Dans les coulisses du FOMU...
Depuis la gare d’Anvers-Berchem, le bus 30 nous emmène en une vingtaine de minutes au FOMU. La balade est agréable et nous plonge d’emblée dans l’effervescence de la ville puisque successivement, nous traversons les quartiers d’Haringrode et de Oud-Berchem, celui de Markgrave (où l’on se plairait à faire une halte dans le parc Hof van Leysen), celui de Brederode et de ses cafés branchés, pour enfin arriver dans le désormais très en vogue « Zuid » où les foodies et les passionnés d’art (aussi bien anversois que visiteurs) peuvent satisfaire leurs appétits.
C’est que, depuis plusieurs années, le Zuid connaît une véritable régénérescence qui n’est pas prête de s’arrêter. Les Quais Sud sur lesquels le FOMU a élu domicile depuis 1986, sont actuellement en pleine rénovation, prêts à être transformés en espaces verts et le Nieuw Zuid (nouveau sud) se profile afin d’accueillir de nouveaux résidents.
C’est la première fois que je me rends au FOMU et c’est un peu honteuse que je découvre (seulement maintenant !) ce musée belge incontournable. Passé la superbe Waterpoort (l’une des entrées historiques de la ville), le bâtiment en briques et pierres s’impose. Il s’agit d’un ancien entrepôt où étaient stockées des denrées alimentaires provenant de l’activité portuaire d’Anvers.
Le musée respecte clairement les tendances muséales actuelles puisqu’il est devenu espace de vie. Les visiteurs venant en nombre découvrir la qualité des collections, le café et la boutique, tous participent au dynamisme du FOMU.
“La singularité du projet d’aménagement se situe dans le choix éthique qu’a voulu faire le FOMU en pensant son dépôt de manière écoresponsable. — ”
Collection En Transit est une exposition conçue à partir d’une opportunité qui s’est présentée avec l’arrivée d’une nécessité, celle de créer un espace plus grand et mieux adapté pour accueillir les collections grandissantes du FOMU. Mises à part les photographies, le musée héberge en effet une vingtaine de milliers d’appareils photo ainsi que de nombreux ouvrages consacrés à la photographie.
C’est donc pour ces raisons que le FOMU a fait le choix de déménager ses collections dans une tour jouxtant le musée : la Tour Lieven Gevaert (qui fait référence au célèbre industriel belge à l’origine de la création de la société Agfa-Gevaert). La singularité du projet d’aménagement se situe dans le choix éthique qu’a voulu faire le FOMU en pensant son dépôt de manière écoresponsable. En effet, une fois le déménagement terminé la tour pourra se vanter d’être le premier dépôt basse énergie dédié à la photographie en Europe.
Compte tenu de ce projet, le FOMU a sauté sur l’occasion pour concevoir une exposition lui permettant de partager les coulisses du musée en mettant un coup de projecteur sur son fonctionnement, ses missions et les différents acteurs qui lui permettent d’avancer.
Concrètement, l’exposition s’étend sur un étage. La scénographie a été pensée autour d’espaces-ateliers conçus spécifiquement pour l’occasion et ayant pour objectif de livrer aux spectateurs des connaissances concernant le travail quotidien des membres du personnel du FOMU à savoir : la conservation, la gestion et la visibilité des pièces des collections.
Balayant la salle du regard, l’œil est attiré par un atelier où l’on peut observer des personnes en plein travail d’enregistrement des œuvres et objets acquis par le musée. On comprend toute la minutie qu’exige une telle occupation. Un deuxième atelier destiné à la restauration des collections est aussi visible et en se baladant de part et d’autre, on découvre des photographies et des appareils photo qui retracent l’histoire du médium. On en apprend également beaucoup sur le quartier dans lequel s’est implanté le FOMU au travers de photographies datant du début du XXème siècle.
La singularité du FOMU est perceptible grâce aux dioramas qui mettent l’accent sur la particularité des collections. Le musée de la photographie d’Anvers, s’il possède de nombreuses œuvres d’artistes internationaux, est riche d’un patrimoine national avec le Fonds Willy Kessels par exemple ou encore avec les nombreux appareils fabriqués en Belgique notamment par l’entreprise Agfa-Gevaert. Incontestablement, le plus impressionnant d'entre-eux est « L’Éléphant », un appareil photo gigantesque (4.60 x 1.90 m) datant de 1940 fabriqué lui aussi en Belgique et bientôt en restauration.Finalement, l’exposition est (comme son nom l’indique) une zone de transit pour les acquisitions du FOMU qui attendent d’être acheminées vers leur nouveau dépôt. Une belle occasion pour les passionnés de photographie et pour les curieux, de (re)découvrir tant des objets et images du passé que ce qu’il se passe dans l’arrière-scène d’un musée.
Alicia Hernandez-Dispaux
Photographie de la bannière : Ferdinand Claes, N. V. Blauwvriesveem, pakhuis Vlaanderen, 1911-1945, ontwikkelgelatinezilverdruk, Collectie FOMU P/2003/75/4
Exposition visible jusqu’au 10 février 2019.
Ouvert du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures.
Site web : https://www.fotomuseum.be/
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