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Changer de genre à PointCulture | « Aussi raconter quand ça se passe bien »

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Malgré ce qui semble le son de cloche dominant dans les médias, s’intégrer en tant que personne transgenre dans un milieu professionnel peut bien se passer lorsque l’environnement est bienveillant. Un témoignage singulier, pas nécessairement généralisable, mais précieux à l’occasion de la Journée de la visibilité des personnes transgenres du 31 mars.

Sommaire

Une dimension positive

- Philippe Delvosalle (PointCulture) : Pourrais-tu commencer par dire dans quel esprit tu as accepté de donner cette interview au sujet de ton intégration en tant que personne transgenre à Pointculture ? Voire même proposé toi-même de répondre à quelques questions pour raconter ton parcours…

- Aux informations, dans les médias, on ne nous donne presque que la vision selon laquelle le parcours d’une personne transgenre est compliqué, que son intégration dans le milieu professionnel est lui aussi difficile. Qu’il y a du rejet, etc. Je sais que parfois cela se passe bien aussi. Et pour moi, ça s’est bien passé et je tenais à témoigner du fait qu’il y a aussi des situations qui sont bien vécues.

J’en avais un jour discuté avec une association qui vient en aide aux personnes transgenres. La personne qui était là-bas ce jour-là avait l’air étonnée mais je lui ai dit qu’à mes yeux il faut aussi raconter quand ça se passe bien. — -

- Si je me trompe, tu me corriges, mais le choix de la Journée pour cette communication n’est pas anodin non plus puisqu’on a dans le calendrier à la fois une Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie – qui éclaire donc plus le côté compliqué, hostile, voire violent – et cette Journée de visibilité des personnes transgenres où il y a plus de place pour une dimension positive...

- C’est ça. Je trouve que cette journée du 31 mars est la bonne occasion de faire cette interview. La nouvelle Directrice voulait communiquer sur ce que PointCulture fait autour de la transidentité, entre autre par rapport à ses collections de films, de musiques, etc. Je me suis dit qu’il y aurait moyen de compléter ça par une interview de moi en tant que personne transgenre travaillant à PointCulture. Cela fait un tout.

- Ton témoignage va peut-être rendre les choses moins abstraites ou théoriques, va peut-être relier ce qui, par ailleurs fait notre métier – la musique et le cinéma – et la réalité d’un vécu. Pas juste la réalité à travers des expressions artistiques.

- Tout à fait.

- Pour en arriver à un premier élément qui est l’annonce à tes collègues de ce que tu étais en train de vivre les mois et les années qui allaient suivre, comment cela s’est-il placé dans ton parcours intérieur, comment cela s’est-il articulé par rapport au même type d’annonce à ta famille et tes proches, etc. ?

- J’ai agi de la même façon dans le milieu professionnel et avec les proches et la famille. Le schéma était le même dans les grandes lignes, j’y reviendrai. Mais dans le temps, dans la chronologie, pourquoi est-ce qu’à un moment j’ai annoncé cela ? Parce que comme beaucoup de personnes qui vivent cette difficulté à être soi-même, il arrive un moment où ce qu’on ressent intérieurement est trop fort et où il faut faire ce qu’il faut pour être bien. Et « faire ce qu’il faut », cela enclenche beaucoup de choses, beaucoup de questions… Et surtout, il y a une peur là-derrière, notamment la peur du rejet de la part de ma famille, de mes amis, amies et collègues.

« Ce que je ressentais, je le ressentais depuis ma petite enfance. »

Ce que je ressentais, je le ressentais depuis ma petite enfance. Mes premiers souvenirs liés à cela remontent à mes quatre ou cinq ans. J’ai vécu avec cela très longtemps mais sans arriver à mettre des mots dessus parce qu’on ne disposait pas à l’époque de toutes les informations qui circulent aujourd’hui. C’était caché, retenu, je n’avais personne avec qui parler, avec qui échanger. Certainement pas mes parents avec qui c’était compliqué.

Ici, je m’étais un peu ouverte auprès d’une collègue et amie très proche et je me suis sentie rassurée par sa réaction. À peu près au même moment j’en ai parlé à mon frère aussi. Ce n’était pas évident de lui en parler mais j’ai aussi vu l’acceptation de son côté. Ce que je ressentais devenait de plus en plus fort et j’ai aussi eu un déclic, un accident grave en voiture où « mon ex » et moi nous sommes retrouvées à l’hôpital. Je me suis rendu compte que la vie était courte et pouvait à tout moment s’arrêter. Je voyais aussi une psychologue par rapport à une expérience désagréable au boulot : je m’étais fait voler un ordinateur portable dans le train et la Direction se retournait contre moi comme si j’en étais responsable ou coupable… Cette psychologue m’a aidée à prendre du recul par rapport à cette mauvaise expérience et m’a permis aussi de parler pour la première fois de ce que je vivais à quelqu’un d’autre que mon amie-collègue et mon frère, à mettre des mots sur ce que je vivais… La combinaison de ces deux éléments a représenté un déclic.

