Arts, culture et confinement (22) : revue du web, 5ème semaine
Sommaire
17 avril 2020 : e-mobilisation #JeSoutiensLesPaysanNEs
La crise du Covid-19 montre l'urgence de relocaliser nos systèmes agro-alimentaires. Le 17 avril (journée internationale des luttes paysannes) est l'occasion d'une e-mobilisation en faveur des luttes paysannes qui visent à mieux garantir l'autonomie et la résilience. Cette journée est l’occasion de remercier celles et ceux qui continuent inlassablement leur travail pour produire une alimentation saine et durable. Elle est aussi le moment de rappeler la détermination de plusieurs organisations paysannes, membres du mouvement international La Via Campesina, à poursuivre leur mission nourricière fondamentale au bénéfice de la population.
Concrètement, ce vendredi, imprimez le logo de la campagne ou fabriquez vous-même votre pancarte « #JeSoutiensLesPaysanNEs », prenez-vous en photo avec le logo ou la pancarte chez votre producteur ou productrice ou en train de cuisiner, partagez la photo sur les réseaux sociaux avec le hashtag #JeSoutiensLesPaysanNEs et envoyez-la par e-mail à jesoutienslespaysannes@protonmail.com [FM]
> Facebook Mouvement d'action paysanne ~ Carte blanche dans Le Soir
Maskbook (édition Covid-19) : une galerie de masques engagés
Depuis 2015, le projet Maskbook agit par la créativité à échelle mondiale, sur le lien entre la santé et l'environnement, et utilise le masque de protection comme symbole.
Après la pollution de l’air, la pandémie de coronavirus démontre plus que jamais le lien majeur entre notre santé et l’environnement, et nous incite à agir. Art of Change 21 lance la campagne Maskbook Covid-19 pour rassembler la plus grande galerie internationale de portraits masqués, créatifs et engagés, sur le thème de la crise sanitaire actuelle. Exprimez-vous sur le Covid-19 en pratiquant l'économie circulaire, en créant un masque à partir de vos déchets ou bien de manière numérique. [FM]
> site Maskbook / spéciale Covid-19
Greenpeace at home
Greenpeace lance un site proposant divers contenus en lien avec les différentes campagnes menées par l’organisation. On y trouve des vidéos traitant du climat, de la mobilité et de la protection des forêts et des océans, des podcasts en tout genre et des pièces musicales offertes à Greenpeace par des gens aussi divers que Ludivico Einaudi, Radiohead, the Scorpions ou le groupe de hard rock indonésien Navicula. Le site associe l’attrait des “belles images” de la nature avec des contenus intéressants et éducatifs, avec des propositions légères et d’autres plus sérieuses comme une interview de Naomi Klein sur la menace d’une exploitation capitaliste de la pandémie. [BD]
> site Greenpeace at home
BD (1) | Dargaud – Restez chez vous, mangeurs de patates !
Les éditions Dargaud ont sélectionné une série de bandes-dessinées mises en accès gratuit en ligne. Un choix de douze albums est ainsi proposé « pour petits et grands », des classiques humoristiques comme le premier tome de la Rubrique à brac de Gotlib, ou Palmer en Bretagne de Pétillon, mais aussi des découvertes plus récentes comme le très beau Yasmina et les mangeurs de patates de Wauter Mannaert. [BD]
> site Dargaud / Restez chez vous
BD (2) | Gébé : L’An 01 (en ligne)
On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste. — Gébé, "L'An 01"
Que ferait-on si on pouvait faire ce qu’on veut, c’est la question pertinente que posait le dessinateur Gébé dans les années 1970. Paru en feuilleton entre 1971 et 1974 dans Charlie, ce manuel d’utopisme a été réédité il y a quelque temps par l’Association. La maison d’édition a eu la bonne idée de le mettre en ligne gratuitement en cette période où les propositions de révolution tranquille mais radicale, et de révision totale du monde tel qu’on le connait, sont franchement les bienvenues. Bande dessinée culte, L’An 01 a été adapté au cinéma en 1973 par Jacques Doillon. [BD]
> L'An 01 en ligne sur Calaméo
À fenêtre ou à cachettes, quel type de fanzine êtes-vous ?
