Le sitar est probablement l'instrument indien le plus connu en Occident; il aurait été développé par Amir Khusrau à partir de la veena au 13e siècle. C'est un luth à manche long, fabriqué généralement en teck et au résonateur principal en calebasse. Il comporte six ou sept cordes jouées à l'aide d'un plectre. Quatre d'entre elles sont utilisées pour la mélodie et deux ou trois pour le drone. Il y a également neuf à treize cordes sympathiques.

Ravi Shankar (1920-2012) est le joueur de sitar le plus célèbre. Il est reconnu pour sa créativité et son style, pour son originalité et son sens de l'improvisation. Dans sa jeunesse, il a été danseur dans la troupe de son frère Uday Shankar. A partir de 1938, il a commencé l'apprentissage du sitar avec Allaudin Khan. Dès 1956, il joue en concert en Occident, popularisant la musique hindoustanie. Sont proposés ici des enregistrements de musique classique indienne, notamment ceux des années 1950 et 60 qui l'ont fait connaître internationalement ainsi que quelques disques de fusion et des coffrets intéressants. 

• MW8605, The sounds of India (Columbia, 1968). Enregistré en 1957, cet album se veut une introduction au raga indien pour un public occidental. Dans la première plage, Ravi Shankar explique les rythmes et mélodies de la musique indienne. Suivent trois ragas: Maru-Bihag, Bhimpalasi et Sindhi-Bhairavi.

• MW8571, India's master musician (Angel, 1999). Concert donné à Hollywood en 1963, commençant par quelques pièces légères et populaires, dont une en style thumri. Suivent ensuite le raga Puriya Dhanashri, un raga du soir décrivant le sentiment de nostalgie et le raga Charu Keshi, de style carnatique mais popularisé dans le nord par Ravi Shankar, décrivant un sentiment d'amour et de frivolité.

• MW8582, Portrait of a genius (BGO, 1991). Enregistré lors de sa septième visite aux Etats-Unis en 1964, la première partie de cet album présente la collaboration de Ravi Shankar avec le flûtiste jazz américain Paul Horn. Ensemble ils créent une fusion finalement proche de la tradition. La deuxième partie est consacrée au Raga Multani, un raga de l'après-midi au rythme assez lent. Alla Rakha est aux tablas.

• MW8603, West meets East: the historic Shankar/ Menuhin sessions (EMI India). Bien qu'ils se connaissaient depuis un certain temps, ce n'est qu'en 1967 que Yehudi Menuhin et Ravi Shankar enregistrent leur premier disque en duo. Ce cd compile le meilleur de leurs collaborations de 1967, 1968 et 1976. Ces enregistrements sont essentiels dans l'histoire de la fusion entre les musiques indiennes et occidentales (classiques).

• MW8619, In concert 1972  (Apple, 1996). Ce concert de 1972 enregistré à New York est une collaboration entre le joueur de sarod Ali Akbar Khan et le joueur de sitar Ravi Shankar (avec Alla Rakha au tabla). Tous deux ont appris la musique ensemble, avec le père d'Ali Akbar Khan, Allauddin Khan. Ils interprètent Raga Hem Bihag (raga du soir), Raga Manj Khamaj (du soir également) et enfin Raga Sindhi Bhairavi, un raga du matin.

• MW8579, Pandit Ravi Shankar (Ocora). Enregistré le 26 juin 1986 dans les studios de la Maison de la Radio à Paris, ce disque propose deux ragas au sitar, Raga Puriya Kalyan et Raga Purvi Kalyan, et un dhun, une mélodie créée pendant la séance d'enregistrement.

• MW8653, The living room sessions part 2 (East Meets West, 2013). Le label East Meets West a été créé par Ravi Shankar lui-même pour éditer des œuvres peu connues ou récentes. Second volet des Living Room Sessions enregistrées en octobre 2011 sur une période de quatre jours chez lui en Californie. Ce seront ses derniers enregistrements et il interprète trois ragas au sitar: Raga Mishra Kafi, Raga Sindhi Bhairavi et Raga Bhairavi.

• MW8616, Ravi in celebration (Angel Records, 1995). Compilation de quatre cd produite par George Harrison et Alan Kozlowski, en association avec Ravi Shankar. Les enregistrements couvrent un période allant de 1957 à 1995 et sont divisés en quatre thèmes: "classical sitar", "orchestral and ensembles", "East-West collaboration" et "vocal and experimental". Le livret (en anglais) comprend une biographie, des notes sur les plages et de nombreuses photos.

Vilayat Khan (1928-2004) vient d'une famille de musiciens dont l'histoire remonte jusqu'au temps des Mogols et il appartient au gharana (ou école) Imdadkhani ou Etawah. Sa carrière a commencé dans les années 1940 et il a depuis joué dans le monde entier. Il a développé le sitar, lui donnant un son particulier et son jeu est proche du style vocal. Il est connu pour son inventivité, son imagination à toujours récréer les ragas qu'il interprète et sa virtuosité technique, même dans des rythmes très rapides.

