Compte Search Menu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’améliorer le contenu de notre site, la réalisation de statistiques de visites, le choix de vos préférences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus

Accepter
Pointculture_cms | focus

Ciel bleu pour l’après ?

Ciel bleu pour l’après ?

politique, carte blanche, société, Covid-19, esprit critique, initiatives, post-confinement

publié le par Pierre Hemptinne

Nul doute que la période que nous vivons est sans précédent. Il y a peu, encore, on nous disait qu’il était impossible d’interrompre la course à la croissance. Là, on y est pourtant. L’environnement se porte mieux, la Nature reprend ses droits, mettant sous nos yeux la preuve explicite que c’est bien notre consommation effrénée qui détraque la planète.

Sommaire

Comment gérer l’après ? Agnès Pannier-Runacher, en France, déclare :

« Il faudra probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant. Il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective. » — -

Et pour le Medef, nul doute qu’il faudra en effet travailler plus pour « la création de croissance supplémentaire ». Ça se passe en France, mais nul doute que ce credo opère ailleurs, chez nous aussi.

Mais face à cet aveuglement - remettre en selle, de plus belle, le système qui génère le genre de crise que nous vivons -, les initiatives sont nombreuses pour restituer à notre société un peu d’esprit critique et la capacité d’invention. L’idée est de profiter de cette mise à l’arrêt de la machine infernale de la croissance pour penser ensemble, en profondeur, une autre manière de fonctionner et de sortir du capitalisme. Il s’agit de défendre un autre sens de la « richesse collective » que celle à laquelle fait allusion Madame Pannier-Runacher (et qui, au vu des inégalités systématiques, est surtout collective pour quelques-uns).


Petite sélection. Pour s’informer, s’ouvrir l’imaginaire, contribuer :

Une carte blanche : Gérer l’urgence… puis réinventer l’avenir

Largement signée par le monde universitaire, syndical, social, associatif, culturel, elle appelle, très tôt, à adopter une sortie de crise à la mesure de ce que révèle cette crise sanitaire.

Extrait :

« Au-delà des task forces, c’est de femmes et d’hommes qui réfléchissent ensemble à replacer l’humanité au centre de l’équation dont nous avons besoin aujourd’hui. Pour reconstruire les équilibres indispensables entre développement économique, bien-être social et enjeux environnementaux. Sur de nouvelles bases. En sortant des logiques de profit à tout prix. Sans plus jamais faire d’économies sur la santé et la vie des gens. En luttant efficacement contre toutes les inégalités. En réinventant un avenir durable pour les générations futures. » — -

Pour une véritable politique post-confinement

Ce n’est pas une parenthèse, ni un simple accident de parcours. C’est le symptôme qu’au cœur même du système économique, épuisant nos ressources - naturelles, humaines -, l’effondrement est déjà en cours.

C’est la totalité du modèle culturel qu’il conviendrait d’infléchir et repenser. D’où l’intérêt de lire la tribune signée par quatre travailleurs·euses du secteur associatif/éducation permanente, Fabio Bruschi, Anne Lowenthal, Nicolas Marion, Cécile Piret, avec sept propositions pour enclencher ce changement de culture.

Article publié dans Pour.

Extrait :

« On nous dira que « les gens » ne sont pas prêts pour un tel revirement. Nous pensons au contraire que les classes qui ont subi de plein fouet les politiques d’austérité de la dernière décennie ont développé une très forte défiance à l’égard du capitalisme et des États, une défiance que confirme dans sa justesse la manière dont les pouvoirs publics ont d’abord retenu les informations concernant l’épidémie et se sont ensuite révélés incroyablement impréparés à l’affronter. Il nous semble qu’à force de se dire que les gens ne sont pas prêts, qu’il faut faire encore un effort d’éducation pour qu’ils deviennent vraiment de gauche, on a simplement laissé à d’autres la possibilité de s’approprier cette défiance et la perspective que la crise se résolve dans un régime d’extrême droite de sauvetage autoritaire du capitalisme est aujourd’hui de moins en moins improbable. » — -

Espace critique, espace de veille : sortir de la normale

Il ne faudrait pas attendre l’annonce du déconfinement pour entamer une réflexion sur ce qui s’est passé, ce qu’il faut en retenir pour l’avenir.

Dans l’épreuve du confinement, poser les bases d’un espace critique et d’une capacité de recul est fondamental. Ça aide à encaisser, à se projeter dans un avenir qui retrouverait du sens.

Plusieurs opérateurs culturels - à l’initiative du cycle de conférences « Pour un numérique humain et critique » - ont créé un blog où sont répertoriés articles, tribunes, cartes blanches, réflexions pour un « après » prometteur, porteur d’espoir. Une manière de fourbir ses armes, ne pas s’en laisser conter…

Ça s'appelle "Sortir de la normale. Il y aura un après coronavirus, mais lequel?"


