Satie (Erik)
Sommaire
Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir l’ oeuvre de cet artiste singulier, sans doute un des musiciens majeur du 20ème siècle dont la musique se fait poète ou philosophe, s’accorde subtilement au temps qui passe, aux états d’âme, porte le rire et la mélancolie.
Autour de Monsieur Satie...
Fin XIXème, début XXème, Satie compta parmi les artistes qui firent trembler l’Art. Il fut le contemporain et l’ami de Picasso, Picabia, Braque, Derain, Duchamp, Tzara, Debussy, Ravel, Cocteau… et connut donc les différents mouvements qu’initièrent et développèrent tous ses artistes. Il participa au début du mouvement Dada, se lia avec le « Groupe des Six » qui doit son nom à un article d’Henri Collet paru en 1920 dans la revue Comoedia, article influencé grandement par le contenu de l’opuscule « Le Coq et l’Arlequin » de Jean Cocteau paru deux ans auparavant.
Le même article peut d’ailleurs être considéré comme une sorte de manifeste en faveur de la musqiue «d’avant garde» et d’Erik Satie, déboulonnant en même temps Wagner «l e vieux dieu pourvoyeur d’ennui» et « les brumes impressionnistes » avec Debussy en arrière plan. « Le Coq et l’Arlequin » dédié à Georges Auric, prônait pour la musique française de France, un retour à la mélodie, à la simplicité et à la clarté.
Quand en 1916 il créait « Parade » (ballet réaliste en 1 tableau) qui fit scandale, les aphorismes de Cocteau s’inscrivaient dans le brillant mouvement de renouveau artistique et littéraire français des années d’après guerre illustré par de jeunes créateurs, musiciens, peintres, écrivains et poètes qui cultiveront l’humour, l’ironie, le goût du jazz et du music-hall. Parmi ceux-ci, on peut citer: les membres du Groupe des Six, Picasso, Fernand Léger, Marcelle Meyer, Georges Braque, Apollinaire, Paul Morand, Marie Laurencin et bien d’autres ….
Biographie distinguée du précieux dégoôuté
Chapeau melon et … parapluie
Biographie distinguéedu précieux dégoûté
Alfred Erik Leslie Satie est né à Honfleur le 17 mai 1866 et mort à Paris le 1 juillet 1925. Jeune adulte, après une enfance passée entre Honfleur et Paris, il s’installe à Paris. Jugé sans talent par ses professeurs, il s’engage dans l’infanterie d’où il est réformé après quelques semaines.
En 1887, Satie s’installe à Monmartre où il rencontre les poètes Mallarmé, Verlaine et Contamine.
Dès 1890, il aménage rue Contat et fréquente régulièrement le « Chat Noir », célèbre cabaret où il devient pianiste accompagnateur. C’est à cette époque qu’il rencontre le compositeur Claude Debussy avec qui il se lie d’amitié. La même année, il s’engage dans «l’Ordre Kabalistique de la Rose Croix». Maître de chapelle, il compose entre autre «les Souvenirs de la Rose Croix» et « le Fils des Etoiles ».
Dans un élan mystique, il fonde «l’Eglise Métropolitaine d’Art de Jésus Conducteur» dont il est le seul membre et unique acteur.
Au début de 1893, Satie entame une relation avec la peintre Suzanne Valadon (mère de Maurice Utrillo) pour laquelle il compose «Les Danses Gothiques» tandis qu’elle peint son portrait. Six mois plus tard, leur rupture laissera Satie le cœur brisé «avec une solitude glaciale remplissant la tête de vide et le cœur de tristesse». Satie n’aura pas d’autre relation intime.
Après leur rupture, Satie compose «Vexations» un thème musical construit sur une mélodie courte qu’il faut répéter 840 fois. Bien des années plus tard, le compositeur et pianiste américain John Cage interprétera cette œuvre dans son intégralité. La pièce dure une vingtaine d’heures.
Toujours en 1893 Satie rencontre le jeune compositeur Maurice Ravel. Suite à un héritage Satie s’achète le même costume en 7 exemplaires, couleur moutarde. Il les portera constamment. Les années 1895 et 1896 voient sa fortune fondre comme neige au soleil, obligeant Satie à quitter Montmarte pour s’établir à Arcueil, dans le Val d’Oise, petite bourgade pour laquelle il s’investit et crée entre-autre une école communale.
C’est finalement en 1905 qu’il reprend des études de contrepoint à la Schola Cantorum sous le regard d’Albert Roussel.
En 1915, Erik Satie rencontre Jean Cocteau et les cubistes par l’entremise de Pablo Picasso. Il abandonne alors ses idées religieuses et devient socialiste. A son apparence vestimentaire, il ajoute un chapeau melon et un parapluie.
En 1918, il rejoint pour quelque temps le «Groupe des Six», groupe né de l’amitié de six musiciens français (Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre) et d’un concert qu’ils donnèrent en commun au théâtre du Vieux Colombier.
Par l’intermédiaire du poète et écrivain Tristan Tzara Erik Satie rencontre, dès 1919 les fer de lance du mouvement Dada tels Picabia, Duchamp, Man Ray, Breton, André Derain …
Conclusion suspendue...
Alexandre Tharaud
Au premier plan de la vie artistique de son temps, Satie resta toute sa vie un anti-conformiste, farceur et malheureux, vivant dans la misère malgré les allures de petits bourgeois que lui donnaient costume et chapeaux. Son œuvre fut toujours à l’avant-garde des modes de son époque et ne cesse encore aujourd’hui de surprendre par son originalité. Mais elle reste encore mal connue.
« Pour interpréter Satie, dit Alexandre Tharaud, il faut se défaire de son jeux personnel, faire preuve de la plus grande humilité. »
Erik Satie... un génie ingénu...
La plupart de ses partitions sont écrites sans barre de mesure et contiennent des annotations d’un style propre et personnel, révélatrices de la personnalité profonde de l’homme Satie …
Ces annotations sont criblées de touches humoristiques à souhait chez ce compositeur touché par la mélancolie.
L’œuvre de Satie a inspiré de nombreux de compositeurs tels Cage, Debussy, Ravel, Poulenc ……
Discographie
Pour aller plus loin
Romaric Gerborin, Erik Satie, Actes Sud
http://www.actes-sud.fr/catalogue/musique/erik-satie