Balthasar Burkhard au Botanique : photographies 1969-2009
Sommaire
Un regard attiré
J’avoue, je ne connaissais absolument pas le travail du photographe suisse Balthasar Burkhard (1944-2010). Parti vivre aux États-Unis au mitan des années 1970, l’homme enseigna dans une université de l’Illinois mais ses travaux ne tardèrent pas (dès 1977) à faire l’objet d’expositions à Chicago puis à New York (où il s’est installé au début 1980, avant de revenir dans sa contrée natale).
Les travaux exposés sur les deux étages du musée frappent immédiatement par la sobriété de leur présentation – de larges espaces dénudés séparent les œuvres elles-mêmes mais font d’autant ressortir ce que le guide de l’expo appelle « une intransigeance du regard », ils imposent un face à face photographique direct au spectateur, une confrontation esthétique âpre, pratiquement d’ordre physique.
La panoplie des sujets révélés par l’objectif de Balthasar Burkhard est assez large : le corps humain dans sa nudité, ou via le portrait ; le règne animal, parfois sous l’angle du détail (les plumes d’un rapace) ; le paysage sous l’aspect « minéral » (montagnes, mer, désert) ou nature (forêt) ; la ville en tant que lieu d’architecture ou en tant que structures urbaines occupant et colonisant l’espace (Mexico et Chicago).
Ces photos de mégalopoles aux réseaux denses et géométriques d'artères grouillantes de vie contrastent avec ses images d'espaces naturels, déserts, sommets alpins enneigés ou encore de mangroves, toutes de quiétude figée et vierges de présence humaine.
Autant de motifs « communs » traités sur un mode noir et blanc (et dégradés) exclusifs que Burkhard magnifie à sa façon, les plaçant hors contexte en recourant aux techniques complémentaires de la fragmentation et de l’usage du gros plan.
On ajoutera que, vue à une heure où le soleil avait déjà terminé sa courte course hivernale dans le ciel bruxellois, l’exposition Photographies 1969-2009, sous l’éclairage sobre et dans la solennité presque « monacale » du lieu, s’est muée en un court mais intense régime de captivité volontaire du regard. Une expérience de défiance vis-à-vis de son propre sens de l’observation finit de s’installer chez le spectateur entre des sujets aisément identifiables mais comme lestés d’une densité granulaire supplémentaire, d’une opacité mêlée d’étrangeté ou encore comme les pièces fragmentées d’un puzzle mental à faire et défaire, dans un état de constante subjugation.
Corps-paysages
Portées en formats larges, des photos de jambes nues deviennent à leur tour paysages. Les fragments de corps, détails de peau et contrastes de luminosité créent d'étranges mais puissantes illusions de topographies corporelles monumentales.
À côté des impressions « monumentales » sont exposées une série de photographies plus intimes d’animaux et de fleurs où pointe la couleur (les séries « Fleurs et Paysages »), Burkhard recourt aux techniques de l’héliogravure (un procédé d'impression ancien d’une haute qualité de reproduction) pour un résultat pictural tout aussi étonnant. Les animaux semblent figés, astreints à des poses qui semblent tout sauf naturelles.
Balthasar Burkhard : Photographies 1969-2009
Le Botanique
Rue Royale 236
1210 Saint-Josse-ten-Noode
Jusqu'au dimanche 2 février 2020
Du mercredi au dimanche, de midi à 20h
Tarifs :
6,50 € : prix plein (billet Museum + Galerie : 7,50€)
5,50 € : seniors, étudiants, groupes, enseignants, JAP (billet Museum + Galerie : 6,50€)
4,50 € : Bota’carte, groupes scolaires, demandeurs d’emploi (billet Museum + Galerie : 5,50€)