Une lettre de la société civile à nos dirigeants

Diffusée dès la première semaine de confinement, cette lettre a récolté en 8 jours, 15.000 signatures de citoyen·ne·s :

« Et le jour d’après ? Pour un « CoronaReset »

De la part d’un groupe de citoyens issu de la société civile et de la sphère culturelle, de citoyens actifs dans une volonté de changer ce monde pour que ce saut de paradigme tant espéré voie le jour, pour qu’après cette crise sanitaire mondiale, on ne nous resserve pas la même soupe, devenue imbuvable.

Mesdames et messieurs les dirigeants et tous ceux qui ont du pouvoir dans ce monde, chères citoyennes et chers citoyens,

Croyez-vous vraiment que nous vivrons comme avant, le jour d’après ? Croyez-vous vraiment que nous accepterons encore d’être ces serviles citoyens suiveurs d’un monde où l’on nous a vendu une croissance soi-disant infinie comme modèle de société, avec le capitalisme financier comme adjudant, la consommation et les plaisirs immédiats comme corollaires ? Du pain et des jeux en somme. Vieux comme l’histoire !

Croyez-vous vraiment qu’après avoir perdu certains de nos proches ou de nos concitoyens, nous aurons encore envie de cette vie où nous passons parfois plus de temps sur les routes pour aller travailler, qu’auprès de nos enfants et nos proches ?

Croyez-vous vraiment que nous aurons encore envie de consommer cette nourriture bourrée d’additifs, de pesticides et autres molécules néfastes pour notre organisme, comme le montrent régulièrement les échantillons sanguins récoltés pour des analyses qui donnent froid dans le dos en termes de substances toxiques que nous n’aurions jamais dû ingérer ?

Croyez-vous vraiment que nous allons encore accepter cette destruction massive de notre environnement – notre maison – et de la biodiversité, source de vie pour notre planète et pour nous ?

Croyez-vous vraiment que nous accepterons encore ces écarts de richesse indécents, dignes des meilleurs livres de Zola, écrits à un autre siècle ?

Nous sommes certains, gens de pouvoir, que vous pensez déjà à l’après : comment rebondir ou activer notre résilience, pour utiliser un vocabulaire à la mode. Et bien, c’est l’occasion rêvée pour rebondir autrement, pour faire mieux, pour nous créer un monde plus juste, où les relations humaines auront repris une place plus importante que celle des transactions financières et des dividendes à distribuer à une minorité, un monde où le travail sera mieux réparti afin que la moitié de l’humanité ne trime pas jusqu’à l’essoufflement, au détriment de sa qualité de vie, tandis que l’autre moitié vit dans la misère faute d’avoir accès à ce Graal de boulot. Un monde qui respectera toute l’humanité, animaux et écosystèmes compris. Un monde où notre être pourra se construire autrement, avec ses dimensions multiples et non plus confiné à celle, unique, de producteur de richesses économiques.

Nous n’osons pas imaginer ce qui risque de se passer si nous demeurons figés sur des modèles économiques identiques, alors que les Etats vont dépenser des budgets colossaux pour gérer cette crise sanitaire. Quelles dettes pèseront sur nos pays, si nous conservons les mêmes mécaniques économiques ? Allez-vous annuler ces dettes ? Celles des pays africains aussi ? Ou allez-vous à nouveau prôner l’austérité pour tout rembourser, alors que la crise de 2008 a démontré que cela ne fonctionne pas et que cela accentue encore la disparité sociale et les dangereux clivages au sein de nos sociétés ?

Il s’agit d’une demande a-partisane, et a-dogmatique. Une réflexion simple et basée sur le bon sens, car pour résister, nous avons aussi besoin d’espérer. Et cet espoir ne réside pas en un retour vers l’état préexistant de nos sociétés, mais dans celui d’un saut de paradigme que tellement de philosophes, économistes, écologues, sociologues, appellent de leurs vœux depuis des années. La crise sanitaire sera difficile à gérer, mais elle devra l’être au même titre que les crises sociales et environnementales.

Et si ce ressenti nous est venu après une semaine de confinement imaginez seulement après quelques semaines !

Nous sommes convaincus qu’il faudra associer les citoyens et les acteurs de la société civile à ce changement, et ce, d’une manière inédite. Qu’il faudra imaginer avec eux, avec nous, les moyens d’en faire les réelles parties prenantes d’un processus large et dont l’ouverture se justifie par le caractère exceptionnel du moment. La démocratie, elle aussi, devra se réinventer.

Alors, ces semaines-là, mettez-les à profit pour nous préparer un autre monde. C’est le moment et c’est absolument nécessaire. Il y a des rendez-vous avec l’histoire où il faut le courage de prendre de grandes décisions. A bon entendeur… »

(PH)