La psychologue m’a dit une phrase qui m’a beaucoup fait réfléchir : « Quand vous arriverez à la fin de votre vie, pas question d’avoir des regrets, quand même ? » Ce « mal-être », je le vivais en permanence. Ce que je ressentais était tout le temps présent et si je n'avais rien fait, je serais passée à côté de ma vie, totalement à côté. — -

C’était dans les années 2012-2013, si mes souvenirs sont exacts. Et puis, juste après, en 2014, est arrivée à PointCulture la thématique de saison « Tous genres bienvenus ». Je n’en revenais pas, je me suis dit que c’était peut-être un signe ! On ne parlait que de genres dans la boite et j’ai un peu observé comment les collègues réagissaient à cette thématique et j’avais l’impression que cela se passait bien, que les gens étaient ouverts par rapport à la transidentité.

Tous Genres Bienvenus - visuel

visuel de la thématique "Tous genres bienvenus" - PointCulture, 2014

En parallèle, ma situation évoluait. J’ai par exemple fait mes premières démarches à l’hôpital de Gand parce que c’était là-bas que je voulais être suivie médicalement. Jusqu’à ce que j’obtienne le traitement hormonal, je n’ai rien dit au boulot. Mais, dès que j’ai pu le commencer – et que cela allait forcément enclencher des changements physiques – je me suis dit que c’était le moment d’en parler à mes collègues. Ma démarche était de ne pas attendre le dernier moment. Je m’étais dit que j’allais en parler avant. Une façon pour moi de faire en sorte que ces personnes « m’accompagnent » dans ma transition, me voient évoluer, changer physiquement petit à petit…

Pour en avoir rediscuté par la suite avec certaines personnes, je pense que c’était la bonne façon de faire. Sinon, cela leur aurait pris plus de temps à assimiler cette transition.

Un moment précieux entre quatre yeux

- Pour l’annoncer, peut-être pas avec les 80 ou 100 collègues de l’époque de toutes les antennes locales de PointCulture mais avec toutes les personnes avec lesquelles tu étais en contact régulier dans le travail, tu as pris un moment individuel pour l’annoncer à chacune et chacun…

- Au début, quand le traitement hormonal a commencé, je pensais qu’il serait plus simple d’annoncer une seule fois ce qui allait se passer. J’imaginais m’adresser à tout le monde dans la grande salle de réunion. Mais ma collègue et amie à qui j’en avais parlé en premier m’a dit que j’étais un peu folle de me lancer comme ça dans une telle annonce devant tout le personnel d’un coup ! À bien y réfléchir, je me suis dit qu’en effet j’allais peut-être perdre mes moyens à annoncer comme ça une décision aussi importante pour moi.

Donc, j’ai changé d’avis. J’en ai d’abord parlé à ma cheffe de service avec l’idée qu’elle demande aux différents Directeurs du Comité de Direction de me recevoir pour que je leur en parle – tout en lui demandant, de ne rien dévoiler, de me laisser leur annoncer. Cela ne s’est pas passé comme je l’espérais. Un des Directeurs tenait absolument à savoir de quoi il s’agissait et qu’il ne voulait pas me recevoir au Comité de Direction. Il ne comprenait pas pourquoi ma cheffe ne lui expliquait pas de quoi il s’agissait. Du coup, j’ai dû parler aux Directeurs séparément, l’un après l’autre…

Et, finalement, je me suis dit que j’allais poursuivre comme ça, individuellement, pour le reste du personnel. D’abord les plus proches, celles et ceux avec qui j’avais le meilleur feeling. Soit dans mon bureau, soit dans le leur.

Ça prenait parfois dix minutes, d’autres fois une demi-heure. Il y avait des personnes super bienveillantes avec des questions très intéressantes, quelques-unes peut-être un peu mal à l’aise mais je n’ai vraiment jamais senti de rejet. — -
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Un nouveau prénom

- Est-ce qu’il y a des gens qui sont revenu te parler de tout ça plus tard ?

- Je pense qu’il y avait aussi une pudeur à ne pas vouloir m’embêter mais il y a quelques personnes qui venaient régulièrement prendre de mes nouvelles. Il y avait la question du prénom, aussi. Je leur ai dit que mon prénom était déjà choisi mais que je ne voulais pas qu’on l’emploie tout de suite. Je préférais attendre que toutes les démarches administratives soient faites (nouvelle carte d’identité, etc.) et surtout que mon apparence concorde avec le genre féminin.

