Cinéma et bande dessinée
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Nouvelle bande dessinée, bonne nouvelle pour le cinéma ?
Il faudrait être enfermé dans les caves du château de Moulinsart pour l’ignorer : Tintin va globe-trotter dans les salles de cinéma du monde entier. De leur côté, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, qui avaient signé Persepolis, nous servent cette fois Poulet aux Prunes. Conclusion de prime abord: la bande dessinée a infiltré le cinéma.
A y regarder de plus près, cela fait un petit moment que ça dure, cette relation entre septième et neuvième arts…
Alors on retient son souffle, et sans être le moins du monde exhaustif, on cite en vrac : les superhéros issus des comics américains (Batman, Spiderman, Captain America, Green Hornet, X-Men, Fantastic Four, Hulk, The Avengers, Iron man, et des tonnes d’autres), des adaptations de séries de l’école franco-belge (les Schtroumpfs, Adèle Blanc-Sec, Michel Vaillant, Blueberry, Lucky Luke, les Dalton, l’Elève Ducobu)…
Dans le lot, du bon et du moins bon (voire du pas bon du tout). Et en tous les cas, on devine la volonté du cinéma de studio de profiter de personnages à la renommée déjà bien installée pour faciliter l’opération marketing.
Dans cette tornade, on garde la tête froide et on saisit l’occasion pour interroger les rapports entre cinéma et B.D. en suivant la piste de la bande dessinée dite « d’auteur », qui elle aussi flirte de plus en plus avec le cinéma.
Est-ce que la bande dessinée, c’est du cinéma à moindre coût ?
Souvent revient la rengaine du décor qui serait moins cher à dessiner qu’à construire, et donc que les auteurs de B.D. seraient des sortes de cinéastes au rabais; ils en auraient les ambitions sans en avoir les moyens. Bien entendu, c’est faire fi de ce qui sépare irréductiblement le médium « cinéma » du médium « bande dessinée ».
Pour ouvrir le débat, citons :
- la dimension sonore : depuis la fin des années 20, le cinéma parle, tandis que la bande dessinée exprime le son par l’écrit (phylactères, onomatopées)
- la gestion du mouvement: continu en cinéma, éclaté en différentes images en bande dessinée
- la gestion du temps: temps de vision d’un film cadenassé par le cinéaste, temps de lecture d’un album de bande dessinée dépend du lecteur qui peut revenir en arrière, admirer un dessin ou se dépêcher
Mais que partagent alors les deux moyens d'expression ?
Cinéma de fiction et bande dessinée ne sont pas non plus les formes d’expression les plus antagonistes qui soient. Elles ont en commun de raconter des histoires en déployant des images. C'est déjà pas mal, et cela augure d’intéressantes perméabilités.
Mais en remettant chacun à sa place et en reconnaissant les spécificités de chaque médium, on pressent le désir d’une discipline à aller s’essayer dans l’autre, pour expérimenter ce à quoi elle n’a jamais eu accès. Le cinéaste peut envier la légèreté de production de la bande dessinée sans grosse équipe de tournage ni acteurs capricieux, l’auteur de B.D. peut désirer le mouvement continu ou le son.
La « nouvelle » bande dessinée
Au-delà des superhéros et du patrimoine de la bande dessinée de Papa recyclés sur les écrans, on voit donc des auteurs de B.D. s’aventurerà la réalisation de films : Satrapi adapte ses albums Persepolis et Poulet aux prunes, Sfar livre Gainsbourg (Vie héroïque), Sattouf signe les Beaux gosses, Rabaté devient réalisateur.
D’où viennent-ils ? Que veulent-ils? Rapide explication.
D’abord considérée comme un outil de distraction et d’éducation réservé aux enfants, la bande dessinée franco-belge avait de haute lutte conquis le droit d’aussi s’adresser aux adultes au cours des années 60-70. Mais dans les années 80-90, elle s’endort sur ses lauriers. Dans sa grande majorité, la production est très normalisée avec des séries aux héros récurrents dans des albums cartonnés de 46 planches, avec parfois quelques recherches formalistes de découpage un rien stériles. En bref, une industrie, qui d’ailleurs vend énormément.
