Femmes Maestros - Une association au service des cheffes d'orchestre
Femmes Maestros est une AISBL (Association Internationale Sans But Lucratif) fondée en mars 2000 par la cheffe d’orchestre belgo-polonaise Zofia Wislocka. Tout a commencé par une table ronde réunissant 20 cheffes issues de 13 pays. De rencontres en projets, l'association s'est penchée sur les difficultés rencontrées par ses membres, a créé un réseau d'informations et organisé colloques et évènements musicaux internationaux mettant en valeur les femmes dans la musique, en particulier les cheffes d'orchestre. Ce 8 mars, lors de la Journée Internationale des Femmes, un concert de gala sera donné pour célébrer ces deux décennies d'existence.
PointCulture : Depuis la première table ronde organisée par votre association « Femmes Maestros », vingt ans se sont écoulés. Qu’est-ce qui a changé depuis ?
Zofia Wislocka : Les choses bougent, mais on vient de loin et il reste encore beaucoup à faire. Il y a vingt ans, aucune ambassade ne pouvait répondre à la question : "Avez-vous des ressortissantes cheffes d'orchestre?". Au niveau de l'enseignement, les jeunes filles peuvent suivre les cours de direction d'orchestre dans les conservatoires avec à peu près les mêmes égards que leurs pairs masculins, même si, parfois, on leur fait comprendre qu’elles risquent de prendre la place de quelqu’un d’autre. Mais c’est plus tard que les choses se gâtent, lorsqu’il faut frapper aux portes des salles de concerts. Certaines doivent fonder leur propre orchestre pour avoir la chance d’exercer le métier qu’elles ont choisi, sinon elles ne trouvent pas d’engagement, la préférence étant donnée quasi systématiquement aux hommes. L’impact des concours est très faible, c’est souvent juste un « one shot », sans suite. Il y a aussi le fait que les femmes ne sont pas toujours bien acceptées à la tête d’un orchestre par les musiciens eux-mêmes, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin. L’idée que ce n’est pas leur place n’a pas totalement disparu des esprits, les fonctions de pouvoir, de direction devant échoir aux hommes.
PC : Il y a pourtant des exemples de réussite, non ?
Z.W. : Rappelons que la première femme cheffe d'orchestre véritablement connue a été Nadia Boulanger. D'autres ont suivi, comme Vítězslava Kaprálová , compositrice et cheffe. Actuellement, une des plus représentées est sans doute Marin Alsop, qui assure la direction musicale du Baltimore Symphony Orchestra depuis 2007 ainsi que du São Paulo Symphony Orchestra. Elle vient d’être nommée également à la tête du Radio-Symphonieorchester Wien, devenant ainsi la première femme à la direction d’un orchestre viennois. Elle a aussi dirigé l’Orchestre National de Belgique dans le cadre de plusieurs sessions du Concours Reine Elisabeth.
PC : Ce 8 mars aura lieu votre concert de gala. Pourquoi avoir choisi la Symphonie Titan de Mahler ?
Z.W. : Cette symphonie symbolise admirablement la musique écrite « pour les hommes » : lourde, dense. C’est une manière de montrer que cette vision n’a pas de raison d’être et qu’une femme peut la diriger aussi. En règle générale, c’est dans la musique romantique et postromantique, en gros jusqu’au Sacre du printemps de Stravinsky, que les femmes ont le plus de mal à se faire entendre, parce que ces musiques sont dites plus « viriles ». C’était donc l’occasion rêvée de démonter ce mythe. Quatre cheffes vont se partager la direction de la symphonie et conduire chacune un de ses mouvements : Kanako Abe, Pascale Jeandroz, Nathalie Muspratt et Anna Duczmal-Mròz.
Propos recueilli par Nathalie Ronvaux
Concert de Gala - 20 ans de l'association Femmes Maestros
Date : Dimanche 8 mars 2020
Horaire : 11h - 16h
Lieu : Amphithéâtre H. Lafontaine, Bâtiment K, ULB Solbosch , avenue Buyl 1050 Ixelles
Pour la Journée internationale des femmes, grand concert et rencontre organisés par Femmes Maestros aisbl à l'ULB le 8 mars 2020 de 11h à 16h30.