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Histoire de valser....un peu

publié le par Marie De Wautier

Une danse à trois temps

Sommaire

Remarque préliminaire: Ce dossier provient du Site Travers'sons et à été écrit par Françoise Viot.

 

Introduction:

La valse est une danse de couple, sur un rythme à trois temps, dans laquelle les partenaires se tiennent enlacés.

Le mot Valse provient du verbe allemand “(sich) Walzen“ (se rouler) et n'apparaît dans les textes écrits qu'à la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Mais ses origines sont bien plus anciennes.

Les origines:

La valse est une danse populaire austro-hongroise aux racines très lointaines. En effet, à la cour de Vienne au XIIIe siècle, le minnesänger Neithart von Reuerthal composa des chansons dont le rythme annonçait clairement celui de la valse. A cette époque, un fifre et un tambourin donnaient le rythme, accompagnant ainsi les danseurs qui assuraient eux-mêmes le chant tout en virevoltant.   

Dès le XVIème siècle, de nombreux écrits mentionnent la pratique de danses “par deux“ et “tournantes“. La plupart les condamnent et les jugent licensieuses. Selon B. Weigl (“Geschichte des Walzer“, 1910), “la valse, en tant que danse tournée à trois temps, tirerait son origine des Tanzlieder des XVIème et XVIIème siècles, des Ländler populaires et d'un certain type d'allemande à trois temps.

L'Allemande est reconnue comme un des ancêtres de la valse. A l'origine, elle se danse lentement sur un rythme binaire. Plus tard, un rythme à trois temps lui donnera un caractère bien plus vif.

Le Ländler se dansait à l'origine en plein air ou à l'auberge du village. Il est encore à l'honneur aujourd'hui dans les fêtes populaires. Comme dans l'allemande, les couples sont enlacés mais de manière moins raffinée et dansent sur un rythme à trois temps assez rapide.

Les instruments de musique utilisés sont l'accordéon diatonique, l'harmonica à bouche, la cithare (de l'allemand  : zither) et le dulcimer (sorte de cymbalum). On utilisait aussi une feuille de poirier posée contre la lèvre supérieure et ceci jusqu'au XIXème siècle. Aujourd'hui, elle est remplacée par une feuille artificielle en forme de feuille de poirier. Le son est produit en soufflant sur le bord de la feuille.

Le Hoppaldei, le Dreher, le Schleifer, le Deutschen (nom que Schubert et Lanner donnent à leurs premières valses) sont d'autres danses villageoises de couples enlacés tournant sur un rythme binaire ou ternaire.

A la cour de Vienne, au XVIIIe siècle…

Le terme de valse “Walzer“ apparaît au XVIIIe siècle et désigne les figures finales des Ländler. Il est d'ailleurs tout à fait possible que la valse se soit développée à partir de l'allemande dans les villes et à partir du Ländler à la campagne.

Ensuite, ces danses paysannes vont inspirer les compositeurs viennois de la fin du XVIIIème siècle.
Chez Mozart, Haydn, Beethoven, les premières valses sont encore de forme incertaine mais, peu à peu, l'auditeur, même peu averti, pourra identifier le rythme caractéristique de cette danse : un accent sur la basse du premier temps, suivi de deux accords.Franz Schubert est le premier à fixer ce modèle dans des œuvres pour piano. Il écrit de nombreux recueils de valses pour arrondir ses fins de mois et pour divertir ses amis.

Apogée de la Valse : la dynastie des Strauss:

A partir du 19e siècle, le rôle de Vienne va se révéler considérable dans le développement de la valse. La ville ouvre partout de grandes salles recouvertes de parquet. La valse dansée à la manière paysanne, en sautillant, va se transformer en une danse de salon où l'on tourne en glissant.

On considère généralement que l'histoire de la valse est liée à celle de la famille Strauss. Le premier, Johann Strauss, né en 1804, orphelin à l'âge d'un an, grandit dans une ambiance populaire. Doué pour la musique, il se fait recruter dans l'orchestre de danse de Pamer avec un certain Lanner qui devint son ami. Ce dernier fonde lui-même un orchestre de douze exécutants dont J. Strauss deviendra le premier violon. Ni l'un, ni l'autre n'ont appris jusque- là les règles de la composition. Weber, directeur de l'opéra de Dresde et compositeur de la célèbre “Invitation à la danse“, leur servit de maître. Un malentendu survient entre les deux musiciens et la rupture éclate après un bal en 1825.
Dès lors, Johann Strauss crée son propre orchestre et, en 1830, il a deux cents musiciens sous ses ordres. Son style est impérieux et tonique, son attaque est brusque, selon la tradition tzigane. Son coup d'archet est violent et sensuel. A Vienne, comme le dira Wagner, la foule est littéralement enflammée par Strauss. Celui-ci voyage à travers toute l'Europe où il fait apprécier la valse viennoise, à la tête de son orchestre. C'est à Paris qu'il va chercher une consécration officielle. Berlioz, critique musical dans le “Journal des débats“, consacrera un long article à Johann Strauss et expliquera la supériorité de la musique allemande sur la musique française. Johann Strauss est l'auteur de 250 valses et autres danses.

