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Exposition Witches

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féminisme, Exposition, sorcières, écoféminisme, Witches, sorcellerie, inquisition

publié le par Yannick Hustache

Conçue et montée par ULB Culture, chapeautée par un collège scientifique universitaire multidisciplinaire autour des professeures Valérie Piette (ULB) et Nathalie Levy (ULB) et en collaboration avec la ville de Bruxelles, Witches convoque plus de 400 œuvres, objets en provenance de musées, galeries, mais aussi de collections privées.

Des jugées « épouses de Satan » et envoyées au bûcher par les tribunaux de l’inquisition de la fin de l’ère médiévale (mais surtout de l’époque de la Renaissance) au soap télévisuel de Ma Sorcière bien aimée, c’est dans la persistance d’une figure féminine en perpétuelle mutation que s’articule l’exposition.

Witches bénéficie en outre des larges espaces ouverts offerts par les deux étages supérieurs reliés par un monumental puits de lumière, caractéristique esthétique remarquable de l’Ancien magasin Vanderborght et sa façade de type moderniste sis centre-ville de Bruxelles. Didactique et familiale, l’expo n’en oublie pas les plus jeunes et propose un panel d’activités spéciale familles, avec jeu de piste, bibliothèque, peinture dessin…

Objets de méfiance et de fascination au sein de l’imaginaire collectif, les sorcières passent les époques en se délestant de ses stéréotypes anciens et s’inscrivant au sein de symboliques nouvelles. De la sorcière farouche et démoniaque d’hier à la réhabilitation positive par les mouvements féministes, inclusifs et queer.

Witches se place délibérément à la croisée des chemins, scientifiques et artistiques et au cœur des thématiques et enjeux sociaux, sociologiques et culturels d’aujourd’hui et réunit un très large panel d’objets divers, manuscrits, archives historiques, littératures fantastiques et de jeunesse, peintures des XVIIe et XVIIIe siècles, gravures renaissance et enluminures, œuvres symbolistes et contemporaines, photographies, extraits cinéma, BD, performances artistiques, danse, recettes, amulettes…

Elle se divise en quatre chapitres :

1 : Sorcières… des féministes comme les autres

On a tendance à l’oublier aujourd’hui, mais la lutte pour le suffrage universel a été un combat de très longue haleine. Commencé très tôt en dans l’Angleterre du XIXème siècle, en Belgique, les suffragettes n’arracheront ce droit qu’au sortir du second conflit mondial (contre par exemple 1918 pour les Arméniennes ou encore les Turques en 1930…). Dans la foulée de mai 68, une nouvelle vague féministe se dresse contre les rigidités endémiques de la société patriarcale (occidentale) et exigent l’égalité des genres. Avec humour, intelligence et créativité, les mouvements féministes détournent et brisent les codes alors en vigueur. Elles sont, artistes, enseignantes, philosophes, ou ouvrières, ces femmes engagées qui revendiquent le droit de porter leur parole au sein de l’espace public. En outre, elles sollicitent le droit au plaisir, s’élèvent contre les violences conjugales, interrogent le discours médical qui s’exercent sur elles (via l’accès à une contraception libre et à l’avortement), et entament un travail de sape dans la déconstruction autour du genre sans omettre les déclinaisons plutôt joviales et sympathiques des personnages créés par la Pop Culture. À partir des années 1970, les sorcières sont de retour et deviennent des féministes comme les autres…

2 : Il était une fois les sorcières

De la fin du Moyen-Âge à la Renaissance, le statut des femmes régresse et est l’objet de vifs débats au sein de l’Église (c’est aussi une période de guerres religieuses en Europe suite à la réforme protestante) qui véhiculent régulièrement un discours misogyne. La peur des femmes qu’on ne comprend pas s’amplifie. Le Diable serait à leur côté, surtout auprès des femmes isolées, non-mariés, échappant à la tutelle de la communauté. Lors des procès en sorcellerie en Europe, les femmes représentent 80% des condamnations à mort. La démonologie – l’étude des démons – est alors en plein essor et toute une littérature fleurit autour des femmes/sorcières (comme le personnage de Circé, l’enchanteresse) qui génèrent une certaine haine vis-à-vis des femmes « libres ». On leur reproche des méfaits liés à leur sexualité (« débridée »). On les craint parce que liées aux mystères (à l’époque) de la fécondité et parce que dépositaires d’un savoir proche de la nature transmis oralement.

3 : La sorcière qui bouscule

Si la chasse aux Sorcières s’arrête officiellement au XVIIIe siècle, leur empreinte perdure dans les imaginaires, discours et productions culturelles. Elles continuent de peupler nos esprits. Laides, vieilles et maléfiques, on les retrouve dans la littérature, le théâtre, la danse, l’opéra et dans les contes pour enfants. Le folklore lui dédie une place de choix lors des carnavals. Elles repoussent l’hiver et le froid ou sont vues comme les dépositaires des forces du mal et de la mort. Elles continuent à rythmer le quotidien des villages et des campagnes où l’on aime se faire peur.

Parallèlement à ces représentations, un autre imaginaire commence à voir le jour. Publié en 1862 “La Sorcière” de l’historien Jules Michelet vient attester de cette métamorphose. Une nouvelle image de la femme se met tout doucement en place, ou plutôt en action: celle romancée d’une jeune, femme libre, rebelle, vectrice d’émancipation, et rompant avec les codes de la vilaine sorcière.

4 : Petites-filles de sorcières

Les sorcières sont parmi nous ! Une génération de femmes qui assume pleinement leur part de sorcellerie et le revendique. Elles se proclament magiciennes, néo-païennes, dés-ensorceleuses ou encore guérisseuses. Subversives, attirées pour certaines par l’écoféminisme, elles entremêlent spiritualité et magie, et tâchent de vivre en harmonie avec la nature.

À l’heure de #MeToo et des « gangs de Femen » de ce début du 21ème siècle, c’est aussi une façon de vivre et de revendiquer une sororité en créant des bandes de sorcières. Qui peut-être alors auront le pouvoir de jeter le patriarcat et ses idées rétrogrades au chaudron en portant le vieux monde à ébullition...

https://witches-expo.ulb.be/

WITCHES ;

Info pratiques

Du 27 octobre 2021 au 16 janvier 2022 dans les anciens établissements Vanderborght.

Du mercredi au lundi (fermé le mardi) de 10h00 à 18h00 (dernière entrée à 17h)

Jusqu’au 16 janvier 2022

TARIFS

Adultes 12,00€

Etudiants (+ de 12 ans) 8,00€

Seniors (+65 ans) 9,00€

Enfants (5 à 12 ans) 6,00€

Enfants (-4 ans) Gratuit

Pack Famille (2 adultes et 2 enfants de 4 à 12 ans) 30,00€

Texte ; Yannick Hustache

Photo ; Expo Witches

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