Arts, culture et confinement (11) : revue du web, 3ème semaine
Sommaire
#jeresteàlamaison : concerts sur canapé Made in France
Presque cent musiciens (95 pour être précis !), majoritairement francophones, pour un festival virtuel en temps de confinement, c’est ce que propose Je reste à la maison, au cours de cette première semaine d’avril. Le principe est élémentaire : en direct depuis Facebook, des artistes dont les noms ne sont révélés qu’à la dernière minute, autrement dit, le jour même de la diffusion de leurs performances. Des sessions live captées et diffusées depuis l’intimité des lieux où ces mêmes musiciens vivent leur confinement. Une sélection relativement éclectique, répartie entre noms connus et d’autres qui le sont un peu moins, mais qui s’adresse aussi aux jeunes publics. En ces « temps de vaches maigres » pour les artistes et organisateurs, une initiative, coordonnée par le Français Louis Favre et le collectif La Prod du Canap' qui ne laisse pas la solidarité de côté, en invitant le public à soutenir le Secours populaire, ou à réserver ses places pour les futurs concerts d'après la crise. [YH]
> page Facebook Je reste à la maison
Toucher le monde depuis un studio de Chicago
L’Experimental Sound Studio est, comme son nom l'indique, un studio d’enregistrement dédié aux musiques improvisées et expérimentales. ll est localisé à Chicago. Même en temps « normal » (hors période de pandémie et de confinement, voulons-nous dire), il s’y tient un rendez-vous hebdomadaire (la série « OPTION », un cycle organisé et programmé par Andrew Clinkman, Tim Daisy et Ken Vandermark) sous forme d’un concert souvent diffusé en streaming. Darius, Jones, Gerry Hemingway, Greg Kelley, Jason Kahn ou Ingrid Laubrock y ont déjà joué.
Depuis deux semaines, ESS propose des « Quarantine concerts » parmi lesquels je pointe celui du saxophoniste Dave Rempis diffusé le 25 mars. Depuis son local de répétition à Chicago, le musicien et responsable du label Aerophonic joue « Serene » d’Eric Dolphy, une ballade (chose rare pour lui) du saxophoniste sud-africain Dudu Pukwana, une autre ballade de Dexter Gordon au très beau titre : « I Guess I'll Hang My Tears out to Dry »… À regarder, à écouter, à tenir à l’œil ! [JH]
> site Experimental Sound Studio
> site The Quarantine concerts
Opéra, l’axe Gand-Anvers / Bruxelles / Liège
Amateurs d’opéras, à vos écrans ! Les trois maisons d’opéras belges mettent gratuitement à notre disposition leurs meilleurs spectacles, la plupart aux heures qui nous agréent.
Commençons par le Nord du pays : l’Opera Ballet Vlaanderen propose deux chorégraphies (Jeroen Verbruggen : Ma mère l’Oye, et Benjamin Millepied : Bach Studies) et trois opéras avec accès aux sous-titres français (La Juive de Halévy, Parsifal de Wagner et Rusalka de Dvorak).
La Monnaie offre pour sa part sa saison virtuelle mêlant œuvres du répertoire et créations : opéras de Dusapin, Verdi, Wagner, Mozart, Ponchielli, Rimsky-Korsakov et celui, futuriste, de Mark Grey… dans des mises en scène engagées, politiques, reflet de la complexité du monde.
Pendant ce temps, l’Opéra royal de Wallonie-Liège s’invite aussi dans votre salon ! Contrairement à La Monnaie, l’ORW cultive les mises en scène en costumes d’époque. De très belles productions de ces dernières saisons sont déjà disponibles en streaming (Carmen, Don Carlos, Madame Butterfly, etc.) auxquelles s’ajoute une nouvelle œuvre chaque samedi. Ce 4 avril, découvrez le Barbier de Séville de Rossini dans une mise en scène et des décors chatoyants. [NR]
> Opera Ballet Vlaanderen
> La Monnaie
> Opéra royal de Wallonie-Liège
Quand les Arts et les Droits humains dialoguent
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique et Amnesty International Belgique se sont associés pour produire une petite dizaine de capsules vidéo passionnantes pour parcourir les collections muséales par le biais de dix grands thèmes liés à la problématique des Droits humains : abolition de la peine de mort, liberté d’expression, égalité des êtres humains, asile et migration, justice, Droits des femmes, Droits de l’enfant, etc.