Son fils, Johann Strauss Junior, qui a reçu une formation musicale beaucoup plus solide que son père, crée également son orchestre et compose des valses très élaborées sur le plan musical. Il devient même le rival de son père pendant la révolution de 1848. En effet, le père prend parti pour les Habsbourg tandis que le fils donne son soutien au clan des insurgés. A cette époque, Johann Strauss Père compose la célèbre “Marche de Radetzky“ en l'honneur du général de l'armée des Habsbourg.

Plus tard, Johann Strauss Junior, compositeur hors-pair et d'une inspiration très prolifique, se réconciliera avec la Cour et s'efforcera de prolonger l'œuvre paternelle. Johann Strauss Junior veut accéder à une qualité d'écriture qui permettra de rapprocher davantage la valse de la musique classique. Son père avait déjà introduit la syncope . Ce rythme obligeait le danseur à se concentrer pour garder le tempo. La valse n'a plus rien de sauvage. Ce n'est plus une transe paysanne mais un rythme sacré.
Johann Strauss Junior déserte presque définitivement les salles de bal à partir de 1865 pour se consacrer à la composition. A l'âge de 28 ans, Johann Strauss Junior est victime d'une attaque. Il fait appel à son frère Joseph, futur ingénieur, pour prendre sa place à la tête de l'orchestre. Le 23 juillet 1853, Joseph signe sa première valse. Il en produira 221 autres.
Le troisième fils, Edouard, vient seconder à son tour son frère Joseph. Le soir de la “Première d'Edouard“, l'orchestre est divisé en trois parties. Chaque frère Strauss dirige une partie de l'orchestre.
Trois frères compositeurs et dont l'activité est toute entière dédiée à un même genre musical, voilà qui décourage quiconque de vouloir, d'oreille, attribuer avec certitude la paternité d'une oeuvre à l'un des trois musiciens, même pour un public viennois initié dès sa plus tendre enfance aux moindres soubresauts de la valse. A Vienne, les affiches ne font d'ailleurs plus figurer les prénoms de chaque membre de la célèbre famille. En 1889, Johann Strauss Junior compose la “Valse de l'Empereur“, un dernier sommet avant le déclin de cette prodigieuse dynastie de musiciens. Le dernier frère meurt en 1916, durant la première guerre mondiale.

Après la disparition des Strauss , Vienne continue à valser. Des centaines de bals, s'ouvrent chaque année et, parmi les grands bals de la saison : l'Opernball, le bal de l'Opéra. C'est en 1877 qu'eut lieu le premier bal de l'Opéra qui réunissait les têtes couronnées du monde entier. Plus tard, il sera le lieu des rendez-vous mondains du “grand capital“. Dans les années 1980, l'Opernball deviendra le siège de la contestation de la gauche viennoise contre cet étalement de richesse.
 

La Valse et les grands compositeurs des XIXe et XXe siècles

La valse n'est pas exclusivement viennoise car elle s'est répandue dans toute l'Europe en s'enrichissant de caractères nouveaux grâce à plusieurs compositeurs célèbres.
A partir du XIXème siècle, la valse a connu également un très grand succès en France. Ainsi Chopin, initié à Vienne et venu s'établir à Paris, se présente comme le génie de la valse pianistique. D'autres, comme Fauré, Hahn, Chabrier et Walteufel ont aussi composé de nombreuses valses.

La vogue de la valse se manifeste dans l'opéra comique et Offenbach, à l'époque, apparaît comme le plus sérieux concurrent des Strauss. On peut citer encore Delibes, Berlioz et Gounod, ainsi que les grands compositeurs impressionnistes comme Debussy et Ravel.

Dans les pays de l'Est et d'Europe Centrale, à la même période que Chopin à Paris, Franz Liszt, compositeur de la célèbre “Mephisto-Valse“, se présente comme l'autre génie de la valse pour le piano.

En Russie et dans les pays slaves, la valse fait partie de la culture nationale. Les plus grands musiciens tels Rachmaninov, Balakirev, Tchaïkovsky, Prokofiev, Khatchaturian, Chostakovitch, Scriabine et Moszkowski, ont composé des valses.

Dans les pays nordiques, enfin, Sibelius est notamment connu pour ses deux valses célèbres : la “Valse lyrique“ et la “Valse triste“.

On le voit, née dans l'empire germanique, exaltée à Vienne, la valse a conquis l'Europe entière avant d'appartenir au patrimoine du monde occidental dans son entièreté. Toutefois, son histoire ne s'arrête pas là et le mélomane curieux s'intéressera également à l'assimilation de la valse aux musique dites “extra-européennes“. Pensons, pour ne citer qu'elles, à certaines musiques Cajun ou à certaines valses mexicaines. Mais cela, c'est une autre histoire !!!

Piste discographique:







 

Bibliographie

-   HESS, Remi, La Valse, Editions A.M. Métaillé, Paris

 

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