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BPS22 : skateurs et musée réfléchissent la ville

Raphaël Zarka - Riding Modern Art 6 - BPS22
Un musée ouvert aux "skateurs". Pas seulement pour rapprocher l’art moderne de la rue. Mais pour que la rue renouvelle les façons de sentir l’art. Exposition et journée de réflexion.

Riding Modern Art, skater (sur) l’art moderne, tout un programme. Le skate, pratique urbaine née dans la rue, explore de nouvelles relations à la ville, d’y rouler en équilibre façon surfeur, en tirant parti des formes continues et discontinues, des pleins et des vides, des plats et des arêtes. Un art de faire surgir, de l’environnement de bêton et métal, des vagues vibrantes où se jucher, se propulser comme au hasard, en traçant des itinéraires intuitifs, des arabesques fictionnelles à travers lesquelles les imaginaires détournent ce que l’architecture officielle tente de normaliser et de formater. Cette motricité urbaine très diversifiée engendre des cartographies éphémères, des « géographies-laboratoires ». Des possibles. Dans leur quête de voltige, certains n’hésitent pas à prendre d’assaut les courbes de grandes sculptures qui trônent dans l’espace public. À regarder ces exploits archivés en photo, on a des frissons, et on se dit que cela renouvelle la manière de sentir ce que l’art gigantesque dessine dans les airs comme élan. À la fois une profanation symbolique et des épousailles spectaculaires. Là où, d’habitude, on se contente de suivre des yeux les lignes figées ou, à la limite, d’en caresser une infime partie suggestive.

Raphaël Zarka s’intéresse aux formes qui sont déjà là, dans notre environnement, qui structurent la matière et nos sensibilités, sans forcément êtres explicites. Il les exhume et les rend visibles en les interprétant via la création d’œuvres d’art. Il peut s’agir de constructions abandonnées dont il perçoit des qualités plastiques insoupçonnées. Il peut s’agir des spécificités d’un polyèdres découvert dans l’Antiquité par Archimède et qui se trouve décliné dans d’innombrables monuments ou sculptures publiques : il va alors personnaliser ce polyèdre, en donner une figure qui s’inspire de toutes celles qui existent déjà, en livrer une nouvelle version. Il replace ainsi au centre de nos héritages culturels, la dynamique des objets trouvés dont les spécificités traversent plusieurs histoires, plusieurs domaines, plusieurs temporalités. Il fonde une archéologie parallèle des formes du sensible.

Si les surréalistes recherchaient l’étincelle poétique que pouvait produire la rencontre fortuite d’objets communs, Zarka la trouve dans la récurrence formelle d’objets épars, parfois très éloignés dans le temps comme dans l’espace, ou encore distants par les fonctions et usages qu’en ont fait les hommes. — BPS22, guide du visiteur

Ce regard qui discerne les formes éparses, récurrentes, qui lui parlent, pour les rassembler dans une œuvre nouvelle, correspond à la manière dont le skateur repère dans l’environnement urbain, tous les points d’appui et de propulsion, déclivités, angles, mobiliers, rampes, vides, à partir de quoi il invente un parcours. Chaque parcours singularisé devient une sorte de sculpture mentale, une empreinte. Empreinte du déplacement à même le corps de la ville, chaque déplacement moulé à même la plasticité urbaine qui, en retour, se fait accueillante, s’adapte aux passages frayés jour après jour. Avec vitesses différenciées, lignes droites, lignes brisées, sauts, acrobaties, chocs, trainées, silence du saut.

Tous les éléments du décor urbain qui inspirent les skateurs, Raphaël Zarka les agence en sculptures de métal. Chacune ressemble à la silhouette d’une ville dans le lointain ou d’une forteresse vue de très haut. Épurée ou complexe, terrestre ou marine, poétique ou machinique. Posées dans la grande salle du BPS22 elles ressemblent à des nœuds portuaires, des stations magnétiques, des embranchements extraterrestres. Des formes occultes qui auraient le don de mettre en contact des expériences qui, habituellement, restent chacune sur leurs rails, ne se mélangent pas. Les surfaces en sont striées de milles lignes de vies récentes ou sans âge, en tous sens, vives ou brouillonnes. Pièces étranges qui n’attendent que le déferlement des skateboards. Les visites commentées, j’imagine, associent autant des historiens et historiennes d’art que des as du skate. Lors de mon passage, calme plat, grand vide. Pas évident de faire en sorte qu’un autre public, expert des formes urbaines, franchisse les portes d’un musée d’art moderne et vienne nouer à même les œuvres, une gymnastique inédite de l’émotion, élargir le champ de l’expérience esthétique. Pour eux et elles ; pour le regardeur aussi, en partage.



texte et photos :
Pierre Hemptinne



Raphaël Zarka : Riding Modern Art

Jusqu'au dimanche 7 janvier 2018

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Vivre en ville, vivre la ville
(grande journée de réflexion)

Le jeudi 26 octobre 2017
de 9h30 à 16h30


BPS22
22 Boulevard Solvay
6000 Charleroi


T. 071 27 29 71


Et à Liège, le samedi 14 octobre :

Dans le cadre de la manifestation
Agitations ! - Les Féminismes en chantier :


Initiations au skateboard entre filles
Animé par Roxana « Roxy » Cernicky de Elles roulent !

Venez tenter vos premiers pas sur un skateboard entre filles. Elles roulent propose deux séances d’initiation aux quatre roues pour débutantes de toutes générations car il n’y a pas d’âge pour s’amuser!
Atelier réservé aux femmes
www.facebook.com/ellesroulent

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