Une poignée de jeunes auteurs, convaincus qu’autre chose peut exister, monte des maisons d’édition indépendantes et chahutent les codes. A leur programme, ils font de la bande dessinée un lieu légitime de recherche graphique et narrative, avec pour ambition la liberté.
Dans leur production, on trouve pêle-mêle un vent frais, de l’humour, une relecture des mythes et des genres (pirates, héroïc fantasy, …), de l’irrévérence et de la poésie, de la vie, de l’autobiographie, mais aussi une évolution des codes graphiques. Ainsi, le style de dessin n’a plus besoin d’être uniforme, il peut varier d’une case à l’autre et sa force expressionniste prime sur sa justesse académique. Ils jettent sur le papier une coexistence débridée d’univers et de dessins différents, soit une révolution aux accents postmodernes.
Face à cette imparable invasion, les éditeurs installés débauchent ces auteurs prolifiques, qui souvent mèneront une double carrière (projets tantôt chez les indépendants, tantôt chez les éditeurs importants de la place). Les étapes du succès s'enchaînent. Hugues Dayez publie un livre d'entretiens intitulé La nouvelle Bande Dessinée (Niffle, 2002). Les médias s'emparent du phénomène et contribuent au succès de Persepolis ou du Chat du Rabbin. Le prochain horizon sera le cinéma.
La « nouvelle bande dessinée » est-elle pour autant morte ? Non, car les pionniers continuent à publier, entraînant dans leur sillage une foule de nouveaux auteurs qui défrichent sans cesse de nouveaux pans du médium. En sus, une nouvelle avant-garde, plus radicale, plus picturale, souvent proche de l'art plastique, émerge comme l'a montré l'exposition récente Génération spontanée? à Angoulême, Paris et Bruxelles (au BIP jusqu’au 9 octobre 2011), consacrée aux éditeurs indépendants belges La Cinquième Couche, Frémok, l'Employé du moi, et alii.
Le passage au cinéma
Le cinéma, pas aveugle à la montée de cette génération d'auteurs rassemblée sous l'appellation « nouvelle bande dessinée », lance des opérations de séduction. L'hameçon ne prend pas tout de suite, même si on sent des envies de cinéma naître.
En 2007, Sfar est le dessinateur officiel du festival de Cannes, tandis que sa consoeur Marjane Satrapi monte les marches avec Vincent Paronnaud pour Persepolis, adaptation en film d'animation de son ouvrage éponyme. Persepolis empoche le prix du jury. Suivront Gainsbourg (Vie héroïque) et le Chat du rabbin de Sfar, les Beaux gosses de Riad Sattouf, Les petits ruisseaux et Ni à vendre ni à louer de Rabaté, Poulet aux Prunes des mêmes Satrapi et Paronnaud...
Qu'est-ce qui a permis le passage du papier à la pellicule ?
Certainement le fait que ce sont les auteurs eux-mêmes qui ont élargi leur champ d'action en investissant le cinéma, avec leurs qualités. Excellents raconteurs d'histoires, ils aiment toucher à tout et décloisonner les genres. Friands d'expériences nouvelles et affairés à plusieurs projets en parallèle, ils n'ont pas peur d'aller vers de nouveaux publics. Le cinéma, porteur d'un prestige certain, et sorte de nouveau terrain de jeu, leur offrait des possibilités inédites (son, musique, langage parlé, mouvement, direction d'acteurs, gestion du rythme).
Courtisés par le septième art et poussés dans le dos par les éditeurs, ils se sont lancés avec inventivité dans le défi, mais à condition qu'ils puissent eux-mêmes tenir les commandes de leur films : adaptations, animations ou créations originales.
Le résultat est à l'image de ce qu'est la « nouvelle bande dessinée » : diversifié, drôle, audacieux, rafraîchissant. On pourra lire suite à cet article général une série de commentaires sur des films portés par ceux qui viennent de la « nouvelle bande dessinée ». On y trouvera aussi quelques adaptations de « graphic novel » anglo-saxonnes ou de manga.
Car, ailleurs, dans d'autres foyers de bande dessinée que la mouvance franco-belge, on retrouve la même césure entre ouvrages de masse et oeuvres d'auteur. Et le cinéma s'est aussi intéressé à ces matériaux, caustiques ou sensibles.
