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Extranostro, web-série afro-queer - questions à la réalisatrice Kis’ Keya

extranostro
"Extranostro" est la toute première série "afro-queer" francophone. Créée par Kis' Keya et produite par Madjiki prod., elle sera présentée ce vendredi dans le cadre de "God Save The Queer".

Si les deux personnages au centre de l'intrigue sont africains et homosexuels, la série joue néanmoins sur la diversité. Les personnages centraux et secondaires, représentent ensemble une diversité d'origines, de genres et d'orientations sexuelles. La série suit Bibiche, jeune homme africain, qui travaille à l'agence de voyage « Rainbow Trip », située dans une capitale européenne, qui organise des voyages gay friendly. Un jour débarque un nouvel employé, Alex, que Bibiche se donne pour mission de conquérir. Mais Alex serait hétéro...

Cette web-série est la nouvelle aventure de la réalisatrice Kis’ Keya, après trois moyen-métrages de fictions et plusieurs mises en scène internationales. D’origine haïtienne et congolaise (RDC), elle se définit comme artiste militante, et a fondé Madjiki productions & créations dans le but de créer, produire, diffuser et de promouvoir des œuvres audiovisuelles et scéniques, des courts-métrages, documentaires et web-séries à thématiques engagées, des thématiques contemporaines, des réalités d'aujourd'hui... Des films qui mettent en lumières les injustices, inégalités ou dysfonctionnements de la société.

- PointCulture : Vous vous décrivez comme une artiste militante, et vous avez exploré différents modes d’expression. Comment s’est fait le choix du cinéma ?

Kis’ Keya : Je suis principalement peintre et cinéaste. Mais j'écris également et par le passé j'ai monté des spectacles de théâtre/danse. Le choix du cinéma s'est fait très naturellement, comme celui de la peinture. J'ai tendance à résumer parfois en disant que je suis une "artiste visuelle". L'image me parle beaucoup.

- Pourquoi choisir la fiction plutôt que le documentaire ?

Je pense que l'humain aime et a toujours aimé qu'on lui raconte des histoires. Les contes ont toujours été un bon médium pour faire passer des messages. Parce qu'il y a identification ou empathie avec les personnages.

- Quel est le ton que vous voulez donner à la série ?

Il est important pour moi que le ton soit léger et empreint d'humour.

Le premier public étant des personnes qui éprouvent déjà de la difficulté dans leur vie de tous les jours, pour oser s'affirmer tel.le.s qu'ils et elles sont, que je ne voulais pas que la série confirme une certaine impossibilité de vivre heureux lorsqu'on est homosexuel.le. Il est important que cette série donne espoir. Et surtout "normalise" cette communauté. Et cela pour tout spectateur intra ou hors communauté LGBT+.

- Que signifie le titre ?

« Extranostro » est avant tout un mot inventé, qui le rend donc unique. Mais les sonorités ont été puisées dans des mots tels que « Extravaganza », « Extrafabulous », « Extraordinaire », « notre », « nous », « nosotros »... Cela, rajouté à la singularité du mot, donne à peu près un sens comme "Nous voici. Voici notre monde extraordinaire."

- Extranostro est une série afro-queer, est-ce que l’idée d’afro-queer est la somme des deux termes ou quelque chose de plus ?

Il s'agit d'une série LGBTQ+ d'où le mot « queer ». Et plus particulièrement de la vie de personnages de descendance africaine, d'où le mot « afro ».

- Comment ont-été écrits les personnages ? Est-ce qu’il y a une tentation d’exhaustivité ? (càd donner une voix à tout le monde pour compenser l’absence de représentation ailleurs)

Combler l'absence de représentativité et de visibilité est une des premières motivations de ce projet. Toute personne a besoin à un moment ou un autre de se voir représentée dans la sphère publique. Que son existence soit légitimée et prise en considération.

- La série a été réalisée avec l’aide d’un crowdfunding. Est-ce que c’est difficile de trouver les moyens pour produire un projet de ce type ?

Il n'est effectivement pas évident de défendre un tel projet lorsque pour une majorité de personnes et donc des pouvoirs subsidiants, on aborde la problématique d'une catégorie de personne qu'ils ne connaissent pas ou dont ils n'ont jamais pris conscience. Mais l'objectif de faire ce pilote avec nos propres moyens est de prouver par sa diffusion, une demande évidente et même vitale au niveau d'un certain publique et un intérêt de la part d'un public plus large.

- C’est une web-série, est-ce que cela permet une plus grande indépendance ? Mais, par contre, est-ce que ça ne demande pas plus de travail de promotion ?

Le fait que ce soit une web-série amène surtout une plus grande accessibilité par le public, au niveau international. Il y a dans le monde plus de personnes qui ont accès à internet qu'à la télévision. Et donc par exemple, pour de jeunes personnes qui seraient isolées, en Afrique, ne connaissant personnes avec qui échanger à propos de leur identité sexuelle, ce serait plus facile d'avoir accès à la série. Cela demande effectivement un beaucoup plus grand travail de promotion en amont. Mais c'est dans l'espoir d'atteindre l'objectif d'une accessibilité facile et internationale.

Interview réalisée par e-mail en février 2019

Questions : Benoit Deuxant



La web-série Extranostro sera présentée
dans le cadre de God Save the Queer

Ce Vendredi 22 février 2019

au PointCulture Bruxelles

Kis' Keya y participera en outre au débat Sexualité, corps et religion.

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