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Cet été, cap sur la mer Baltique... (3)

Danemark
La musique au temps de Christian IV de Danemark

Sommaire

Introduction

Oui, je sais. C’est un sujet pointu. Mais j’aime les sujets pointus, ceux qui vont me permettre de me plonger dans des recherches comparables aux enquêtes des Experts et autres agents du FBI.

C’est en fouillant dans les trésors de PointCulture que m’est venue l’idée de ce texte. Je suis tombée par hasard sur une série de cd consacrés à la musique au temps de Christian IV.

Cela a éveillé ma curiosité. Ce que j’ai écouté m’a plu et j’ai désiré en savoir plus. Je me propose de partager avec vous le fruit de mes recherches.

En route pour le Danemark au 17ème siècle !

Christian IV

Christian IV naquit le 12 avril 1577 à Frederiksborg, château de la famille royale danoise situé à une encablure de la Suède et à une dizaine de kilomètres au nord de Copenhague. Le château de Frederiksborg, le plus grand palais de Scandinavie fut baptisé ainsi en l'honneur du roi Frédéric II (1534-1588) sous le règne duquel il fut érigé. Le bâtiment est un chef d’œuvre de la Renaissance et l’emblème de la monarchie absolue danoise. Christian IV grandit donc dans un cadre grandiose aux côtés de son père Frédéric II, de sa mère Sophie de Mecklembourg-Güstrow et de ses sept frères et sœurs.

Frederiksborg

Château de Frederiksborg

A la mort de son père le 4 avril 1588, le futur roi n’a qu’onze ans.  Un conseil de régence gouverna au Danemark jusqu’au 17 aout 1596, date de sa majorité. Marié le 27 novembre 1597 à Anne-Catherine de Brandebourg (1575 - 1612), Christian eut 6 enfants dont 3 atteignirent l’âge adulte : Christian, Frédéric et Ulrich. Et bien sûr, ces enfants apprirent la musique.

Dès son accession au trône, la cour de Christian IV fut l'une des plus joyeuses et magnifiques d’Europe. L’appui qu’il apporta aux arts, à la musique en particulier, donna à son règne une impression d’âge d’or.

La Chapelle Royale

Christian IV donna un tel essor à la musique que la réputation de la Chapelle Royale (note 1) se répandit dans l’Europe entière. A son apogée, de 1613 à 1625, la Chapelle Royale compte 30 chanteurs, 30 instrumentistes et 16 trompettes.

Lorsqu’ils participent à des cérémonies religieuses, les musiciens se placent à la tribune au fond de la chapelle près de l’orgue. Chaque groupe possède des attributions particulières mais, lors de réjouissances particulières religieuses ou profanes comme les banquets royaux, les mariages ou les visites officielles les différents groupes peuvent aussi unir leurs efforts. Cet effectif vocal et instrumental fit l’orgueil de son employeur en renforçant ainsi son prestige auprès des autres monarques. Christian IV ne voyagea jamais sans ses musiciens, véritables ambassadeurs soutenant la politique de leur royal employeur. Pour enrichir encore la vie musicale à la cour, le roi fit venir des musiciens de l’étranger tout en restant soucieux de préserver la spécificité danoise. Pour ce faire, Christian IV mandata des représentants du gouvernement dans le pays entier pour découvrir de nouveaux talents susceptibles d’enrichir sa chapelle. Il veillait en personne à l’audition des nouveaux candidats.

Christian IV Danemark

Portrait de Christian IV par Karel van Mander (c.1610-1670)

Les maîtres de chapelle


La Chapelle Royale se constitua autour de musiciens venus des Pays-Bas du Sud. Gregorius Trehou (c. 1540-1619), devint directeur de la musique à la cour dès le 1 mars 1590. Pendant sa période danoise, il composa une messe à 8 parties et un motet à 6 parties intitulé Laudate Dominum in sanctis ejus. En 1598, il fut envoyé aux Pays-Bas pour recruter quelques musiciens au nombre desquels Nicolas Gistou. C’est Melchior Borchgrevinck(c.1569-1632) qui succéda à Trehou en 1611, d’abord de manière officieuse et ensuite à partir de 1618, de manière officielle. Il fournit lui aussi de la musique sacrée mais c’est davantage dans l’art du madrigal italien qu’il se fit une réputation. Borchgrevinck fut responsable de la première publication musicale d’importance au Danemark. Il s’agit d’une collection de madrigaux à 5 voix, connue sous le titre de Giardino novo bellissimo di varii fiori musicali scieltissimi éditée à Copenhague en 1605 et 1606 dans laquelle figurent les grands noms du madrigal italien mais aussi quelques compositeurs danois comme Hans Nielsen (1580-1626) et Nicolas Gistou.