Animée depuis Marseille et Paris par Yassine de Vos et l’illustratrice Chamo, L’Articho est une plate-forme particulièrement active dans l’amour inconsidéré du dessin et de l’expression graphique, déclinée sous de multiples formes : édition de BD et de livres jeunesse, expositions, émission de radio, podcast, blog défricheur, etc. Dans le cadre d’un concours de fanzines (coorganisé par le CNFE, le Centre national du fanzine d'enfant), la structure rend public ces jours-ci une série de gabarits de fanzines (« à fenêtre », « à cachettes », « pantalon », « Leporello ») dont les schémas (cf. ci-dessus) sont déjà presque des œuvres d’art à part entière ! À vous de les télécharger, imprimer, plier, découper, agrafer… Puis, bien sûr, il vous faudra vaincre l’angoisse de la page blanche et les remplir de dessins, collages, etc. ! [PD]
> site L'Articho ~ gabarits de fanzines
Quarantine Art Club ou l'excitation de faire ses devoirs (artistiques)
Le Quarantine Art Club se présente comme une communauté qui – sur Instagram – vous propose chaque semaine de réaliser une œuvre d'art autour d'un thème suggéré. Vous pourrez utiliser la technique ou le médium de votre choix : peinture, dessin, photo, sculpture… tout est permis ! Il suffira ensuite de leur envoyer une photo de l’œuvre par message privé ou de les taguer #quarantineartclub pour figurer dans leur sélection.
Les thèmes de ces premières semaines de quarantaine étaient : fleur, portrait, animal, nature morte. Tout le monde peut participer, il n'y aucun prérequis artistique. Et même si vous ne participez pas, vous pouvez regarder les belles images déjà réalisées ! [AD]
> compte Instagram du Quarantine Art Club
Chez Soi de Mona Chollet
Ce livre voudrait dire la sagesse des casaniers, injustement dénigrés. Mais il explore aussi la façon dont ce monde que l’on croyait fuir revient par la fenêtre. — Mona Chollet, « Chez soi », éditions Zones
Alors, oui, on reste à la maison. L'occasion de repenser cet intérieur, avec Chez Soi de Mona Chollet, disponible gratuitement à la lecture en ligne. Mona Chollet, essayiste suisse, est chef d'édition au Monde Diplomatique depuis 2016. Autrice de plusieurs essais féministes dont le retentissant Sorcières, la puissance invaincue des femmes, elle explore dans Chez soi, le lieu d'habitation, la maison, sous l'angle de la sociologie et du féminisme. Une lecture de choix en ces temps particuliers. [AD]
> Chez soi de Mona Chollet en ligne sur Calameo
Leeds Queer Film Festival
Comme tant d'autres, le Leeds Queer Film Festival a dû être annulé à cause de la crise en cours. Ou plutôt reporté, car ils espèrent en organiser une édition en automne. D'ici là, le festival a décidé de proposer en ligne les liens vers les films programmés. Le Leeds Queer Film Festival se présente comme un festival Do-It-Yourself géré par et pour la communauté LGBTQ+ de cette grande ville industrielle du Nord de l’Angleterre. Il combine cinéma queer, discussions de groupes, conférences, ateliers, et il vise à la sensibilisation aux problèmes rencontrés par la communauté LGBTQ+
À noter que l'immense majorité des films est proposée en anglais – ou sinon souvent avec des sous-titres en anglais uniquement. [AD]
> site du Leeds Queer Film Festival
Êtes-vous cinéphile à la belge ou à la française ?
Comme des centaines d’autres institutions culturelles, les Cinémathèques ont cherché à s’adapter à la fermeture de leurs portes au public et proposent désormais des films à regarder en ligne.
La Cinémathèque royale de Belgique (Cinematek) propose d’une part, le jeudi après-midi, un rendez-vous hebdomadaire de cinéma muet accompagné en direct par un des pianistes-improvisateurs de la maison (pour le moment, un Chaplin et un programme d’avant-garde muette belge des années 1920) et, en parallèle, fait aussi découvrir sur les plateformes belges de vidéo à la demande (VOD) – UniversCiné, Uncut, Lumière – un film belge restauré par semaine (Chantal Akerman, Paul Meyer, Patrick Van Antwerpen, etc.).
Dans un registre plus étonnant et plus expérimental, le Cinéma du Musée du Centre Pompidou présente chaque semaine un film-essai ou un film-poème (Les Mains négatives de Duras, un film de Joëlle de La Casinière, un court métrage muet de Mikhail Kaufman – frère et chef opérateur de Dziga Vertov –, bientôt un film du trop méconnu Teo Hernandez, etc.).
Dans cette même logique de découvertes, la Cinémathèque française a ouvert une 4e salle de projection – en ligne – baptisée « Henri » où elle dévoile chaque soir à 20h30 un nouveau court métrage (de Jean Epstein, d’Otar Iosseliani, de Pierre Clémenti, etc.). Les films muets ne sont pas nécessairement accompagnés de musique et sont parfois à dessein laissés silencieux (il s’agit là, depuis des décennies, d’une grande différence entre la cinéphilie à la belge et à la française). [PD]
> site de la Cinematek ~ page Facebook (films muets du jeudi)
> Cinéma du Musée (Centre Pompidou)
> Cinémathèque française ("salle" Henri)
Musiques filmées : les petites planètes de Vincent Moon
Depuis plus de quinze ans, Vincent Moon voyage, filme, enregistre de la musique et partage tout cela sur son site.