Chacune des capsules (d’environ 8 minutes) met en scène deux intervenants, du monde de l’histoire de l’art d’une part et du monde civil (juristes, professeurs de droit, auteurs, journalistes et essayistes) d’autre part, à chaque fois face à deux œuvres. S’installent alors des dialogues sur l’art (ancien et moderne) et les idées (d’hier et d’aujourd’hui). Leurs allers-retours mettent en lumière la conquête des droits des individus et en quoi ces droits sont si précieux pour notre société contemporaine.
Ainsi, par exemple, la peinture de Jacques-Louis David, Marat assassiné (1793), permet de parler du contexte dans lequel la peinture a été réalisée et d’évoquer la liberté d’opinion, de menaces à l’encontre de journalistes (plus d’un millier d’assassinats commis sur des journalistes depuis le début des années 2000) ou encore de l’importance de la neutralité de la presse. Un petit dessin de René Magritte – L’Aube désarmée (1928) – donne l’opportunité de parler des violences faites aux femmes, des rapports de domination homme/femme, de féminicides, d’inégalités des genres. [MR]
> chaîne YouTube Fine Arts & Human Rights
Photographier la beauté du quotidien
Entre Bruxelles et Lille, Fanny Broissand et Axel Clody proposent sur leur blog des photos toutes simples, des photos décrivant la beauté du quotidien, des rues qui pourraient paraître un peu moches mais qui ont un charme certain à cause de détails, parfois insignifiants : une jante de voiture, un châssis de fenêtre, une fleur sauvage entre les dalles d’un trottoir, etc. Ils comptaient partir à vélo pour un tour de France et de Belgique sur les petites routes ; le voyage est reporté. Mais chaque jour, ils publient des haïkus du confinement, et ils ont proposé un carnet d’activités à réaliser à l’intérieur, ou depuis le pas de la porte : noter des impressions, changer de perspective, observer les changements saisonniers, etc. [ASDS]
> Départementales magazine / La beauté du quotidien
Dès que possible, filmer la ville à nouveau !
Confinement n'égale pas temps mort. Il faut préparer l'après, se projeter dans l'avenir. Entretenir sa créativité : que va-t-on raconter, que va-t-on filmer, de quoi va-t-on témoigner? Oui, mais comment canaliser son imaginaire ? Des appels à projets peuvent être plus qu'utiles. Ils donnent des buts précis, des échéances, ils permettent d'enclencher des processus de fiction, de penser à autre chose, de se projeter au-delà de l'épreuve…
C'est le cas avec la bourse d’aide à l’écriture « En ville ! » du Ptit Ciné qui entend soutenir des projets de films documentaires qui « auront pour sujet nos territoires urbains, proposeront un point de vue documenté et cinématographique et démontreront la capacité des cinéastes à mettre en place une écriture qui mobilise l’imaginaire ». [PH]
> Appel à projets du Ptit Ciné
Le Fresnoy : un canal de films à partir de Tourcoing
Depuis le début du confinement (décidé par les autorités françaises le 14 mars), Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains propose chaque jour un film en libre accès sur une page dédiée : Le Fresnoy / Open Canal. Ce programme compte, à ce jour, une dizaine de films en ligne (des courts métrages n’excédant pas 30 minutes), sélectionnés par les équipes pédagogiques, des artistes et des collaborateurs du lieu, qui partagent ainsi leurs coups de cœur parmi les nombreuses œuvres qu’ils ont produites.
