutons-nous? Avec un regard sur la situation d’aujourd’hui mais également sur celle de demain. Pour éviter un retour en arrière et réaliser une transformation vers l’avant. Pour donner libre cours aux aspirations. Pour revendiquer l’espace, dans tous les sens du terme. — appel à participation "Desired Spaces"
Jusqu’au 30 juin, les personnes intéressées sont invitées à partager leur vision sous une grande pluralité de formes : un texte, une image, un dessin, une photo, une vidéo, un manifeste, etc. « Tout est possible. Tant que cela exprime votre utopie ou, qui sait, la réalité de demain ». [PD]
> site Desired Spaces
La Parole aux morts, une écoute attentive des vivants
Elle change tout ce qu’elle touche et tout ce qu’elle touche la change. — titre d'un des épisodes de la série "La Parole aux morts"
Tournage en appartement, une seule personne dans le cadre, frontalité, économie apparente des moyens, la disparition des êtres chers comme sujet central : pour qui y regarde trop vite, la série La Parole aux morts de Joffrey Speno peut ressembler à une des déclinaisons possibles des multiples productions vidéo du confinement récent. Mais, dès qu’on s’y attarde, il est clair qu’il n'en est rien. Il y a quelque chose dans la rigueur, mais surtout dans les durées (la durée de chaque vidéo, une heure à chaque fois environ, mais aussi la temporalité de l’entreprise, entamée en 2013 et toujours en cours aujourd’hui) qui ne colle pas avec l’improvisation un peu paniquée de l’audiovisuel du printemps 2020. Par contre, la décision de diffuser chaque semaine un épisode du projet est particulièrement salutaire dans le contexte actuel.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Joffrey Speno est critique de cinéma pour le magazine Diacritik et la revue Répliques (déjà des entretiens au long cours, peut-être un signe… ). La Parole aux morts est une série de vidéos dans laquelle il « recueille les paroles de personnes de son entourage ayant accepté, à l’occasion d’un rendez-vous chez elles, d’évoquer leur rapport à la mort ». Ses amies et amis (une classe d’âge, une unité de lieu : Paris et sa banlieue) sont assis chez eux (dans un fauteuil, sur une chaise, en tailleur sur le lit… ), ils ont été prévenus du sujet de l’entretien, la caméra est fixe, le cadre est soigné, l’image est en noir et blanc. La caméra tourne, le temps passe, Speno n’est pas audible, ne relance pas le discours… Ne pas couper, ne pas relancer est aussi un choix de montage. Dans ce cinéma de la parole, dans cette évocation intime des corps disparus et des fantômes, la pensée qui se perd et le silence qui tout d’un coup se noue comptent autant – plus, même – que l’éclat d’un verbe triomphant. [PD]
> Joffrey Speno sur Diacritik
> La Parole aux morts sur Vimeo
Deux extraits d’une minute – mais, je le répète, c’est dans la durée que la forme trouve tout son sens :
Photo de bannière : Emel Mathlouthi / Amnesty International
Avec la participation d'Anne-Sophie De Sutter, Catherine De Poortere, Nathalie Ronvaux, Philippe Delvosalle et Benoit Deuxant.
Cet article fait partie du dossier Arts, culture et confinement | Revues du web.
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