Danse : E-CO.system : un corps connecté à son environnement
Une cyborg dans un E-CO.system
Dans la pénombre du début, un corps apparait, un amas mouvant, une vie informe mais bouillonnante. Un son tombe sur la scène, léger, presque fragile. Il s’extrait du bruit de fond, lui donne du relief. Il appelle les premières images, elles aussi éparses et éphémères, qui jaillissent de la vibration initiale. Peu à peu, les sons s’harmonisent, les décors apparaissaient, les mouvements s’accélèrent, le récit commence. Un rythme apparait en même temps que le corps acquiert une structure. Il se déplie, se meut, se redresse, teste ses appuis, cherche sa place puis se met à danser. Le spectacle raconte l’apparition de la vie puis l’impact des actions humaines.
S’il s’agit de sensibiliser le public sur des comportements qui portent atteinte à la bonne santé de l’environnement, il s’agit surtout de rendre visible une relation, de faire émerger la sensation d’interdépendance.
Pour signifier l’interconnexion entre le milieu de vie et les actions humaines, le corps de l’artiste est équipé de capteurs sensoriels. Les mouvements de la danseuse épousent la musique faite de sons naturels et artificiels mais l’influencent aussi, lui impriment un geste, créent une friction. Telle une créature cyborg, la danseuse évolue dans l’image et se réapproprie le pouvoir d’interaction ainsi révélé sur son environnement. Elle vit avec son environnement, reçoit des informations, des émotions, qui la font se mouvoir. Dans le même temps, ses mouvements pénètrent le milieu, modifient sa structure, sa nature.
« Nous ne sommes pas seuls. Nous faisons partie d’un écosystème. Toutes nos actions ont une influence sur notre environnement. La relation entre l’humain et la nature est beaucoup plus intime que ce que nous voyons. » — Guida
Le geste initial pour Guida nait dans le besoin de partager une préoccupation environnementale avec le public, dans l’envie d’inciter à porter un regard plus concerné sur son environnement proche. Il faudrait « traiter davantage la rue, toujours envahie de déchets, comme un chez soi, comme son salon. Les gens sont trop éloignés de leur environnement et ont pris l’habitude de déléguer à d’autres instances la responsabilité de l’action ».
Les préoccupations environnementales devenaient lourdes à porter pour l’artiste. « Je me suis dit qu’en tant qu’artiste, je devais faire quelque chose. C’est par la danse que je veux parler aux gens. C’est peut être bien de parler de ce sujet de la manière qui me convient le mieux, c’est-à-dire la danse et la création artistique. Au début je voulais travailler sur la fragilité des écosystèmes en général. » Puis s’est glissé dans la réflexion le constat que les discours scientifiques utilisent un langage qui n’est pas toujours audible par le citoyen. « C’est souvent lointain dans l’abstraction, lointain aussi dans le temps et l’espace. L’idée m’est alors venue de revenir à une échelle locale et une approche plus sensible. »
« Je crée une musique ou une ambiance et ensuite j’essaie de transmettre des sensations. Comme dans l’art abstrait, parfois, quand tu regardes, tu ne sais pas ce que tu regardes mais tu ressens quelque chose. J’expérimente beaucoup et puis je compose le mouvement. La musique est traduite en émotions puis en mouvement ». — Guida
L’utilisation des nouvelles technologies
Dans sa création, les nouvelles technologies interviennent beaucoup. Elles influencent le travail comme un paramètre qui s’adapte au projet mais qui lui donne aussi une certaine forme. C’est aussi une contrainte pour les mouvements du corps.
Ce qui dans son projet permet de se réapproprier de la capacité d’action, c’est le passage par la réaction physiologique, par le corps, par le cœur, par les sensations et les émotions. La danseuse apparait telle une créature hybride qui révèle ses connections à son environnement et nous incite à en faire autant.
Informations :
Direction artistique, Chorégraphie et Interprétation - Guida Inês Maurício
Programmation et opération des systèmes interactifs, Effets visuels et sonores - Manu Talbot
Production et Composition musicale - Laurens Desmet
Captation et production d'images/vidéo - Jochen Theys
édition vidéo - Guida Inês Maurício et Jochen Theys
Installation et programmation des capteurs de mouvement - Tiago Maurício et Manu Talbot
Dessin de lumières, décors de scène et costumes - Guida Inês Maurício
Réservation sur le site des Riches-Claires