Films commentés
- Les Beaux gosses, Riad Sattouf, 2009
- Gainsbourg (Vie héroïque), Joann Sfar, 2010
- Les petits ruisseaux, Pascal Rabaté, 2010
- Tamara Drewe, Stephen Frears, 2010
- Petit Vampire, d’après Joann Sfar, depuis 2004
- Quartier lointain, Sam Gabarski, 2010
- Persepolis, Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud, 2007
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Ghost World, Terry Zwigoff, 2001
- En bref
Qui de Hervé ou de Camel sortira le premier avec une fille ? Faut dire que le sujet les terrifie comme les obsède, ces deux gaillards plongés dans une vie qui s'étend de l'école à leur chambre, où ils baladent leurs corps disgracieux, leurs pulls difformes et leur lucidité effrayante.
Chronique sans concession de l'adolescence d'aujourd'hui, les Beaux gosses est à la fois juste, drôle et paniquant. Riad Sattouf, fin greffier du quotidien dans sa désopilante Vie secrète des jeunes (l'Association, 2 tomes) et explorateur scolaire dans Retour au collège(Hachette Littératures), n'a rien perdu de sa pertinence en écrivant et réalisant son premier long métrage. Il expose sans détour l'état de la jeunesse : vacheries continuelles, sentiments naissants, sexualité envahissante, humiliations, révoltes malhabiles, professeurs désespérés, rapport conflictuel aux parents, ... et accompagne le tout d'une musique électro à la fois punchy et mélancolique. La saveur est dans les dialogues, qui oscillent entre trivialité réjouissante et érudition précoce, et dans le jeu d'acteurs, impressionnant de désinvolture chez ces jeunes débutants. Tout l'inconfort et la gloire de l'adolescence résumés en 84 minutes.
C'est « chanmé » et vrai, une sorte d'Entre les murs version trash.
Joann Sfar, tête de file prolixe de la « nouvellebande dessinée », s'empare du personnage de Gainsbourg pour peindre un conte sur l'enfance, la judéité, les femmes, le succès, l'insolence et le dandysme.
En évitant tout biopic hagiographique, Sfar tresse un tissu de moments de la vie de Gainsbourg, les sublime et les détourne à sa manière, livrant un résultat baroque où apparaît un Gainsbourg poète qui n'accorde que peu d'importance à la chanson qui vient toute seule à lui. Sfar parvient à imprimer son style narratif (doubles et animaux parlants, scènes de séduction, …), tout en démontrant un grand appétit de cinéma : musique, danse, animation, marionnettes. C'est inégal, et peut-être davantage convaincant quand les effets ou sous-textes trop appuyés disparaissent, mais ludique et emballant.
On prend beaucoup de plaisir à voir ce détournement audacieux -sans être contre-nature- d'un mythe et à croiser une série de stars d'aujourd'hui jouer les vedettes d'hier (mention spéciale à la diction de Laetitia Casta en Bardot).
Doit-on attendre de mourir seul et en silence quand on est vieux ? Emile, veuf aux habitudes bien réglées, va être confronté à cette question en découvrant les secrets d'Edmond son copain de pêche.
Pascal Rabaté s'est fait un nom dans la bande dessinée en adaptant un roman d'Alexis Tolstoï (pas Léon) au lavis : Ibicus. Depuis, il développe ses histoires dans les cases et sur les écrans (son nouveau film Ni à vendre, ni à louer était dans les salles de cinéma cet été).
Si Rabaté réussit à transmettre les thèmes majeurs de sa bande dessinée, il peine à se détacher d'une adaptation trop littérale de son ouvrage. Ce qui fonctionnait bien en récit dessiné (rythme lent, patois, personnages secondaires truculents, évolution tacite mais expressive du protagoniste), laisse un goût gentillet dans son film. Par contre, quand il se permet l'un ou l'autre écart, on rit (ainsi du bal dansant avec DJ Pierre Kiroul). De même, quand il emmène son Emile dans un road movie cocasse, on sent en effet la vie qui refait surface, et le film endormi dans le 3° âge se réveille dans une jeunesse marginale. Bref, dans cet essai, Rabaté affûte ses armes de cinéma, Ni à vendre, ni à louer qui suit a bénéficié d'une critique assez favorable.