Il a profité de cette période de confinement pour le mettre à jour et propose maintenant plus de 700 films, 250 albums et plein d’aventures et histoires. Voici ce qu’il en dit lui-même sur sa page Facebook :
Je sais ce que vous pensez – on est saturés, avec tant de contenu offert gratuitement, tant d’appels à la participation, à la méditation en ligne, une rencontre virtuelle avec grand-mère, une prise de parole inédite de JLG live depuis sa maison et tant d’autres choses… - mais j’ai mis à jour mon site un peu fou et cela m’a pris 48h pour me replonger dans 15 ans (ou est-ce déjà 20 ans ?) pendant lesquels j’ai fait des films, j’ai enregistré des gens, surtout des musiciens, et je devais partager ceci une nouvelle fois avec vous. J’espère que cela ne vous dérange pas ? — Vincent Moon
Le meilleur moyen d’explorer le site est de partir de la carte (MAP) et de plonger dans la mémoire des peuples et celle de Vincent Moon lui-même. [ASDS]
> site Vincent Moon ~ site Petites planètes (aussi Vincent Moon)
Arthur Russell, une voix new-yorkaise au temps d’une autre pandémie
On a déjà beaucoup parlé ici, dans les précédentes revues du web, de la musique indépendante et expérimentale en train de s’enregistrer et de se jouer en direct au cours de ces semaines de confinement mondialisé : concerts en streaming, festivals en ligne, etc. Dans ce registre, on citera encore la chanson « Keep it Chill in the East Vill. » de Jeffrey Lewis ou les vingt (oui, 20 !) albums à ce jour enregistrés et publiés depuis un mois – selon une cadence quasi quotidienne, donc – par les Bulbils, duo de Richard Dawson et Sally Pilkington.
Mais cette période particulière est aussi l’occasion de voir des enregistrements resurgir du passé. Et la musique la plus bouleversante que nous avons écoutée depuis très longtemps est sans conteste l’enregistrement live d’Arthur Russell qui a refait surface récemment sur le site de l’artists’ run space new-yorkais Roulette (pouvant se targuer d’avoir accueilli plus de 4000 concerts et performances depuis 1978).
Mort du sida en 1992, à l’âge de 40 ans, Arthur Russell était un violoncelliste, compositeur et chanteur américain, actif comme l’improbable passeur entre des mondes musicaux que nos esprits étriqués imaginent un peu vite auto-excluants : l’avant-garde, le disco et la chanson ! Sur cette enregistrement de mars 1985, accompagné de Peter Zummo au trombone et peut-être d’Elodie Lauten au clavier, Russell chante de sa voix haut perchée et fragile une longue plage de 49 minutes, dans laquelle ses futurs morceaux se fondent les uns dans les autres, reprenant les phrases en boucles, créant une sorte d’effet hypnotique par la répétition. Une sorte de laboratoire ouvert au public de chansons en train de se chercher elles-mêmes. À pleurer de beauté ! [PD]
Documentaire dans nos collections :
> concert d'Arthur Russell sur le site Roulette.org
Wiels from home
Le centre d’art contemporain Wiels continue de proposer des contenus en lien avec ses activités, temporairement arrêtées par le confinement. Il a notamment lancé un programme de films, réalisés par des artistes ayant exposé dans leurs locaux. Les films sont accessibles gratuitement pendant une semaine, le programme est diffusé via la newsletter du Wiels. Cette semaine est consacrée à l’architecture avec le film The Tower : A Concrete Utopia, réalisé par Sammy Baloji et Filip De Boeck (projeté pour la première fois en 2016 lors de leur exposition au Wiels), ainsi que deux courts-métrages d’Emma ven der Put, Soon et WTC, réalisés dans le cadre de sa résidence de 2014, qui explorent le Quartier Nord de Bruxelles. La vidéo The Tower : A Concrete Utopia propose une visite guidée par « Docteur », le propriétaire d’une tour remarquable située à Kinshasa. Conçue et réalisée par « Docteur » lui-même, sans l’aide du moindre architecte professionnel, la construction toujours inachevée a débuté en 2003. Le film illustre les différentes manières de reformuler et de reconstituer l’héritage colonial. [BD]
> site du Wiels
Une Revue du web des équipes : rédactionnelle, du PointCulture Bruxelles et du Service éducation à l'environnement
Avec la participation de Aurore Dupuy, Frédérique Muller, Anne-Sophie De Sutter, Philippe Delvosalle et Benoît Deuxant.
Cet article fait partie du dossier Arts, culture et confinement | Revues du web.
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