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Hotel Beethoven, une exposition à Bozar

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publié le par Nathalie Ronvaux

Depuis son vernissage en octobre, « Hotel Beethoven » a été saluée par de nombreux commentaires enthousiastes. Suite à sa fermeture puis réouverture, l’expo se voit aujourd’hui prolongée jusqu’au 14 février. L’occasion d’ajouter un point de vue au concert des voix qui se sont déjà fait entendre.

Sommaire

Disons-le, l’exposition, conçue par Eric de Visscher et scénographiée par Anna Viebrock, est une réussite!

Accueilli par Bozar, Hotel Beethoven s’attache à l’homme, à l’artiste, au révolté, au sourd, mais aussi à la figure mythique de Beethoven, pour démontrer avec quelle vitalité son œuvre et ses convictions ont continué à vivre à travers le monde et à travers le temps. Covid oblige, le flux des visiteurs est modéré, la disposition des œuvres aérée, personne ne nous bouscule ou ne nous coupe la vue. Reconnaissons qu'il y a des avantages...

Dans le grand hall qui introduit le visiteur, une gigantesque ligne du temps s’offre à notre regard et exprime déjà en condensé tout l’esprit de l’exposition. Débutant à la seconde moitié du XVIIIème siècle, elle se poursuit jusqu’à nos jours, jalonnant non seulement la vie et l’environnement politique et culturel de Beethoven, mais aussi les manifestations les plus emblématiques d’hommage au musicien et à sa musique : monument érigé au Mexique en 1927, adaptation d’une œuvre dans la pop japonaise en 1967, choix de l’Ode à la joie pour hymne national dans l'éphémère Rhodésie indépendante, naissance d’une série manga dont le départ est calqué sur l'enfance du compositeur, etc.

Nous sommes ensuite introduits dans les « chambres » de l’hôtel. Chacune d’elles porte un nom, une date repère ou un numéro d’opus. Passons-en quelques unes en revue.

1801

Au cœur de la chambre 1801 sont rassemblées une série de représentations de Beethoven, du portrait de Riedel (1801) à celui d’Andy Warhol (1987) en passant par le Masque de vie de Franz Klein (1812) et les innombrables sculptures d’Antoine Bourdelle (de 1887 à c. 1920). Ce dernier a voué un véritable culte au compositeur, le sculptant, le peignant, le dessinant environ quatre-vingts fois. Les bustes exposés montrent un Beethoven extrêmement concentré, les yeux fermés, la chevelure hirsute, symbole de l’artiste romantique torturé, tourné vers son monde intime tout entier promis à la création.

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Antoine Bourdelle, Composition pour Beethoven ca. 1883, Musée Bourdelle, Paris

1970

La chambre suivante est consacrée à Ludwig van, objet cinématographique réalisé par Mauricio Kagel pour le bicentenaire de sa naissance, en 1970. Le film emmène le spectateur dans une maison fictive où les scènes se déroulent dans différentes pièces, un peu à l’image de cette exposition ! À la fois hommage et volonté de désacraliser la figure mythique du compositeur, il remet le grand maître à sa juste place au sein du patrimoine musical occidental.

Ballroom

Coup de cœur pour cette salle entièrement vouée à la musique pour piano de Beethoven. Quatre répliques d'instruments sont disposées en étoile. Sur le cordier de chacun d'eux, des hauts-parleurs ont été fixés et diffusent à tour de rôle l'extrait d'une œuvre destinée au type d'instrument sur lequel on l'entend. Car, à cette époque, les révolutions techniques dans le domaine organologique se succèdent rapidement. Une pièce écrite pour le piano Conrad Graf de 1826, dont le clavier compte six octaves et demie et qui a des ressources dynamiques proches de nos pianos modernes, n'aurait pu être jouée sur l'instrument de Johann Andreas Stein de 1786 qui n'avait que cinq octaves et sonnait à peine plus fort qu'un clavecin. Cette chambre atteste de l'attrait de Beethoven pour les innovations de son temps. Au mur, les dessins de Jorinde Voigt, sous la forme de graphiques poétiques, représentent visuellement les pièces jouées sur chacun des claviers.

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Mais encore

Les autres salles, tout aussi captivantes, nous convient à approfondir notre connaissance de l'univers beethovénien et l'usage qu'un artiste contemporain peut en faire dès lors qu'il l'investit des préoccupations actuelles. Ainsi, Fidelio a été transposé dans le monde carcéral américain par la compagnie Heartbeat Opera, dans le contexte troublé de "Black Lives Matter". Un film de Jeremy Deller capte la rencontre entre le Beethoven Orchester Bonn et des enfants, aux sons de la Septième Symphonie, pour les suivre ensuite à une manifestation sur le climat. Vous découvrirez aussi une chambre consacrée à la surdité. S'y côtoient carnets de conversation, créations contemporaines, dispositif pour "entendre" les sons via les vibrations... Vous l'aurez compris, l'exposition est copieuse et vous offrira mille manières de reconsidérer l'héritage de Beethoven. Bonne visite !

Nathalie Ronvaux

Photos: Bozar

Hotel Beethoven se poursuit jusqu'au 14 février

Bozar, rue Ravenstein, 23 - 1000 Bruxelles

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