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Le 75 : crise sanitaire et école d’art

50 ans de l'école Le 75 - bandeau

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publié le par Rgpd_16_2023-01-04

Retour sur l’impact du coronavirus dans une école d’art : le 75, à Bruxelles. Christophe Alix revient sur tout le processus, ses vécus, conséquences, la nécessité de se réinventer. Et évoque ce que l’art peut apporter à une société meilleure.

PointCulture : Comment arrête-t-on une école lors d'une pareille crise sanitaire ?

Je ne sais pas comment on l’arrête, mais, ce qui est sûr, c’est qu’il a fallu que les activités du Septantecinq, comme toutes les autres, s’arrêtent très brutalement. La situation chez nous était assez rocambolesque car nous étions en train de finaliser la préparation de nos Portes ouvertes. Je faisais des allers-retours entre le 75 et des réunions avec le bourgmestre de la commune de Woluwe-Saint-Lambert (notre pouvoir organisateur), ce dernier était alors fort critiqué pour avoir pris la décision, contre l’avis du gouvernement provisoire de l’époque, d’interdire à toute personne de la commune qui revenait du Nord de l’Italie après les congés de Carnaval de réintégrer les établissements publics. L’éducation supérieure n’ayant pas ces congés, nous n’étions pas concernés. Il nous semblait néanmoins inimaginable à ce moment-là de devoir tout stopper pour aller se confiner chez soi.

" L’énergie déployée par notre semaine de création, en préparation aux Portes ouvertes, était tellement intense que rien n’existait vraiment en dehors de cela. C’est seulement la veille de leur ouverture que j’ai commencé à imaginer que nous pourrions nous contaminer les uns les autres. " — -

J’ai convoqué alors enseignants, membres du personnel et étudiants, qui étaient prêts à se déplacer au 75 le lendemain matin tôt pour discuter et décider de ce que nous allions faire. Une heure avant d’ouvrir les portes, nous prenions collectivement la décision de les reporter. C’était une sage décision, que je n’aurais pas pu prendre seul. Dans la foulée, je demandais l’autorisation au bourgmestre de fermer les sites du 75, sans attendre ce qui s’annonçait être, quelques jours plus tard, le confinement général. Fort heureusement, nous ne déplorons aucun décès lié au Covid-19 chez nous à ce jour.

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PointCulture : Y a-t-il, en l’occurrence, une spécificité "école artistique" ?

Peut-être que, dans un contexte de crise, une école d’art a plus facilement cette faculté de se réinventer, à rebondir à des changements. Dans une école d’art, on apprend tous les jours à être créatif, trouver des solutions à des problèmes, se préparer à l’inattendu, aux incertitudes et à décloisonner les choses de la vie. Une école d’art n’est pas un espace figé dans lequel la matière d’un enseignement est ancrée dans des schémas normatifs ou des doctrines issus d’une forte hiérarchisation des connaissances et de prises de décisions trop éloignées de la base. De plus, une école d’art – la nôtre étant, en plus, à taille humaine – est un espace sur le terrain plus autonome et libre que tout autre établissement d’enseignement supérieur qui compte plusieurs centaines ou milliers de personnes. Par conséquent,

" une crise sanitaire comme celle-ci solidarise plus les liens entre les gens dans les petites structures, elles savent tout de suite où elles peuvent se tourner pour demander de l’aide.Et puis, les écoles d’art regorgent de personnes qui ont des sensibilités bien plus exacerbées qu’ailleurs. " — -

Une situation où l’on s’empare des libertés individuelles, même si cela se fait au nom d’une cause sanitaire commune, peut être vécue de manière violente par de nombreux artistes.

PointCulture : Qu'est-ce que ça crée comme drames, débats, angoisses, avec les élèves, entre profs, entre profs et élèves, avec les parents ? Quel est le "fouillis" d'histoires qu'un directeur doit écouter, gérer, organiser ?