En 1618, Mogens Pederson devint l’assistant de Borchgrevinck et se retrouva en charge de 6 jeunes choristes. On lui doit la collection Pratum Spirituale parue en 1620 contenant 31 arrangements de chorals, 3 motets latins ainsi qu’une messe à 5 voix, véritable monument de la musique liturgique danoise. A son décès en 1623, Hans Nielsen lui succéda en tant que directeur adjoint de la musique à la cour.

Jacob Orn occupa un poste à la chapelle royale pendant 35 ans. D’abord en charge des choristes dès 1624, il devint directeur adjoint en 1637.  A la mort de Christian IV en 1648, il mène la cérémonie du couronnement de Frederik III qui a lieu à la fin de la même année.

Quatre Danois en Italie

En 1599, Christian IV envoya de jeunes musiciens danois, au nombre desquels Mogens Pedersøn et Hans Nielsen ainsi que quelques chanteurs de la chapelle royale, sous la direction de Melchior Borchgrevinck, étudier chez Giovanni Gabrieli à Venise. La réputation de ce maître de chapelle de la Basilique San Marco est telle à l’étranger qu’il attire à lui une nuée de musiciens venus de l’Europe entière et désireux d’acquérir un peu de son savoir-faire.

Après avoir gouté la douceur de l’air de la lagune, les nordiques prirent le chemin du retour et regagnèrent le Danemark en 1600.

Pendant l’hiver 1601-1602, Borchgrevinck retourna à Venise où il jouissait d’une réputation considérable auprès des compositeurs vénitiens. Ceux-ci vantèrent son talent.

Un second groupe de musiciens danois comprenant Hans Nielsen, Mogens Pedersøn et Hans Brachrogge retourna à Venise entre 1602 et 1604 à nouveau pour suivre les conseils de Giovanni Gabrieli.

Mogens Pedersøn dut montrer quelques talents prometteurs pour être autorisé, à partir du printemps 1605, à voyager où bon lui semble pour améliorer son art. Muni d’une recommandation écrite en italien de la main de Christian IV, il retourna en Italie chez Gabrieli. Comme il s’y plaisait, il y resta quatre années. Juste avant son retour, il fit publier à Venise son Premier Livre de madrigaux dédié au généreux monarque qui lui avait donné le privilège d’étudier avec Gabrieli.

Il rejoignit la Chapelle Royale en septembre 1609. Après ces séjours, rien d’étonnant à ce que le madrigal italien se développe sur le sol danois.


Août 1589 : Anne, sœur de Christian IV épouse James VI d’Ecosse

Anne de Danemark

Portrait d'Anne de Danemark par Van Somer

La jeune fille n’avait que 14 ans lorsqu’elle épousa le roi d’Ecosse, James VI qui devint roi d’Angleterre sous le nom de James I en 1603. Anne de Danemark (1574 – 1619) est la deuxième fille du roi Frédéric II de Danemark. Le mariage eut lieu par procuration en août 1589, Anne s’embarqua alors pour rejoindre son époux en Ecosse. Mais les mauvaises conditions de navigation forcèrent l’ambassade à débarquer en Norvège. James, apprenant que la traversée a été abandonnée, s’embarque à son tour pour rejoindre son épouse et la ramener à bon port. On imagine sans peine la rencontre émue des jeunes époux, James a 23 ans tandis qu’Anne est de 9 ans sa cadette. Le mariage formel se déroula au vieux palais de l’évêque d’Oslo le 23 novembre. Le couple royal séjourna ensuite à Elseneur puis à Copenhague, attendant des temps plus cléments pour reprendre la mer. En mai 1590, Anne et James posent les pieds en Ecosse. Anne devint reine d’Angleterre en 1603. Ainsi, les relations entre le Danemark et les Iles britanniques connurent dès lors un rapprochement considérable. Les musiciens anglais furent les bienvenus à la cour danoise.