Il reste une bouffée de campagne, un film pudique sur un sujet sensible (la place des aînés, de leurs désirs et de leur sexualité) et une envie d'aimer la vie jusqu'au bout.
A Ewedown, au plein milieu de la campagne anglaise, la vie est tellement morne que des apprentis écrivains viennent y chercher le calme propice à leur inspiration. Tout ce petit monde endormi va s'emballer quand débarque Tamara Drewe, enfant du pays, devenue chroniqueuse londonienne extrêmement sexy...
Stephen Frears et sa scénariste ont élagué le graphic novel original de Posy Simmonds sans en perdre ni le mordant, ni le brio. Si certains détails narratifs ont été condensés ou réarrangés, on rit beaucoup, emporté par ce faux tableau pastoral où la plupart des personnages sont confondus dans leurs contradictions. Rythmé par une folle envie de foutre le feu aux apparences, le film est à l'image de ces deux gamines du village qui fourrent leur nez (avec ou sans rhinoplastie) là où il ne faut pas.
Le facétieux Stephen Frears trousse une comédie de moeurs jubilatoire aux accents moralistes et féministes; ses acteurs sont impeccables, à l'instar de Gemma Arterton dans le rôle-titre. Dans l'équipe de la médiathèque, on a beaucoup aimé.
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Série d’animation d’après la bande dessinée de Joann Sfar
Petit Vampire s’ennuie, il voudrait aller à l’école pour rencontrer d’autres enfants. Seulement, comme les vampires vivent la nuit, il n’y a pas grand monde à l’école à cette heure-là. Peu importe, Petit Vampire fait les devoirs de Michel qui, une fois le jour venu, n’en revient pas et entame une correspondance avec son mystérieux bienfaiteur. De là naîtra une amitié.
Les auteurs de la « nouvelle bande dessinée » (Trondheim avec la série Monstrueux, Sfar avec Petit Vampire) s’étaient aventurés dans le domaine jeunesse, avec l’idée d’arrêter de prendre ces derniers pour des imbéciles. Pas de monde lisse et rose bonbon, ni de langage simplifié jusqu’à la démence mentale, bref pas d’excès d’auto-censure.
Dans cet esprit, l’adaptation en série animée de Petit Vampire n’a peur de rien : Michel est orphelin et Petit Vampire est un vampire entouré de monstres, crocodile, pirates-fantômes, morts-vivants et même dans un épisode, des cavaliers de l’apocalypse version ivrognes. Le miracle est que toute cette faune est gentille et drôle, extrêmement sympathique en définitive. Loin du lugubre, l’univers est loufoque.
Dans Petit Vampire, on appréciera les différents niveaux de langage (blagues érudites pour les plus âgés), le graphisme qui rend bien la patte de Sfar (physionomie des personnages, utilisation de traits à l’encre, couleurs vives) et l’animation discrète et efficace. Le monde installé dans la série sur papier prend de l’ampleur à travers les différents épisodes animés, ce qui justifie amplement cette adaptation, supervisée par Sfar.
Une série pour les enfants qui ont des parents audacieux, qui d’ailleurs ne s’ennuieront pas.
Thomas, la bonne cinquantaine, auteur de bande dessinée fatigué, atterrit par un concours de circonstances dans le village de son enfance. Par un étrange évanouissement, il se retrouve dans sa vie d’adolescent dans les années 60, mais avec son esprit d’homme mûr.
Adaptation d’un manga de Jiro Taniguchi, qui vient la cautionner d’une apparition dans le film, Quartier Lointain version Sam Gabarski (film belge) transpose l’action du Japon en France.
On est mitigé quant au résultat. Il y a un côté vieille France, tendance sépia, à vrai dire tout à fait crispant. Au-delà de cette nostalgie proprette longuement exposée, les thèmes du film sont psychanalytiques et puissants: débusquer les non-dits familiaux, tenter de briser l’absence de communication avec la figure du père, échapper à sa vie pour se sentir libre, revisiter le passé pour tenter de le changer ou pour finalement l’accepter.
Au-delà de la féérie léchée, émerge un suspense familial éthéré, avec un Jonathan Zaccaï en père présent-absent, et ce qu’on a tous voulu faire au moins une fois : revenir en arrière pour mieux faire ou se réconcilier avec le passé.
