CFI Drums – Filipo Caruso
Financé sur fonds propres pour rester indépendant, il entame la construction de ses premières pièces dans son garage avant d’intégrer un atelier lui permettant de recevoir les clients potentiels. Cet espace lui est essentiel car la première étape du travail est la rencontre avec le futur acheteur, qui va pouvoir choisir toutes les caractéristiques de sa caisse claire ou de sa batterie. Celles-ci sont en effet des pièces uniques, faites sur demande – et sur mesure – selon les spécifications du client. Filipo Caruso met à sa disposition sa technique mais aussi son excellente connaissance des matériaux, et propose un choix de plusieurs bois, parfois exotiques : wenge, chêne, padouk, noyer américain, zebrawood, bois de Canberra. Chaque type de bois a sa spécificité ; selon qu’il soit plus dur ou plus tendre, le son sera plus sec, plus puissant ou plus chaud. La particularité des bois choisis par Caruso est de permettre au produit fini de descendre très loin dans les fréquences basses. Ils sont importés sur demande, en petite quantité, sans gaspillage, un souci écologique qu’on retrouve également dans le choix d’une colle naturelle américaine plutôt que les colles chimiques utilisés par les fabricants industriels.
Sa méthode de travail est également particulière. La plupart des fûts de batterie sont construits en pliant de longues feuilles de bois, collées en plusieurs couches successives; ceux de CFI Drums sont réalisés selon une technique plus rare qui consiste à assembler de multiples « gouges », des lattes de bois collées bord à bord pour constituer une forme qui est ensuite arrondie par rabotage et ponçage. Le résultat est un instrument à la section plus importante (environ 19 mm contre 4 à 8 selon la méthode classique), plus solide et surtout avec une projection de son plus ample. La fabrication d’une caisse claire peut prendre un certain temps et doit se planifier en tenant compte du séchage et du repos du bois qui continue à travailler quelques mois avant de pouvoir être utilisé. Lorsque le client a choisi les essences de bois qui composeront sa batterie, il peut ensuite décider de son accastillage, c’est-à-dire l’ensemble des pièces, généralement métalliques cette fois, qui le complèteront. Cerclages, tirants, déclencheurs et timbres sont importés d’Allemagne et donne à l’instrument son style final. Celui-ci peut ensuite être verni, ou peint, même si la plupart des acheteurs préfèrent garder la superbe teinte naturelle des bois.
Filipo Caruso a récemment
décidé de diversifier son offre en se lançant dans la construction de caisses
claires métalliques. Là encore son approche est particulière : ses fûts
constitués de métal et d’aluminium (dans des proportions de 50/50) sont
colorés par électrolyse et thermo-laquage, une technique qui leur assure une
finition exceptionnelle.
Dans un marché très restreint, avec un produit très spécialisé, Filipo Caruso travaille
seul, mais collabore avec l’importateur officiel en Belgique des célèbres
cymbales Istanbul (avec qui il fait également de la musique). Comme tous les fabricants,
se faire connaitre passe par l’endorsement :
la promotion que font de ses caisses claires des musiciens comme Jérôme
Baudard, David Leca, tous deux de Charleroi, Jeff Ludovicus (compositeur et
batteur français entre autre pour St Germain, Asa Karim Kacel et Imany), ou
encore Hervé Chiquet (batteur français, ayant travaillé avec Pierre Vassiliu
entre autres). Il se déplace également pour présenter ses produits à l’étranger, lors
des foires internationales d’instruments de musique. Dans un secteur dominé par
quelques très grandes marques, qui proposent un très large éventail d’articles
de qualités variables, depuis l’entrée de gamme fabriquée en masse en Chine
jusqu’aux articles de luxe, aux prix exorbitants, il est difficile pour un
artisan comme Caruso de rivaliser. Mais comme il le dit, il tire son
inspiration des batteurs et non des autres fabricants. Il peut au maximum réaliser
quatre caisses claires par mois, mais il peut garantir que ce seront des
modèles exclusifs, uniques, entièrement fabriqués à la main avec le
savoir-faire d’un passionné.
Benoit Deuxant
PS - On a pu entendre les réalisations de CFI Drums au PointCulture de Charleroi en janvier de cette année. À l'occasion du concert qu'il a donné avec James Brandon Lewis, le batteur Chad Taylor a pu jouer sur une batterie construite par Filipo Caruso qui l'avait prêté au musicien pour le concert.
Cet article fait partie du dossier Charleroi.
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