Les musiciens anglais à Copenhague

A la Chapelle Royale, alors que les danois et les flamands prédominent parmi les chanteurs, les luthistes et violistes anglais ont la suprématie. Ces musiciens amenèrent dans leurs bagages l’art du consort, ces formations constituées des membres d’une même famille instrumentale ou au contraire d’un mélange. La musique instrumentale de la cour inclut des danses, des transcriptions de pièces vocales sacrées ou profanes et de la musique de luth.

Luthiste, compositeur et professeur de nationalité anglaise, Thomas Robinson (c 1589 – 1609) dédia sa Schoole of Musicke datant de 1603 à James I devenu alors roi d’Angleterre. Dans la préface de cette importante méthode pour apprendre à jouer du luth, le compositeur fait allusion à un séjour qu’il fit à Elseneur au Danemark pour enseigner la musique à Anne de Danemark, la future épouse de James.


Le célèbre luthiste John Dowland (1562-1626) séjourna à la cour danoise de 1598 à 1606. Il y reçoit un salaire égal à celui d’un amiral de la flotte. Pendant son séjour, il publia ses deuxième et troisième livres de chansons et composa une partie de son Lachrymae (1604). Le recueil Varietie of Lute-lessons publié en 1610 contient une galliarde de lui “connue communément par le nom du plus illustre Christianus le quatrième, roi de Danemark”, c’est la King of Denmark his Galliard.


Musicien itinérant jouant les instruments à archet, Thomas Simpson (1582-1628) fut employé comme “fiolist” à la cour danoise du 7 mai 1622 au 4 mars 1625, très précisément.

William Brade (1560 - 1630) partagea ses activités d’instrumentiste et de compositeur entre l’Allemagne et le Danemark. Il fut au service de Christian IV par intermittence pendant près de 15 ans, composant des pièces instrumentales et des consorts, notamment pour le violon, instrument présent à la cour de Christian IV.


Quatre Danois en Angleterre

Le Danemark entretenant des rapports privilégiés avec le Royaume Uni suite au mariage d’Anne, sœur de Christian IV, il est logique que les musiciens voyagent aussi en sens inverse. En 1611, alors que le royaume était engagé dans la Guerre de Kalmar contre la Suède, Christian IV dut, pour des raisons financières, réduire drastiquement la taille de la chapelle. De nombreux musiciens furent licenciés. Gregorius Trehou fut démis de ses fonctions de maitre de chapelle le 10 avril 1611 tout en bénéficiant d’un revenu venant de la cathédrale d’Arhus. Son successeur, Melchior Borchgrevinck ne prit ses fonctions qu’en 1618 et fut contraint de se retirer à Roskilde pour exercer son métier d’organiste en attendant des jours meilleurs.

Luthiste à la cour danoise depuis 1608, Hans Nielsen retourna étudier à l’université d’Heidelberg.

Dans le même ordre d’idée, Christian IV envoya quatre musiciens danois auprès de sa soeur Anne. Mogens Pedersøn, Hans Brachrogge, Jacob Ørn et Martinus Otto restèrent trois ans en Angleterre et eurent apparemment des contacts avec Francis Tregian (2) alors emprisonné pour des raisons religieuses. Certaines pièces de Pedersøn figurent dans les manuscrits copiés par ce dernier lors de son séjour en prison entre 1609 et 1619. Un de ces manuscrits est identifié comme ‘Magno Petreo Dano Libro secundo 1611’. De Jacob Orn, on connait une pavane signée du nom latinisé de Jacomo Aquilino Dano et copié dans le Sambrooke Manuscript par Francis Tregian.


En juillet 1614, Christian IV fit une brève visite privée en Angleterre pour ramener trois des musiciens danois avec lui. Pedersøn revint un mois plus tard.

Octobre 1634 : un mariage princier

Hedwige de Danemark (1581-1641), autre sœur de Christian IV épousa Christian II, Electeur de Saxe en 1602. Il se fait qu’Heinrich Schütz travaille au service de cet électeur. Faisant appel à ses relations familiales, Christian IV invite Schütz à Copenhague pour être directeur de la musique pour les fastueuses célébrations prévues pour le mariage du prince Christian (1603-1647), fils ainé de Christian IV avec Magdalena Sibylla de Saxe (1617-1668), fille de l'électeur Jean-Georges Ier de Saxe. Nous sommes encore en 1633, le mariage est prévu pour l’année suivante. Il faut près d’un an pour que Schütz arrive, après de nombreux détours par d’autres cours ducales ou princières, sur le sol danois.