Marji est une petite fille énergique qui vit en Iran dans les années 70. Autour d’elle, l’Histoire va s’emballer: chute du Shah, révolution islamique, guerre Iran-Irak. Dans la tourmente, la jeune fille tente de grandir en mettant en pratique la leçon de sa grand-mère: rester intègre à soi-même.
Marjane Satrapi avait raconté sa vie en quatre tomes dessinés à l’Association, elle les adapte ici en film d’animation avec la complicité de Vincent Paronnaud, connu dans le monde de la bande dessinée sous le pseudonyme de Winshluss (qui a signé une formidable version de Pinocchio).
Le film tient entièrement la route. L’animation réalisée à la main apporte profondeur de champ, grisés, mouvement, et démultiplie ainsi la proposition graphique de l’ouvrage de base. Le récit est nécessaire dans son ambition de raconter une trajectoire humaine dans une période troublée de l’Histoire. Il permet de passer outre les simplifications sur l’Iran, et de se rendre compte d’une lutte quotidienne pour vivre malgré tout.
Néanmoins, le film comporte les défauts de l’œuvre originale: l’autobiographie tourne parfois à la glorification des malheurs et des révoltes de la seule Marjane Satrapi, frisant l’égocentrisme de temps à autre. Marjane Satrapi, soit on l’adore (son succès dans les médias, son doctorat honoris causa à la KUL et à l’UCL, …), soit elle agace.
Prix du Jury à Cannes en 2007.
Enid et Becky ont terminé l'école secondaire. Que faire de leur temps : prendre en filature de supposés satanistes ou donner des rendez-vous foireux à ces pauvres types qui postent des annonces pour trouver l'âme soeur ?
Même si les épisodes narratifs varient, voire diffèrent totalement du comic book original, le film de Terry Zwigoff est fidèle à l'esprit de l'oeuvre percutante de Daniel Clowes (qui co-signe le scénario), tant dans ses codes visuels que dans son ton mordant à l'acide.
Enid, relayée par Becky, déteste tout autant l'Amérique « bien comme il faut » que les tenants de la contre-culture. Seuls les purs marginaux trouvent grâce à ses yeux; ils sont tellement effrayants qu'ils en deviennent « géniaux ».
Ghost World est une errance dans l'Amérique des fast-food et des stations-services, qui raconte le passage à l'âge adulte, quand on sait tout ce qu'on n'aime pas, mais qu'il y a encore du chemin avant de savoir ce qu'on veut être.
Avec un mauvais esprit hautement comique, et en compagnie de Thora Birch, de Scarlett Johansson quand-elle-n'était-pas-encore-connue et de Steve Buscemi, on dit « oui ».
Dans la même mouvance, bientôt disponible à la médiathèque
- Petit Vampire fait du kung-fu, d’après Joann Sfar
- Le Chat du rabbin, Joann Sfar
- Ni à vendre ni à louer, Pascal Rabaté (décembre?)
- Poulet aux Prunes, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (attendons qu’il sorte en salles…)
En bref
Graphic novel de Alan Moore et David Lloyd dont les frères Wachowski (Matrix) se sont emparé pour en confier la réalisation à James Mc Teigue. Emmené par Natalie Portman, un efficace film de studio qui rappelle la nécessité de la subversion, même face à la pensée unique.
Cronenberg est allé chercher dans un comic un sujet qui lui va comme un gant: la relation ambigüe de l’Amérique à la violence. Il suffit de déstabiliser le rêve américain stéréotypé avec quelque menace pour que les pulsions tapies explosent. Comme d’habitude chez Cronenberg, la dénonciation de la violence s’accompagne de son exposition savamment mise en scène : ambigu disait-on.
Scott, pour conquérir la mystérieuse Ramona, doit affronter en combat singulier ses 7 exs. Un grand n’importe quoi, inondé de culture « jeux vidéos ». C’est tellement énorme que ça en devient foutrement ludique. Adapté d’un comic.
Dans l’avalanche Tintin, on ne va pas résister à l’envie d’aller revoir ces fameuses oranges bleues. Avec cette question célèbre: le capitaine Haddock a-t-il oui ou non la même voix que dans les albums ?