La nouvelle de la propagation du virus était devenue extrêmement anxiogène pour un petit nombre de personnes qui vivaient jour et nuit l’actualité sur leurs écrans. La semaine précédant le confinement, certaines de ces personnes étaient devenues incontrôlables. J’ai même dû renvoyer des membres du personnel et des étudiants chez eux parce qu’il était clair qu’ils devaient se confiner plus tôt que les autres, pour éviter de propager leurs angoisses. Je recevais de France des coups de téléphone de parents inquiets qui se préparaient quelques jours plus tôt au confinement. Ils voulaient que leurs grands enfants se confinent avec eux. Mais quand je parlais aux étudiants concernés, ils me disaient : « Oui c’est bon, j’ai un papa super inquiet pour moi, je vais régler ça ».

" Je passais la plupart de mon temps à réguler certaines angoisses. Tout le monde s’est forcément mis à s’organiser pour aider des proches ou se préparer eux-mêmes au confinement, que l’on sentait arriver très prochainement. " — -

Le weekend suivant les Portes ouvertes que nous venions d’annuler, nous avions organisé une dernière journée au 75, il y avait une curieuse atmosphère, le téléphone n’arrêtait pas de sonner, des personnes voulaient être rassurées sur le fait que le 75 allait bien fermer ses portes physiques, comme si elles demandaient qu’on les pince pour dire : « Oui c’est vraiment réel ce qui est en train de se passer ».


PointCulture : Quels contacts conserver ? comment garder le lien ? concrètement, comment organiser la fin d'année, les jurys, etc. !?

Dans les dix ou quinze premiers jours du confinement, la priorité a été donnée à l’humain alors que le ministère nous demandait immédiatement d’embrayer sur l’organisation d’un enseignement à distance, c’était absolument hallucinant. Je crois que cette première période de confinement a été la plus intense de toute ma vie professionnelle. Des étudiants et membres du personnel étaient touchés de plein fouet par des situations parfois extrêmement difficiles à vivre. Il a fallu gérer des retours d’étudiants bloqués dans plusieurs pays, des étudiants qui ont tenté de rejoindre leur famille à l’autre bout de la planète, des étudiants bloqués dans des trains bondés en pleine campagne pendant plusieurs heures en France, d’autres sans moyens de communiquer avec nous mais qui tentaient par des moyens détournés de nous alerter de leur situation, quelques-uns malades et inquiets, d’autres en crise d’angoisse ou dans des situations financières tellement difficiles

" ils se demandaient comment ils allaient faire pour payer leur loyer ou manger, car rappelons que beaucoup d’étudiants travaillent dans l’Horeca, sans chômage technique possible, " — -

des enseignants en décrochage psychologique, etc. Bref, nous avons passé des centaines d’heures à régler des problèmes très variés. Avec du recul, beaucoup de ces situations étaient liées à des crises de panique, la peur d’une fin, de ne pouvoir rejoindre les siens, de se retrouver à la rue, etc. Nous avons enclenché en urgence toutes les structures d’aides que nous pouvions à l’interne, certaines heureusement déjà en place. Il fallait soutenir le maximum de personnes en un temps record : les fonds sociaux, les aides psychologiques, le soutien de notre médecin, les aides informatiques et techniques, celles des assistantes sociales, etc. Je dois dire que j’ai été vraiment impressionné par l’équilibre qui a pu s’opérer entre ceux et celles qui avaient les reins solides pour opérer cette transition et ceux et celles qui avaient besoin de soutien. J’ai été ensuite soulagé de constater que nos étudiants et membres du personnel avaient réussi à trouver une certaine stabilité matérielle ou psychologique, même toute relative. Je pense que nous avons pu traiter toutes les difficultés et si une situation de détresse nous a échappé, c’est qu’elle n’est jamais arrivée jusqu’à nous ou alors elle se serait perdue dans le flux des requêtes.

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Et puis, les choses se sont calmées alors que nous entamions une grande période d’inconnu et d’incertitude sur l’organisation des cours à distance. Pour une école d’art, c’est un peu comme demander à un architecte de construire une maison dans le ciel. Tous les cours artistiques dépendent d’un certain rapport à la matière. Un sérigraphe, un graveur ou un photographe pratiquent avec leurs mains, et des équipements spécifiques leur sont nécessaires pour produire. Je vais dans le même sens que l’artiste et ancien professeur de peinture au 75, Jean-Pierre Scoufflaire, qui m’a écrit quelques jours après le début du confinement que « le monde désincarné au travers d’écrans plats n’est pas très vivable ». Quelques semaines plus tard, je dois constater que quasiment tout le monde, même ceux et celles qui étaient avant cette pandémie tout à fait réticents à même imaginer donner des cours en ligne, s’y sont mis.

