Trouble – Libertés et prises de risque
Sommaire
Croisements
Depuis 2019, l’alléchant Festival Trouble est organisé et produit par la Compagnie Thor du chorégraphe Thierry Smits. Habitué aux propositions artistiques hors norme et hors format, il fait se croiser toutes les disciplines : arts plastiques, théâtre expérimental, cabaret, littérature et poésie orale, danse contemporaine et art sonore. Mais ce n’est pas le seul brassage que la programmation propose. Elle est internationale et intergénérationnelle, favorisant, dans la même soirée, le croisement de jeunes performeurs et d’artistes aux carrières étoffées. Elle est aussi in situ, nous faisant découvrir la richesse des lieux insoupçonnés de la commune de Saint-Josse, allant d’un parc de jeux pour enfants à un musée du XIXème, des vitrines de magasins ou des maisons de jeunes.
Enfin, l’une des grandes caractéristiques de ce festival particulier tient dans la prise de risques et l’engagement profond de la part des artistes. On quitte le mode de la représentation pour rejoindre celui de la performance libre, marginale et sans filet, où le spectateur devient le témoin de l’instant.
Fusions
Que les couples d’artistes soient unis dans la vie ou uniquement dans le travail, il va sans dire que la fusion de deux énergies créatrices dépasse de loin la simple somme de ces deux parties. C’est cette mécanique de l’addition, ce « un plus un est supérieur à deux », qui présidera les soirées composées de cette édition #11. On cherchera à voir et à savoir comment cette empathie est productrice. Comment, par exemple, dans Carriage, Matty Davis et Ben Gould explorent les portés, les adéquations entre les mouvements et l’équilibre, entre actions contrôlées et actions involontaires. Dans la performance-installation Je t’ai laissé m’envoler, on cherchera à travers la plastique et la chorégraphie les mécanismes des joutes BDSM et des relations de pouvoir entre le dominant sculpteur de corps et le dominé matière. Encore, avec Héritage, Sebastian Dicenaire et Vincent Tholomé devancent l’appel de la mort et décident pré-mortem de s’offrir l’un l’autre leur héritage littéraire et poétique.
Participatif
Des œuvres participatives sont aussi au programme, dont l’intéressant et imaginatif The Wishes Tree de Raeda Saadeh. Une femme vêtue de blanc. Sa longue robe, telle une traîne circulaire, couvre le sol. Le public est invité à écrire, sur des bandes de tissus, leurs vœux et à les jeter sur la robe. À l’instar des amoureux turcs qui nouent leurs désirs aux branches de l’arbre à souhaits, l’artiste récolte les vœux de chaque pays pour, plus tard, les réunir sur un arbre à Jérusalem. Une vision poétique emplie d’espoir à partager.
Réflexif
Même si, le plus souvent, les œuvres performatives ne sont pas les grandes consommatrices d’énergie, le festival organise au PointCulture Bruxelles deux jours de réflexion (les 8 et 9 juillet) sur les nouvelles économies et écologies de la performance. Face à l’hyper-accélération du monde, la démarche veut trouver une résonance et retrouver la notion du temps. Comment, dans ce monde qui n’a pas encore fini d’en découdre avec la Covid, la sobriété de production devient-elle un choix ?
Trouble est un festival unique de par sa programmation, la défense des formes performatives hors des sentiers battus, la mixité absolue des familles d’artistes, des genres, des âges et des nationalités.
Il crée des soirées parcours ou la créativité invente inlassablement de nouvelles frontières à dépasser sans cesse. C’est à Saint-Josse, mais pas que, et ça commence demain !
Jean-Jacques Goffinon
Festival Trouble #11
Le rendez-vous de la performance à Bruxelles !
07 > 11/07
Studio Thor & Trouble #11 présentent : time for live art
08 < 09/07 de 10h à 14h
PointCulture Bruxelles