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iMAL: se réapproprier les nouvelles technologies par la création

iMAL
Trois questions à Yves Bernard, directeur d'iMAL (interactive Media Art Laboratory)
Notre rôle est de proposer une plateforme pour que les questions sur ce monde de plus en plus technologique puissent être formulées, critiquées, débattues et que des réponses puissent être apportées par la société et le monde culturel sur la nature et l'évolution des sciences et technologies. — Yves Bernard

Créé en 1999 à Bruxelles, iMAL est un centre dédié aux cultures et technologies numériques à Bruxelles.


Avant de prochains travaux d'agrandissement, rencontre avec Yves Bernard, directeur, et Yannick Antoine, project manager et webmaster.


- De quelle façon iMAL assure-t-il la fonction de relai entre le public et les professionnels du numérique ?

Yves Bernard: Nous invitons des artistes mais aussi des chercheurs, scientifiques, des activistes, des théoriciens. Nous proposons au public des personnalités qui développent une réflexion sur le numérique ou qui ont une pratique artistique liée à ce champ. De fait, nos activités sont assez diverses : expositions, conférences, colloques internationaux, workshops et masterclasses. Cette variété d’événements est voulue pour attirer un public d’amateurs (art, culture) mais aussi de professionnels d’autres disciplines ou de disciplines connexes. Un dialogue et des rencontres se créent, profitables à tous.

- Vous vous situez au carrefour de la science, des technologies et de la création. Est-ce un point d’équilibre que vous cherchez à maintenir ou s’agit-il d’un état de fait : aujourd’hui, l’art contemporain ne peut se passer de l’appui de la science et des technologies ?

Yves_Bernard 2Oui, c'est la réalité du monde d’aujourd’hui. Les sciences et les technologies ont une emprise croissante sur les formes culturelles et artistiques, elles en viennent à les définir et à imposer leurs questionnements, leurs modes de pensée et leurs outils. Notre rôle est de proposer une plateforme, un lieu dédié à ces problématiques, pour que des questions sur ce monde de plus en plus technologique puissent être formulées, critiquées, débattues et que des réponses puissent être apportées par la société et le monde culturel sur la nature et l'évolution des sciences et technologies.

- N’y a-t-il pas chez les artistes la tentation d’utiliser la technologie à travers ses erreurs et ses limitations plutôt que de rechercher une forme de perfection ?

Yves: les deux approches divergent mais elles sont toutes deux bien présentes. Chercher les erreurs et les exploiter, c’est en effet un courant fécond permettant de trouver autre chose, souvent d’insoupçonné. C’est par les erreurs aussi que l’on questionne les limites de la science et des technologies, et ceci autant au niveau esthétique qu’au niveau fonctionnel, social et politique. Les glitches, les défaillances rappellent aux créateurs qu’ils peuvent être l’outil d’une technologie. Mais ce courant est loin d'être le seul, et beaucoup d'artistes ont des approches radicalement différentes, utilisant les technologies pour développer de nouvelles esthétiques parfaitement maîtrisées.

Yannick Antoine: Comme le soulignait Yves, il y a en effet des artistes qui utilisent les erreurs pour questionner la technologie, pour souligner son existence, son imperfection, etc., ce qui est en effet plutôt positif. Il y a certainement des artistes qui exploitent les erreurs et limitations par facilité, justifiant le tout par un discours a posteriori, mais je ne pense pas que ça soit un phénomène tellement courant et présent. C'est vrai, par ailleurs, que dans le domaine de l'image, il y a une mode autour de l'esthétique de l'erreur, du glitch, mais c'est plus l'exploitation d'un effet "cool" détaché de sa référence technologique.

D'un autre côté, il y a des artistes qui ne sont pas vraiment dans ce rapport critique aux technologies qu'ils emploient. Ou alors cette dimension critique se retrouve dans le discours plus que dans l'œuvre et son processus. On tombe facilement dans la fascination pour la technologie qu'on emploie. Séduit par les possibilités d'un nouvel outil, on tente d'en faire une utilisation optimale, parfaite d'un point de vue technique, oubliant en cours de route qu'on n'est pas forcément scientifique ou ingénieur. C'est un écueil que les artistes évitent difficilement s'ils ne prennent pas garde à conserver un bon équilibre dans leur rapport à la technologie comme outil, comme médium et comme sujet.

Ça n'est pas non plus forcément accidentel, certains créateurs cherchent volontairement la performance impressionnante techniquement.


Propos recueillis par Catherine De Poortere

Images : expo Julien Maire, « Relief », 2014 ; Yves Bernard : cdp


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