Heinrich Schütz

Portrait d'Heinrich Schütz par Rembrandt (c.1635)

Au début de l’année 1634, le musicien est enfin au Danemark, accompagné de Matthias Weckmann (3), Johann Schop (4), Heinrich Albert et de quelques autres musiciens venant renforcer l’effectif de la chapelle royale. Les festivités du mariage du prince royal et de Magdalena Sibylla durèrent du 3 au 18 octobre 1634. Le programme des divertissements comprend, entre autres, un ballet et deux comédies avec musique et danse. La Comoedia de raptu Orithiae fut interprétée le 8 octobre et la Comoedia de Harpyriarum profligatione, le 12 octobre. On suppose que Schütz est l’auteur de la musique des deux comédies.

Sur l’ensemble de la musique de cet événement ne subsiste que la Canzonetta swv278 chantée lors d’une procession le 13 octobre. Si la musique de ces noces n’est pas parvenue jusqu’à nous, d’autres pièces écrites par Schütz entre 1633 et 1635, période où il séjourna au Danemark nous sont connues. C’est le cas de la deuxième parution des Kleine geistliche Concerte parues en 1639. Pendant un séjour effectué au service de Christian IV entre 1642 et 1644, il rédige les Symphoniae sacrae publiées en 1647.

Lors de la réception du mariage, quelques chansonnettes lascives furent chantées, faisant rougir les dames. Elles sont l’œuvre de Gabriel Voigtländer (1596-1643), trompettiste à la cour de Christian IV. Publiées avec le soutien de la famille royale, les chansons de Gabriel Voigtländer sortirent en 1642 sous le titre Allerhand Oden und Lieder, dédiées au prince et au roi Christian IV. La collection comprend environ 100 chansons à boire, d’amour, pastorales, satiriques et sérieuses. Elles durent connaitre un gros succès au vu de leurs nombreuses rééditions.


Orgues

Chapelle du chateau de Frederiksborg

Orgue de la chapelle du château de Frederiksborg


Le roi Christian IV encouragea la construction d’orgues en accordant un privilège aux facteurs d’orgues, qu’ils soient danois ou germaniques.

Actif au Danemark de 1584 à 1615, le facteur d’orgues allemand Nikolaus Maass s’établit à Copenhague en automne 1603. Facteur officiel de la cour danoise, il construisit un grand instrument à trois claviers à la Nikolaikirche à Flensburg entre 1604 et 1609 puis supervisa la reconstruction de l’orgue de la cathédrale de Roskilde en 1611. Son dernier grand chantier entre 1613 et 1615 fut l’orgue de la chapelle de Frederiksborg à Hillerod qui fut achevé après sa mort par son élève Johann Lorentz.

Installé à Flensburg en 1609, Johann Lorentz (c1580 - 1650) gagna Copenhague vers 1616 à la demande de Christian IV pour succéder à Nikolaus Maass en tant que facteur d’orgue de la cour. En 1639, il reçut le privilège royal de construire des orgues au Danemark et en Norvège. Il construisit et répara quelques célèbres instruments comme ceux de St Nikolai et St Petri à Copenhague.

En 1617, Christian IV reçut en cadeau un splendide instrument d’Esaias Compenius qui existe encore dans son état original dans la chapelle du château de Frederiksborg. C’est l’instrument le plus ancien existant au Danemark. Il compte 1.001 tuyaux en bois et est richement décoré avec de l’ébène, de l’ivoire et de l’argent. Esaias Compenius l’installa lui-même dans la chapelle nouvellement bâtie. Ce fut sa dernière œuvre. En effet, il mourut en 1617. Appartenant à une dynastie de facteurs d’orgues, Esaias Compenius travailla à la cour de Brunswick et collabora avec Michael Praetorius pour la rédaction de son Organographia.