Le Fresnoy (Tourcoing, France, tout près de la frontière belge) est un lieu multiple ; le bâtiment abrite un exceptionnel outil de production et de post-production dans tous les domaines de l'image et du son, de vastes espaces de diffusion et de programmation (expositions, cinéma, concerts, spectacles, conférences) et… une « école » pas comme les autres. La conception, la direction artistique et pédagogique de cet établissement de formation artistique audiovisuelle de haut niveau, ont été confiées depuis 1997 à Alain Fleischer (cinéaste, photographe et plasticien français) qui en trace les grandes lignes dans la vidéo ci-dessous. [MR]
> Le Fresnoy / Open Canal
Internet Archive : permanence, persévérance et réactivité
Si de nombreuses initiatives nouvelles se mettent place pour alléger culturellement le confinement et proposent des accès, inédits ou non, temporaires ou non, à des contenus divers, il ne faut pas pour autant oublier ceux qui le font toute l’année, depuis des années. De nombreuses plateformes ont entamé, parfois depuis plusieurs décennies, un archivage et une mise à disposition de films, de livres, de musique qui restent aujourd’hui toujours pertinents. Nées dans l’optimisme utopique des premiers pas de l’internet, ce sont souvent des propositions gratuites ou participatives.
C’est le cas du site Internet Archive, fondé en 1996 avec pour mission de devenir une bibliothèque numérique de sites internet et d’autres artefacts culturels au format numérique. Le site Internet Archive est aussi ambitieux que son nom l’indique. Il propose une quantité impressionnante de ressources en tous genres, dans les domaines les plus divers. Il se partage entre des contenus proposés au site par les artistes eux-mêmes (musiciens, écrivains, cinéastes, etc.) et une collection extensive d’œuvres entrées dans le domaine public. Il propose sur son blog un accès direct à « sept choses à faire si vous ne pouvez pas sortir de chez vous » qui rassemble une archive de films, de livres, de musique mais aussi de programmes radios, de jeux vidéo, de tutoriels en tous sens.
Parmi les initiatives récentes, on pointera la National Emergency Library, un répertoire de livres de cours, de manuels scolaires et de documents de référence, indispensables à la poursuite des cours à distance. Si l’anglais est majoritaire, on y trouve toutefois des livres dans d’autres langues (dont le français). [BD]
> Archive.org / Things To Do If You Can't Leave The House
> National Emergency Library
« Chozafères » avec Blaise le poussin et Claude Ponti
Le petit monde des lecteurs fervents et précoces connaît bien Claude Ponti, auteur et dessinateur français dont les créations parlent à l’imagination presque aussi bien que les rêves. Hybridations graphiques et jeux de langage font la singularité de ses livres qui, bien que sans queue ni tête, se lisent par séries. Faim d’aventures ? Blaise, le poussin masqué, vous donne quotidiennement rendez-vous avec des chozafères. Le programme s’inscrit dans le titre du site : Faistonalbum. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le site de France Culture propose en podcast 5 histoires de 8 minutes créées par l’auteur, extraites de Voyage au pays des monstres, un hommage à Léopold Chauveau. L’occasion de découvrir une œuvre aussi labyrinthique qu’ouverte à tous. [CDP]
> les chozafères de Claude Ponti
> Voyage au pays des monstres sur France Culture
Une Revue du web de l'équipe rédactionelle de PointCulture et de PointCulture Charleroi
Avec la participation de Yannick Hustache, Nathalie Ronvaux, Catherine De Poortere, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle, Jérôme Henry, Pierre Hemptinne, Benoît Deuxant et Marc Roesems.
photo de bannière : départementales magazine / haïkus du quotidien
Un grand merci à Fanny Broissand et Axel Clody pour l'autorisation de reproduction
Cet article fait partie du dossier Arts, culture et confinement | Revues du web.
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