On retiendra de son parcours musical qu’il fut, au tournant des années 60, un des artisans d’une façon nouvelle de penser la contrebasse jazz, non plus comme instrument rythmique uniquement mais comme instrument mélodique aussi. Un trait caractéristique de ce musicien, d’une humilité à toute épreuve, est qu’il ne fera jamais étalage de sa technicité, optant pour un jeu rigoureux aux bases solides. Il affectionnait les registres graves de son instrument, et son style, au fil du temps, s’affinera vers des lignes mélodiques dépouillées, très appréciées en tant que sidemen.

Retour sur quelques étapes clés :

• « Haden Family Show »

Issu d’une famille de musiciens il est dès son plus jeune âge intégré dans la formation familiale « haden family show » qui se produit régulièrement sur les ondes d’une radio locale, explorant les folklores américains country, western, hillbilly et rhythm’n’blues. L'album Rambling Boy enregistré en 2008 rappelle cette époque.

• Professeur Red Mitchell

A 19 ans il opte pour la contrebasse comme instrument principal et décide de l’étudier. Il déménage en 1957 à Los Angeles, s’inscrit au Westlake College, et prend en parallèle des cours particuliers auprès du contrebassiste réputé Red Mitchell.

Il se lie d’amitié avec le contrebassiste Scott LaFaro qui suit le même cursus que lui (au Westlake College et auprès de Red Mitchell) voué à un parcours musical brillant mais qui, malheureusement, décèdera en 1961 (à l’âge de 25ans) dans un accident de voiture…

• Années Free Jazz

Charlie Haden se révèlera être le chainon manquant du quartette du saxophoniste Ornette Coleman, qui expliquera l'échec artistique (avant l'arrivée de Charlie Haden donc) de ses premières productions par l'absence d'un bassiste convenable. En compagnie de Don Cherry à la trompette et Billy Higgins à la batterie, le quartette scelle alors quelques albums fondateurs du Free Jazz naissant. Durant la même année 1959 The Shape of Jazz to Come et Change of century tout d’abord, avec sur le deuxième album un morceau dédié à la contrebasse « the face of the bass ». Puis l’éponyme album Free Jazz en 1960 où on retrouve Scott LaFaro et Charlie Haden réunis dans cette formation « double quartet » stéréophonique.

De ces grandes formations free on retiendra entre 1965-1970 la participation au Jazz Composer Orchestra, une formation postérieure de la Jazz Composer Guild initiée par le trompettiste Bill Dixon. Terreau de ce qui sera son chef d’œuvre des années militantes le Libération Music Orchestra en compagnie de la pianiste Carla Bley pour la composition.

• 1er trio de Keith Jarrett

A partir de 1968 il joue dans le premier trio régulier de Keith Jarrett. Avec Paul Motian à la batterie qui vient du trio de Bill Evans (où on retrouve Scott LaFaro à la contrebasse). Les collaborations avec Keith Jarrett s'interromperont fin des années 70.

• Sur le label ECM

En 1979 les albums Magico et Folk Songs, en trio avec le saxophoniste Jan Garbarek et le guitariste Egberto Gismonti, sont les premiers enregistrements sur le label munichois ECM de Manfred Eicher (également contrebassiste). Il enregistrera alors régulièrement pour ce label, dont le dernier disque en date enregistré en 2007 et publié en 2014 s’intitule Last Dance en duo avec Keith Jarrett.

• Consécration internationale

Les années 90 et 2000 correspondent à une consécration internationale pour le contrebassiste. Amoindri à la fin de sa vie par une santé fragile, on le retrouve toutefois régulièrement, au sein de ses propres formations ou en sidemen, à l’affiche des plus grands festivals jazz, multipliant enregistrements et rencontres. Pour citer quelques musiciens avec qui il a joué (entre autres) : Michael Brecker, Pat Metheny, Tom Harrell, Joe Henderson, Fred Hersch, Lee Konitz, Abbey Lincoln, Joe Lovano…

Discographie sélective :