Ecole danoise d'orgue

A partir des années 1620, le Danemark devint un avant-poste de l’Ecole d’orgue de l’Allemagne du Nord qui se développa autour des élèves de Jan Pieterszoon Sweelinck. Parmi ceux-ci, Melchior Schildt (1592/3 - 1667) arriva à Copenhague en 1626. Melchior Schildt fut professeur des enfants royaux jusqu’en 1629, avant de retourner à la Marktkirche de Hanover. Son cycle de Magnificat pour orgue est comparable à ceux de Scheidt, Praetorius et Scheidemann. Parmi ses autres œuvres pour clavier, la Pavana Lachrymae est un des nombreux arrangements pour clavier d’œuvres de compositeurs anglais, ici le Lachrymae de John Dowland datant de 1604.


Jacob Praetorius, autre élève de Sweelinck, déclina l’invitation qui lui fut faite par Christian IV mais son enseignement se transmit par son beau-fils Johann Lorentz (c1610-1689), lui aussi protégé par le roi. Lorentz fut nommé organiste à la Vor Frue Kirke de Copenhague en 1629 sur recommandation du roi avant d’être organiste à l’église St Nikolai de 1634 à 1689. Il introduisit les concerts dominicaux à St Nikolai où il disposait d’un orgue construit par son père. Peu de pièces écrites par sa main nous sont parvenues, surtout des danses écrites à des fins pédagogiques.

Organistes

Melchior Borchgrevinck fut promu organiste de la cour en 1600, poste envié et particulièrement bien rémunéré. Il partagea cette fonction avec le titulariat de la cathédrale de Roskilde et l’enseignement de la musique aux enfants royaux.  

Truid Aagesen (v.1593-1625) fut engagé comme organiste de la Vor Frue Kirke de Copenhague dès le 23 juin 1593, après des études en Allemagne et en Italie. C’est sous son nom latinisé Theodoricus Sistinus qu’il publia ses Cantiones à trois voix à Hambourg en 1608. C’est sa seul publication connue et elle est dédiée à Christian IV de Danemark. Entre 1609 et 1611, il reçut des paiements pris sur le trésor royal en plus de son salaire d’organiste, gage de son succès. Lui aussi, fut le professeur de musique des enfants royaux. 


Jusqu’à sa mort le 28 février 1648 à Copenhague, Christian IV maintint sa propre chapelle à un haut niveau d’exigence artistique. On ne peut cependant pas en dire autant de sa politique. A maintes reprises, il privilégia son seul plaisir au détriment de la raison d’état et de la sécurité de son royaume. Le territoire du Danemark payera un lourd tribut à son voisin suédois par la faute de son souverain. Son fils Frédéric eut bien des difficultés à reprendre les rênes du pouvoir lorsqu’il monta sur le trône en 1648. Christian IV aurait pu être un grand monarque, il en avait toutes les qualités mais la recherche du plaisir l’a emporté sur les obligations qu’impliquent l’exercice du pouvoir.

Anne Genette


1) Chapelle Royale : Ensemble vocal et instrumental se réunissant dans la chapelle d’un palais royal ou ducal pour y interpréter de la musique sacrée. Désigne par extension, l’ensemble des musiciens au service d’une cour.

2) Francis Tregian (1574–1618) le jeune est un gentleman anglais catholique qui se distingua par sa résistance à la reine Élisabeth I. Incarcéré durant 28 ans à cause de ses convictions religieuses, il passe son temps en prison à copier des manuscrits dont des partitions parmi lesquelles le Fitzwilliam Virginal Book et le Drexel 4302 qui contient le Sambrook Book plus particulièrement lié au Danemark.

3) Matthias Weckmann (1616-1674), élève à la fois de Schütz à Dresde et de Jacob Praetorius à Hamburg fit plusieurs séjours au Danemark notamment en 1642 – 1647 où il fut aussi organiste à Nykøbing (Falster).

4) C’est en 1615 que Johann Schop (1590 - 1667) rejoint les effectifs instrumentaux de la cour de Christian IV. Compositeur et multi-instrumentiste, il y rencontra William Brade. En 1619, les deux hommes quittèrent Copenhague pour échapper à la peste. Schop y revint en 1634, avec Schütz à l’occasion du mariage princier de Christian. A cette occasion, il remporta un concours contre le violoniste français Jacques Foucart. Devenu célèbre, il fit de fréquents séjours à la cour danoise tout en gardant Hambourg comme porte d’attache.


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