" Certains enseignants ont exploré de nouveaux outils de plateformes en essayant de sortir des grandes enseignes. La capacité d’adaptation de l’humain est assez incroyable. Ceci dit, j’insiste sur le fait que l’on s’adapte, du moins pour l’artistique, à une situation qui ne pourrait durer. " — -

C’est absolument inimaginable de continuer à envisager un enseignement artistique à distance. Si on le fait aujourd’hui, c’est parce qu’il n’y a pas d’autres choix possibles ou, pour faire court, disons que si de nouvelles perspectives d’enseignement en ligne sont possibles aujourd’hui, elles doivent, de mon point de vue, être complémentaires à un enseignement en présentiel.


PointCulture : Comment recréer une perspective éducative dans un contexte qui détruit les perspectives ?

On affronte de nouvelles inconnues et, en même temps, on peut le dire, ce sont aussi de nouvelles perspectives qui s’ouvrent. D’un côté, il ne faut pas se leurrer, l’artistique va devenir de plus en plus une exception aux expériences en ligne, l’éducation en ligne, le travail en ligne, la vie en ligne. Le défi à venir est énorme pour les artistes et les écoles d’art. Je crains fort que le secteur artistique s’appauvrisse ou se retrouve étouffé à terme par un conditionnement lié aux mesures sanitaires mises en œuvre et qui deviendrait trop systématique sur une durée trop longue. Il va falloir avoir les reins solides et être aidé pour que le secteur artistique soit reconnu comme domaine indispensable à la vie d’une société. De mon point de vue,

" il ne faut plus penser l’artistique, le petit commerce ou la santé de manière différenciée. Il faudrait réinventer notre manière de vivre pour enclencher une déconsommation, une désaccélération économique, une décroissance volontaire en vue de renverser la relation de la société à la production de masse et l’économie de marché. " — -

Je ne suis malheureusement pas enclin à imaginer que cela va se faire dans les prochaines années. Il faudrait pour cela traverser une crise bien plus grave, une crise qui ne donnerait plus aucune autre option à l’humain, qu’il soit contraint à mieux se réorganiser et qui l’oblige à retrouver un équilibre entre son habitat, sa consommation et son environnement… Nous ne pouvons pourtant plus fonctionner de la manière dont nous l’avons fait depuis plus d’un siècle, nous ne pouvons plus consommer en surabondance comme nous le faisions avant cette crise. Nous ne pourrions agir comme si nous n’avions rien compris à ce qu’il venait de se passer. Il faut se demander quelles sont les choses essentielles à notre organisation collective sur Terre. Pour moi, elles se résument à quelques éléments : avoir un revenu minimum, recevoir une éducation pour la vie, qui inclut entre autres une éducation civique, physique, scientifique, méditative, artistique et littéraire, et que tout le monde puisse avoir accès aux soins de santé. Tout le reste est, de mon point de vue, superflu.

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PointCulture : Beaucoup d'intellectuels - scientifiques, sciences humaines - attirent l'attention sur le fait que cette crise n'est pas une parenthèse, c'est un symptôme – en effet, le surgissement de tels virus dépend de notre impact sur l'environnement –, et qu'il faut en profiter pour penser d'autres modèles culturels de vivre ensemble à l'échelle de la planète...