Je sais que ce n’est pas toujours simple pour la plupart des gens de savoir comment aborder une personne transgenre. Donc, j’essaie au maximum de leur faciliter la tâche. Il y a des collègues qui m’appelaient par mon nouveau prénom féminin alors que j’avais toujours l’apparence « garçon ». Je sentais bien que c’étaient de gens très bienveillants. Pour d’autres, c’était plus compliqué, cela a pris un peu plus de temps. Mais cela ne m’offusquait pas. Cela ne doit pas être si facile pour des collègues que je côtoyais depuis plus de 25 ans.

Mais il restait à l’annoncer à tout le personnel des centres de prêt de PointCulture. Là, ça s’est avant tout passé par écrit. La Directrice du réseau a écrit une note qui me convenait tout à fait, assez factuelle et bienveillante. Mais, suite à l’envoi par e-mail de cette note, j’ai aussi reçu quelques coups de téléphone de collègues qui tenaient à m’en parler de vive voix.

- Tu as déjà évoqué comment la thématique « Tous genres bienvenus » t’avait servi à toi, comme sorte de « round d’observation » mais penses-tu qu’elle a aussi servi au reste du personnel pour être mieux sensibilisé aux questions de genres, etc. ?

- Je me suis dit à l’époque que j’allais sans doute plus facilement expliquer ce que j’étais en train de vivre grâce à ce qu’on avait développé comme activités et comme contenus dans le cadre de la thématique.

- Est-ce qu’il y a eu dans ces moments d’annonce, certains que tu redoutais un peu, dont tu te disais qu’ils seraient moins évidents que d’autres mais où au final tu as été positivement surprise par la réaction de la personne en face de toi ?

- Oui. Par exemple avec le Directeur financier de l’époque. Avec son caractère un peu carré, je me demandais vraiment comment ça allait se passer, je redoutais ce moment. Il s’est assis, je lui ai expliqué. Je ne me souviens plus exactement les mots précis de sa réponse, mais c’était très court, genre « Ah, pour moi, il n’y a aucun souci ». Du coup, toutes mes appréhensions tombaient à plat. J’ai eu un peu de mal avec des personnes plus timides. Et là, parfois, comme elles parlaient peu au moment où je leur annonçais, je restais avec des questions relatives à leur réaction.

- Tu m’as une fois raconté que ce qui avait été riche pour toi, c’est que chacun de tes interlocutrices ou de tes interlocuteurs réagissait à sa manière, avec sa personnalité, ses questions, etc.

- Oui. C’est précisément ça qui était très intéressant et super riche. Si j’avais fait une seule annonce d’un coup à tout le monde (comme je pensais le faire à l’origine), jamais je n’aurais eu ces échanges que j’ai eu en parlant face-à-face avec chaque collègue.

Quand on parle de transidentité, on parle aussi de l’intime. Certaines personnes s’ouvraient face à moi par rapport à des questions personnelles ou intimes qui les concernaient même si elles ne relevaient pas de la transidentité. — -

Comme si le fait que je leur annonce ma transition leur permettait de s’ouvrir à propos de choses qu’elles vivaient de leur côté. On a eu des échanges qu’on n’aurait jamais eus dans un autre contexte, je pense. Avec certaines personnes, la discussion a été très riche et émouvante.

Il faut quand même dire que là où je ne m’étais pas trompée dans mes a prioris, c’est que j’ai eu plus de soutien, d’écoute, de compréhension de la part de mes collègues féminines. Les hommes ont probablement plus de mal avec les questions liées à l’identité de genre, à la masculinité.

- C’est bien triste mais est-ce que ce n’est pas aussi en partie lié à une difficulté des hommes – en tout cas d’un certain âge – à parler de l’intime, même à leurs meilleurs copains ?

- Oui, probablement. Mais je dois préciser, qu’ici à PointCulture le personnel masculin a été lui aussi très bienveillant.

Maladresses

- Toute la tonalité de cet entretien, dès ta réponse à ma première question est que « globalement, ça s’est bien passé ». Mais ce qui ne veut pas dire non plus qu’il n’y a jamais eu d’accroc, d’impair, etc. Est-ce que tu penses que ces côtés moins agréables sont vraiment liés à une incompréhension, une hostilité, une certaine forme de transphobie ou plus à un malaise ou à des maladresses ?

