Du 26 au 29/1: festival Elles tournent
Régulièrement apparaissent sur Internet des listes des meilleurs films réalisés par des femmes. Pour prendre un exemple (des liens vers d’autres listes figurent au bas de cette page), le site cinema-fanatic (tenu la cinéphile et chercheuse Marya Gates qui en 2015 décida de passer « A year with women » en tentant l’expérience de ne voir, un an durant, tant en salles qu’en DVD, rien que des films réalisés, co-réalisés, scénarisés ou co-scénarisés par une femme) compila en août 2015 les votes de 500 critiques, cinéastes, historiens, profs de cinéma, blogueurs, cinéphiles, etc. Des 7000 votes s’étant portés sur 1100 titres différents se dégage une belle liste de103 films signés Agnès Varda, Chantal Akerman, Maya Deren, Vera Chytilová, Kathryn Bigelow, Ida Lupino, Marjane Starapi, Kelly Reichardt, Claire Denis, Andrea Arnold, Barbara Loden, etc. La sélection est inspirante et on pourrait très bien envisager de finir nos jours sur une île déserte avec ces films-là.
Mais, il ne faudrait pas que ce constat positif et rassurant cache une importante question sous-jacente : cela viendrait-il à l’esprit de n’importe quel amateur de cinéma de compiler une liste des 100 meilleurs films de l’histoire réalisés par des hommes ? Immédiatement fuseraient les remarques « Pourquoi cent films ? C’est impossible. C’est trop peu ! » ; alors que la liste de cent films féminins fait encore se soulever pour beaucoup – même s’ils n’osent plus l’affirmer à haute voix – l’étonnement condescendant selon lequel « Waow ! Cent films ? Cent bons films réalisés par des femmes ? C’est pas mal finalement… »… C’est que le monde du cinéma est encore très loin d’être égalitaire et équilibré en termes de genres. Des études montrent par exemple qu’aux États-Unis, 50% des diplômés des écoles de cinéma sont des femmes mais que celles-ci ne représentent que 5% des cinéastes d’Hollywood au travail !
C’est dans ce contexte que se déroule pour la 9e fois le festival bruxellois Elles tournent qui du 26 au 29 janvier proposera, surtout au Vendôme (mais aussi à Bozar pour la soirée d’ouverture et à CINEMATEK pour un beau final rétrospectif en compagnie de la cinéaste féministe Lizzie Borden) « quatre jours de films réalisés par des femmes ».
Au sein de la bonne vingtaine de séances de sa programmation, ce festival à taille humaine fait la part belle à la découverte, au documentaire (des graffeuses et artistes de street art dans Girl Power de la tchèque Sany à la présence des femmes dans le monde de l’informatique dans Code : Debugging the Gender Gap de Robin Hauser Reynolds, en passant par les mères de djihadistes dans La Chambre vide de Jasna Krajinovic, etc.), à l’animation (trois compilations entre humour, fantaisie et insolence revendicative) ainsi qu’à la diversité géographique des films proposés (Iran, Turquie, France, Autriche, Pakistan, Canada, Chine, Belgique, etc.). Sans oublier deux masterclass et ateliers consacrés l’un à la direction de production et l’autre à « la production de connaissances plus égalitaires sur Wikipedia ».
Site (et programme détaillé) du festival
Philippe Delvosalle
La liste de 103 films réalisés par des femmes sur le site cinema-fanatic
Liste de 25 films sur le site raindance.org
Liste d'une cinquantaine de films par Kenji sur le site mubi.org
Center for the Study of Women in Television and Film
The Directors List / Woman Directors at Work
Women on Film / The Female Gaze sur le site du British Film Institute