Il y a d’abord, bien entendu, des situations dramatiques où la précarité de nombreuses personnes nous saute encore plus aux yeux face à de telles circonstances. Il s’agit ici pour ces personnes d’une question de survie, le reste n’a alors plus trop d’importance. Pour les autres, celles et ceux qui ont un toit et de quoi se nourrir, j’ai constaté que le premier réflexe a été souvent de ressortir de vieilles photos ou de vieux carnets à relire, une sorte de soudaine rétrospective avec soi-même, comme pour se dire : « J’existe bien et j’ai bien vécu en fait ». J’ai trouvé cela étonnant comme premier élan du confinement, à l’image de toutes ces personnes qui postaient une photo de lui ou elle enfant sur les réseaux sociaux. Et puis, quand le rangement et la poussière de la maison ont été faits, c’est là où j’ai personnellement eu l’impression que l’on entrait les uns et les autres plus en profondeur dans les choses essentielles de la vie. Pour ma part, j’ai réappris à me lever tous les matins en me disant, d’une part, que je suis mortel et que les petites tracas de la vie quotidienne sont franchement des broutilles par rapport au reste et, d’autre part, que notre planète a des choses plus bien fortes à exprimer que nous, les humains, qui sommes de simples passants et passeurs, mais encore faut-il apprendre à se rendre disponible à cette écoute. Pendant le confinement, il n’y avait par exemple plus de pollution sonore, les sismologues pouvaient réellement entendre la Terre, nous ne nous faisions plus réveiller par un avion ou une voiture en pleine nuit. J’ai espoir que ces multitudes d’expériences positives de confinement auront réellement eu un impact intro-rétrospectif, même inconscient, sur chacun d’entre nous à l’échelle planétaire.


PointCulture : Dès lors, en quoi ça questionne le travail des artistes ? Et en quoi ça interfère dans le projet pédagogique d'une école d'art ? Autrement dit, en quoi l'enseignement artistique, d'une certaine manière, ne sera pas le même après la crise sanitaire ?

L’artiste a d’ordinaire quelque temps d’avance sur la société. Il/elle a des choses à exprimer sur l’état du monde. Il faut les voir, les écouter, se rendre disponible pour les contempler et y réfléchir. En tant qu’artiste, je remarque que l’emprise sur les questions écologiques est devenue incontournable et je m’en réjouis. Nous ne pouvons plus, par exemple, créer une œuvre artistique qui dénoncerait les dérives d’une société consumériste et continuer à faire le tour du monde en avion. Il faut trouver d’autres moyens. De la même manière, une école d’art doit s’emparer de ces problématiques pour y apporter des réponses.

Je rêve ensuite d’une école d’art dans laquelle des débats de fond émergent ou circulent, d’un espace détaché d’une organisation politico-institutionnelle contraignante, d’une collectivité qui produirait de manière autosuffisante ses ressources premières en partage, d’un enseignement encore plus partagé qui serait recentré sur une pratique artistique moteur d’un réel engagement pour le bien de tou·te·s, et pas seulement de soi-même. Mais nous sommes très loin de tout cela.

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PointCulture : Quelles pratiques artistiques, culturelles, avez-vous envie de conseiller, en temps de confinement, mais aussi pour après ? Et là, dans ce contexte, qu’as-tu lu, écrit, écouté, regardé… ? Quelle serait ta playlist, pas seulement de résistance, de préparation à une renaissance post Covid-19?

Nous avons une chance inouïe de vivre à la campagne et, dès le premier jour du confinement, j’ai commencé, comme d’autres qui partagent cette même chance d’avoir un peu de terrain, à faire un potager et à acheter quelques poules chez une voisine fermière. Cela m’a conduit à me projeter dans une vie où nous serions à terme autosuffisant et, si tout ce que j’ai mis en route pouvait fonctionner, de pouvoir partager ou troquer les récoltes avec la famille et les amis.

J’ai dévoré des textes de Rabhi, Charron, Domenech, Dekarz, sur la permaculture, l’agroécologie, l’agrobiologie, la ponte des œufs ou le compagnonnage des plantes, je tiens un carnet et j’expérimente sur le terrain. C’était pour moi une façon de vivre pleinement ce confinement et me préparer à un autre lendemain. Sinon,

" mes lectures se sont plus naturellement tournées vers des penseurs, poètes ou philosophes que des romanciers. En ces temps de bouleversements, j’ai beaucoup de mal à lire des fictions, tellement la réalité la dépasse. " — -