- Il m’est arrivé de vivre des moments moins sympathiques mais je ne les retiens pas forcément, parce que dans la balance, il y a plus de positif que de négatif. Et comme c’est déjà dans mon caractère de voir le bon côté des choses… Je pense que ce n’était pas du tout de la transphobie. Plutôt de la maladresse. Parmi le personnel, il y avait un Directeur qui est la dernière personne à m’avoir appelée par mon prénom masculin. Je l’ai regardé et j’ai vu à sa tête qu’il se rendait compte qu’il avait dit une connerie ! Une autre fois, je discutais avec un collègue masculin et ce même Directeur passe et nous lance « Bonjour Messieurs ! ». Là, j’ai vu la stupéfaction sur le visage du collègue avec qui j’étais en train de parler. Je lui ai dit « Ben oui... ». Je n’allais pas lui courir derrière pour lui dire qu’il s’était encore trompé, j’ai d’autres chats à fouetter. Je précise que je n’ai jamais senti de transphobie de la part de cet ex-Directeur maladroit.

Si j’avais senti de la transphobie, j’aurais réagi différemment, je n’aurais pas laissé passer cette façon de me parler ! — -

Je dois quand même préciser que je travaille ici depuis presque 38 ans. Donc, les gens m’ont connu longtemps avant ma transition et je pense que cela a dû être compliqué pour certains et certaines d’utiliser mon prénom féminin. J’ai vécu le même type d’expériences liées au prénom avec ma famille, mes amies et amis. Les gens qui me connaissent depuis longtemps avaient tellement l’habitude de mon prénom d’avant ! Il peut arriver que la langue « fourche »… Ça prend du temps. Mais je reste bienveillante vis-à-vis d’eux. On peut se tromper. Ça ne doit pas être facile. Souvent, je retourne la situation : si la personne en face de moi venait à changer de prénom elle-aussi… Ça ne serait pas simple pour moi non plus !

S’installer dans sa voix

- Est-ce que tu penses qu’au niveau professionnel tout ça a été un rien plus facile pour toi parce que tu travailles dans un bureau et pas en contact direct avec un public, par exemple à un comptoir de prêt d’un PointCulture ?

- évidemment ! j’ai pensé à tout ça à cette époque : j’ai entre guillemets « cette chance » de travailler dans un bureau, de ne pas être en contact direct avec le monde extérieur. Mais, en même temps, ma vie ne s’arrête pas à la sphère professionnelle. Ma vie se passe aussi en dehors d’ici. Je côtoie des gens et j’apprends à les côtoyer, à être en société. Ça n’a pas toujours été simple.

J’avais par exemple une phobie du téléphone. Il n’y a rien à faire : ta voix fait qu’à l’autre bout du fil on te dit « Oui, Madame ? » ou « Oui, Monsieur ? ». Ça me bloquait au début… ça me renvoyait à une partie de ma vie à laquelle je ne voulais plus être confrontée. Ça m’a pris du temps – comme tout prend du temps dans une transition, d’ailleurs – d’accepter que ma voix est comme ça, que je dois « faire avec », que je dois m’installer dans ma voix pour communiquer avec les autres. Avec le temps tout cela s’est bien mis en place, plus jamais je n’ai eu de soucis au téléphone.

Mais pour répondre à ta question : oui, si de but en blanc, j’avais dû me retrouver à un comptoir face à un public, ça aurait été beaucoup plus compliqué. Tout au début, quand je sortais et que je sentais le regard des autres, ça me rendait très mal. Je ne me sentais pas encore très à l’aise. Cela a pris un peu de temps pour que je me sente tout à fait bien avec moi-même, et avec les autres. Depuis lors, je n’ai plus senti ce regard en forme de point d’interrogation auquel j’étais confrontée tout au début comme par exemple quand j’allais faire mes courses.

- On a parlé toute à l’heure de PointCulture par rapport à la thématique « Tous genres bienvenus » mais, par ailleurs, cet endroit où tu travailles est quand même aussi un peu la maison des musiques et du cinéma. Je me demandais si certaines musiques, certains films de fiction ou documentaires, certains parcours de cinéastes ou de musiciennes ou musiciens t’avaient, d’une manière ou d’une autre, accompagnée dans ta démarche de transition ?

- Tout cela ne m’a pas beaucoup influencée. Mais à un moment de mon parcours, cela représentait quand même la seule source visible de personnes comme moi, en transition. Ça m’a quand même aidée à me dire « Je ne suis pas seule, il y en a d’autres », « Il y a des films, des documentaires qui parlent de transidentité ». Après, j’en ai vu d’autres dans lesquels je ne me reconnaissais pas du tout.

- Mais donc clairement, tu ne choisis pas les musiques ou les films que tu aimes en fonction de ces critères-là…

- Non, pas du tout ! Et ça rejoint quelque chose que j’ai dû expliquer régulièrement :

Une transition ne te fait pas changer en termes de goûts, de centres d’intérêt ; c’est ton aspect physique qui change. J’aimais bien le rock, j’aime toujours le rock. Ce n’est pas parce que j’ai changé de genre que je dois aimer un autre style de musique. Mes goûts restent les mêmes… — -



Interview : Philippe Delvosalle, mars 2023

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