Des hommes, des abeilles et du savon
Le projet
Le projet est avant toute chose un projet d’apiculture. En 2006, Magalie et Alexia, les deux fondatrices, se rencontrent autour d’une ruche et font ensemble le constat des difficultés du métier. Elles déplorent notamment le fort taux de mortalité des abeilles et la contrainte de l’attente de grosses quantités de miel à récolter. Elles émettent alors le souhait de pratiquer une apiculture différente et s’orientent vers l’apiculture naturelle. Entre l’apiculture hyper-intensive et l’apiculture hyper-naturelle, il y a toute une gamme de possibles. Avec la première possibilité, le but est de produire du miel, le plus possible. Avec la seconde, les hommes s’apparentent davantage à des gardiens d’abeilles et n’interviennent pas du tout sur leur habitat. Habeebee trouve un équilibre dans cette gamme de possibles en optant pour une apiculture naturelle qui permet de concilier récolte de miel et bien-être des abeilles. La pratique s’intègre davantage dans le cycle de vie de l’insecte et a pour principe premier de laisser le miel aux abeilles. Seul l’excédent est prélevé (de l’ordre de 2 à 8 kilos par an). La mortalité au sein des ruches est largement inférieure à celle observée en apiculture conventionnelle.
De cette apiculture, Habeebee attend surtout la récolte de cire car elle est le produit de base utilisé pour la confection des produits commercialisés. Pour cela, l’équipe fait appel aux jardins des particuliers. Une idée née du souhait de valoriser la biodiversité présente dans les jardins des villes. Habeebee propose donc des packs d’apiculture naturelle. Ceux-ci comprennent une ruche horizontale, une formation (sur les parasites, les plantes mellifères, etc.) et le matériel nécessaire à démarrer une activité d’apiculture. La pratique naturelle est plus accessible et le matériel plus léger qu’en apiculture conventionnelle. Les particuliers conservent pour eux l’excédent de miel (après en avoir laissé la plus grande partie aux abeilles) et confie la cire à Habeebee. Une communauté de particuliers à Bruxelles, en Wallonie et en France participe ainsi aujourd’hui au projet (85 habeebee-culteurs). Une dispersion importante sur le territoire qui évite d’exercer une pression trop forte sur un même espace, qui limite aussi les risques de contagion de maladies et qui permet de varier les sources d’alimentation pour les abeilles.
La ruche horizontale
À hauteur d’homme et équipée d’une vitre pédagogique, la ruche horizontale est particulièrement adaptée à ce projet essaimé dans les jardins des particuliers. Le nombre d’interventions est également limité par rapport aux ruches classiques car on ne récolte pas le miel.
À la différence des ruches conventionnelles carrées dans lesquelles les rayons sont préformés, dans des planches de plastique ou de cire gaufrée, l’habitat est ici naturel. Les abeilles doivent fabriquer les alvéoles et doivent donc aussi fabriquer de la cire. Cette étape n’est pas désirée dans l’apiculture conventionnelle qui pousse les abeilles à produire du miel.
Les produits
La cire contient le miel et les couvains, c’est l’habitat de la colonie. Cet habitat est régulièrement à assainir. Ponctuellement, Habeebee récolte donc une partie de cette cire, tout comme l’insecte se séparerait des vieilles cires dans la nature. C’est cette cire qui est l’élément de base dans la composition des produits d’Habeebee. Elle donne notamment une structure agréable.
Magali, la fondatrice (partie depuis vers nouveaux horizons), pharmacienne de formation, est à l’origine de la composition des produits (savons, liniment, baume et pochettes). S’inscrivant dans la mouvance de la slow cosmétique, les savons sont saponifiés à froid pour ne pas dénaturer les huiles. Cette technique est par ailleurs moins énergivore et moins dangereuse. Les emballages sont également pensés pour être limités et exempts de plastique.