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De l'eau à Bruxelles

brusseau

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publié le par Frédérique Muller

La ville s’est peu à peu rendue imperméable à l’eau de pluie et la circulation naturelle de l’eau a été profondément modifiée. Depuis le XIXe siècle, les surfaces sont de plus en plus construites, les zones humides asséchées, les cours d’eau enfouis sous terre, voire transformés en collecteurs du réseau d’égouts. Des quantités d’eau de pluie toujours plus importantes à rejoindre directement le circuit des égouts souterrains, provoquant parfois des engorgements et des inondations. Alors désormais, en cas de fortes précipitations, les caves inondées et les rues muées en cours d’eau sont monnaie courante. On critique le dimensionnement toujours insuffisant des égouts. Il serait pourtant plus pertinent d’intervenir en amont. Le projet Brusseau a travaillé pendant trois années sur cette question. Le résultat de ses recherches est présenté dans l’exposition « Bruxelles sensible l’eau » à la Vallée.

Sommaire

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Le projet Brusseau

Le projet Brusseau est porté par un collectif composé des États Généraux de l’Eau à Bruxelles (EGEB), de Latitude PLateform, d’Arkipel, d’Ecotechnic, de l’HYDR (VUB) et du LIEU (ULB). Ils ont ensemble mené à bien un projet de recherche action à Bruxelles réunissant autour de la question de l’eau des approches et des pratiques variées. L’objectif est d’explorer de nouvelles manières de répondre aux inondations en renforçant la capacité de l’espace urbain à accueillir, absorber et écouler les eaux de pluie actuellement rejetées à l’égout.

L’objectif du projet de recherche est de retrouver ou de développer une sensibilité à l’eau qui permette de rendre le territoire urbain plus résilient face aux inondations.

Être sensible à l’eau, c’est chercher à savoir où elle passe et où elle pourrait passer, chercher à voir où elle pourrait à nouveau s’infiltrer sans inonder plus bas. C’est imaginer ensemble, sur le terrain, les dispositifs qui pourraient ralentir les fureurs, dans les espaces publics, privés ou mis en commun — -

L’une des grandes particularités du projet est la forte implication des citoyens à toutes les étapes du processus. Une implication qui permet d’avoir accès à des puits dissimulés, des souvenirs d’accès à l’eau oubliés, des informations perdues, des idées d’aménagement inédites trop folles pour avoir été pensées par les institutions mais pas assez pour ne pas mériter l’étude de leur faisabilité par les scientifiques, une connaissance fine de la réalité du terrain et des envies pour co-construire un vrai projet participatif pour une ville qui redonne à la fois une place à l’eau et une place au citoyen.

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L’exposition Bruxelles sensible à l’eau

Les approches sont les principaux modes opératoires utilisés par Brusseau. Elles renvoient à des méthodes spécifiques et des disciplines – telles que hydrologie, architecture, urbanisme ou histoire – combinées entre elles et à une démarche participative avec les citoyens. Les approches sont au nombre de quatre et sont présentées au début de l’exposition : approche historique, nouvelles rivières urbaines, îlot d’eau et enfin, WaterCitiSense. Le visiteur les retrouve ensuite dispersées dans le fil de l’exposition, qui présente des cas particuliers.

Mais avant d’aller à la rencontre de ces approches et des cas particuliers d’étude et d’expérimentation, le visiteur est invité à entrer dans un sas. Entouré de tentures noires, il est face à un écran qui diffuse des images d’inondations de cave. Une étape qui vise à prendre la mesure, sur un plan sensible, des conséquences des engorgements des égouts et à rendre visible et public un vécu plutôt intime.

Et encore avant d’arriver à ce sas, le visiteur aura traversé un couloir dont les pancartes fixées aux murs rappellent les mouvements de protestation citoyens (notamment à l’occasion des projets de création de bassin d’orage). Une invitation à rendre visibles ces mouvements qui ont fondé plusieurs des collectifs impliqués au projet et à rendre explicite, dès le début du propos, la place importante accordée au citoyen.

Placer cette sensibilité à l’eau au centre de la réflexion permet aussi de réunir différents acteurs des aménagements urbains habituellement assez isolés les uns des autres.

Les études menées par Brusseau se sont concentrées sur deux terrains d’action qui correspondent à deux communautés humaines et hydrologiques, l’une à Forest sur le versant de la Senne, l’autre à Jette et Ganshoren, dans la vallée du Molenbeek.

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Les quatre approches

« L’approche historique » a pris une place importante au fur et à mesure du projet. Elle s’appuie sur les archives, cartes ou textes, et permet de comprendre l’évolution de la place de l’eau en ville et d’activer la mémoire pour enrichir les diagnostics et ouvrir les possibles quant aux aménagements à imaginer. Les travaux ont par exemple permis de retrouver la trace de sources et de ruisseaux enterrés et ainsi de mieux comprendre certaines inondations autour de l'ancienne abbaye de Forest.

« Les nouvelles rivières urbaines » renvoient à un travail participatif fondé sur des balades suivies d’ateliers de cartographie appelés Map-it. Ce travail permet de mobiliser, sur le terrain, les perceptions, expériences, idées, vécus des habitants qui identifient sur leur passage des aménagements possibles pour permettre à l’eau de circuler et de se disperser avant d’arriver à l’égout (aires de stationnement, pieds d’arbres, bas-côtés en pente, etc.).

« Les îlots d’eau » renvoient à des espaces géographiques qui interceptent une grande quantité d’eau de pluie. Ce sont des espaces privilégiés pour expérimenter des alternatives dans la gestion à la source des eaux pluviales. Il en existe 4000 à Bruxelles. Parmi les exemples présentés, une maquette rapporte le cas d’un îlot à Forest où des habitants se sont associés pour mettre en place un système de récupération d’eau de pluie décentralisé.

« WaterCitiSense » s’intéresse aux échelles locales. Cette approche s’appuie sur des mesures et observations réalisées par les habitants. Le projet a ainsi parfois pris la forme d’animation dans les écoles comme à Jette où une classe s‘est livrée à des mesures de la pluviométrie, puis à l’étude des surfaces plus ou moins imperméables qui constituent le territoire de l’école. Les élèves ont enfin imaginé des possibilités à offrir à l’eau pour se disperser et trouver d’autres exutoires que les canalisations.

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L’eau à nouveau visible

Depuis 150 ans, les autorités bruxelloises ont pris l’habitude de confier l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées à des services techniques. L’eau est ainsi devenue l’objet de services spécialisés. Elle est dans le même temps devenue invisible en ville, rapidement absorbée par les tuyaux dissimulés en sous-sol, sauf en cas de débordements, où elle devient alors une menace et un problème. L’ambition des recherches menées par Brusseau est aussi de rendre une place à la fois visible et source de plaisirs en ville. Il s’agit de réinventer les relations que les habitants des villes entretiennent avec l’eau.

Quand l’eau de pluie est évacuée par les canalisations, elle rejoint les eaux usées. L’eau de pluie est ainsi traitée comme un déchet. Lui permettre de se disperser en amont ou d’être récupérée lui rend son statut de ressource, rare et précieuse. Un enjeu d’autant plus important à valoriser dans la perspective des changements climatiques qui fait craindre à la fois davantage de précipitations, voire, à terme, une pression sur les sources d’eau potable.


Frédérique Muller



Infos pratiques

Bruxelles sensible à l'eau

Jusqu'au dimanche 15 décembre 2019


La Vallée
Rue Adolphe Lavallée, 39
1080 Bruxelles (Molenbeek)

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