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Culture : la part des femmes

Culture : la part des femmes 2

culture, genres, Culture & Démocratie, journal

publié le par Pierre Hemptinne

Le N°50 du journal de Culture & Démocratie revient sur l’onde de choc #Me Too qui continue à secouer le monde de l’art. Quel impact pour la création culturelle dans la société ? Pourquoi est-ce si important de veiller à une parité entre les genres dans les métiers de la culture ?

La particularité du secteur culturel est qu’il construit, confirme ou détourne les clichés et stéréotypes inconscients. Comme l’écrit Anne Vanweddingen : « c’est un secteur qui repose sur la transmission d’idées, d’univers, d’histoires » et qu’un tel rôle, au niveau de la formation des imaginaires et des sensibilités est difficilement crédible s’il se passe « de la moitié de l’humanité » en privilégiant un « entre soi qui aboutit à la reproduction du même ».

Féminisme rime avec toutes les minorités

En questionnant la place de la femme dans la fabrication des biens culturels, Nadine Plateau, qui a coordonné le sommaire, annonce la couleur d’emblée : les actions féministes participent d’une lutte beaucoup plus large « contre les processus d’effacement dont sont victimes les groupes minorisés ». Il s’agit de penser un combat « porteur d’émancipation » pour tou·te·s, comme une « chance de développer une pensée et une pratique de la dissonance dans la culture, de la subversion dans le symbolique », en ouvrant le champ des possibles sans préjuger des formes qui peuvent en advenir : « ce que donnera cette subversion ne peut être prédéfini », c’est à construire ensemble.

Un sommaire qui donne les clés pour faire progresser la décolonisation des esprits, des sensibilités, depuis l’école, la création artistique, la place publique, les institutions, les différentes scènes d’un devenir collectif à inventer — -

Le journal apporte des informations qui permettent d’objectiver l’absence de prise en compte de la femme dans le secteur culturel en Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment avec Alexandra Adriaenssens qui nous confie surtout, en fait, la difficulté d’obtenir des informations chiffrées actualisées, et donc le peu d’intérêt pour les disparités en place. Ariane Estenne fait le point sur l’action de la ministre Alda Gréoli pour améliorer la prise en compte de l’élément « genre » dans les institutions culturelles. Le Collectif Elles font des films détaille la situation dans le cinéma. Muriel Andrin et Véronique Danneels scannent les programmes qui forment les artistes et déterminent l’histoire de l’art : les clichés genrés dans les académies ont la vie dure, « l’éternel féminin n’est pas prêt de disparaître » et « tant que l’on n’est pas conscient·e·s de l’existence d’autres modèles que ceux du patriarcat, les options continuent à être limitées. »


Carmela Chergui fait un point sur les femmes dans le monde de l’édition. Petra Van Brabant, en dialogue avec Bwanga Pilipili, plaident de façon radicale pour un « féminisme intersectionnel et décolonial » qui en passe par des changements éducatifs plus importants qu’une simple parité de façade : « Selon moi, le système – vraiment non-féministe – favorise la compétition, la concurrence et la jalousie. Dans les écoles, les relations de pouvoirs ne sont pas discutées, ni étudiées et l’idée d’éduquer en collectif et pour le collectif est complètement absente. » Deux chercheuses, Nikita Dhawan et Caroline Glorie font émerger des sources historiques structurantes (Les Cahiers du Grif) ou théorisent la nécessaire dimension transnationale, non sans critiquer l’ambivalence des réseaux sociaux dans certains activismes. Isabelle Bats livre une punchline témoignant de la démarche du collectif F.(S), et un groupe de discussion à l’ERG, réunissant direction, enseignant·e·s et ancien·ne·s étudiant·e·s font partager la difficulté d’inscrire réellement l’égalité des genres dans leurs pratiques pédagogiques. À titre d’exemple d’action, un retour sur le rendez-vous récurrent Féministe toi-même, initiative de Librex, Amazone, Garance et PointCulture. Bref, un document bien riche, diversifié, féministe et volontairement décolonial pour faire avancer le schmilblick. Si vous craignez de ne pas vous y retrouver, soyez sans crainte, un glossaire vous aidera à prendre pied dans ces réflexions et témoignages indispensables.

  • Journal gratuit disponible dans tous les PointCulture
  • Le N° 50 est illustré par des dessins de Françoise Pétrovich tirés de sa série Rougir. Françoise Pétrovich a exposé en 2018 au Centre de la Gravure, exposition dont PointCulture a rendu compte. À lire !

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