J’ai par exemple découvert Naomi Klein ou Philip Mirowski, que je ne connaissais pas. Je relis Artaud, Foucault ou Rancière, son dernier livre Le Temps des paysages est d’ailleurs révélateur du lien entre la représentation des jardins, l’écologie et la politique. D’Artaud par exemple, j’ai absolument voulu relire Le Théâtre et la peste dès le début de la pandémie. Je ne le trouvais plus dans ma bibliothèque, j’ai passé une nuit à chercher tellement cette lecture me paraissait vitale. Artaud est pour moi le plus grand poète visionnaire que je connaisse. Dans Le Théâtre et la peste, il relate l’histoire de ce vice-roi sarde qui avait une réputation d’être un peu fou et qui, une nuit, a rêvé que les habitants de son île étaient décimés par une maladie mortelle qui arrivait par la mer. Le lendemain matin, un navire marchand devait rejoindre le port de Cagliari. Le vice-roi a ordonné à ses soldats que l’on empêche le bateau d’accoster, les habitants étaient stupéfaits et furieux. Pour beaucoup, c’est tout leur commerce et les échanges de marchandises qui allaient tomber à l’eau. Le navire a donc rebroussé chemin et a continué sa route vers Marseille. La propagation de la peste noire dans le port de Marseille et dans la ville a été tellement foudroyante que les témoignages en sont restés vivants des siècles après.

Dans un autre registre, j’ai essayé les musées virtuels, mais ils m’ont très vite ennuyé. Mon expérience de spectateur dans une exposition va au-delà de l’œuvre, elle doit aussi s’inscrire dans une expérience de vie. C’est dans ces moments extrêmes où nos libertés sont confisquées que l’on se rend compte que les arts sont touchés au plus profond d’eux-mêmes.

Pour ce qui est des films, comme je le disais, j’ai eu du mal avec des narrations qui n’avaient plus vraiment à voir avec ce que nous traversions. Je décrochais, au bout de quelques minutes, des narrations qui abordent la vie d’antan et, si je persistais, c’était pour réaliser que nous étions arrivés à un point de plus extrême lassitude et absurdité dans la prépotence de l’homme occidental à vouloir tout contrôler et posséder. C’est dans cette perspective que j’ai regardé Marriage Story, un très bon film au demeurant, sur les dérives d’un système légal aux États-Unis, les séries Succession ou Tiger King, où l’arrogance et le cynisme de l’homme occidental autour de l’argent et la gloire sont tout simplement ennuyeux et intenables.

J’ai pu revoir des films de Claire Denis, elle nous amène tellement loin dans des espaces poétiques traversés par la grande solitude, le film The Lighthouse de Robert Eggers, avec son huis-clos et ses deux personnages énigmatiques, joués par les excellents Robert Pattinson et Willem Dafoe, confinés dans un phare. J’ai aussi revu Le Mariage de Maria Braun de Fassbinder. Cette histoire se déroule dans les premiers jours qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale dans un Berlin détruit par les alliés et dans lequel des personnages obscurs survivent et reproduisent les mêmes atrocités à plus petites échelles. Bien qu’il soit déprimant sur la condition humaine, ce film nous parle avec grande justesse de l’injustice raciale et sociale.

Au-delà de tout cela, mes projets artistiques en cours n’ont pas avancé, je les reprends doucement. Je ne puise rien d’autre que des idées qui se bousculent sur notre devenir, une contemplation plus accrue de la nature environnante, des pauses de lecture, d’écriture, des moments de cuisine et de méditation.

" Je refais le monde avec des amis à distance et je rêve puissamment la nuit. " — -

Christophe Alix (LE 75 ESA, Bruxelles)

(propos recueillis par Pierre Hemptinne)


> Site ESA le 75



Photos :

  1. Viens chez moi, j’expose au 75, photo CpProd, Woluwe-St-Lambert, mars 2019
  2. Délibération de jury artistique du 75, Supermarché Aldi, Auderghem, juin 2019
  3. Photos extraites du livre 50/75, les 50 ans du 75, photo Cprod, 2019
  4. Photos extraites du livre 50/75, les 50 ans du 75, photo Cprod, 2019
  5. Jury artistique, Supermarché Aldi, Auderghem, juin 2019

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