• MW5305, Vilayat KHAN / Ali Akbar KHAN, Psychedelic music of India (Cherry Red, 2007). Enregistré en 1955, ce disque est important dans l'histoire: c'est par lui que de nombreux Occidentaux ont découvert la musique indienne classique. Ali Akbar Khan joue au sarod deux ragas, Raga Sindhu Bhairavi et Raga Pilu Baroowa, le tout est introduit par Yehudi Menuhin. Vilayat Khan joue au sitar différents ragas en version très courte.

• MW5282, Sitar (India Archive Music, 1991). Enregistré en 1989, ce disque comporte juste un morceau, le raga Bhairavi. Traditionnellement c'est un raga de fin de matinée, assez sérieux et calme, un peu triste. Aujourd'hui, il est souvent joué en style thumri en fin de récital, donc en fin de soirée ou milieu de nuit. Il est alors romantique, sentimental et plus léger. Vilayat Khan intègre les deux ambiances dans son interprétation au sitar.

• MW5287, Raga Hameer: Live at the Royal Festival Hall, London (Navras). Raga Hameer a été enregistré en concert à Londres en 1993. C'est un raga de début de soirée dont Vilayat Khan développe surtout l'introduction, l'alap et le jor. 

• MW5289, Dhyaan. Raag Maand Bhairav (Chhanda Dhara, 1995). Enregistré lors d'un concert à Stuttgart en 1995, Vilayat Khan interprète un raga de sa composition, le Raga Maand Bhairav. Il comporte deux parties, Maand exprimant la beauté des femmes tandis que Bhairav évoque la force et la vitalité en même temps que le calme de l'aube. Zakir Hussain l'accompagne au tabla.

Nikhil Banerjee (1931-86), né à Calcutta, a d'abord étudié avec son père puis à partir de 1947 a été formé par Allauddhin Khan en même temps qu'Ali Akbar Khan et Ravi Shankar. Il est reconnu pour la pureté et l'élégance de son style.

• MW1342, Lyrical sitar (Chhanda Dhara, 1991). Sur cet enregistrement non daté mais probablement réalisé dans les années 1980 en studio en Allemagne, Nikhil Banerjee interprète au sitar deux ragas et une mélodie populaire Baul. Raga Nat Bhairab combine deux ragas du matin, exprimant paix et dévotion. Raga Mishra Khamaj est joué en style thumri, plus léger et est de nature romantique.

• MW1360, The hundred-minute raga: Purabi Kalyan (Raga Records, 1991). Ce double disque a été enregistré en 1982 lors d'un concert à Berkeley en Californie. Nikhil Banerjee interprète avec finesse et inventivité le Raga Purabi Kalyan, faisant durer la performance sur plus d'une heure trente. Le livret en anglais contient une longue interview de l'artiste.

• MW4089, Ali Akbar KHAN & Nikhil BANERJEE, Signature series 4: Rag Manj Khammaj - Rag Misra Mand (AMMP, 1994). Ces enregistrements ont été réalisés aux Etats-Unis entre 1963 et 1974 par David B. Jones dans différentes églises de New York et la première édition du LP date de 1973. Leur interprétation de Raga Manj Khammaj et de Raga Misra Mand est d'une grande beauté et précision.

Shahid Parvez (1955-) vient d'une famille de musiciens et appartient au gharana Etawah, une des importantes écoles marquée par Vilayat Khan, dont il est le neveu. Il a commencé les leçons de chant à trois ans et le sitar à quatre ans. Lors de ses premiers concerts il a huit ans.

• MW6834, Magnificent melody (Dunya, 2004). Sur cet album, le joueur de sitar Shahid Parvez interprète le Raga Darbari (ou Darbari Kanada), un raga de la nuit, évoquant l'atmosphère grandiose d'une cour impériale. La deuxième pièce interprétée est Raga Shahana, un raga de la seconde partie de nuit.

Shujaat Hussain Khan (1960-) est le fils de Vilayat Khan et a été son élève. Il poursuit la tradition familiale en créant un style qui imite les subtilités de la voix humaine. Son jeu est assez libre et reconnu pour son rythme, ancré dans la tradition mais non sans modernité. En dehors des musiques traditionnelles pour sitar, il est également membre du Ghazal Ensemble, un projet indo-persan.

• MW5132, Amore: music of love (Navras, 2003). Enregistré en concert en 1995 à Londres, Raga Jhinjhoti est un raga de soirée, romantique avec une petite touche de pathos. Il est proche de Raga Khamaj.

• MW5123, Raga Malkauns (India Archive Music, 1999). Shujaat Khan a enregistré en 1992 le Raga Malkauns au sitar, un raga très populaire et à la structure mélodique assez simple et accessible mais très versatile. C'est un raga de fin de soirée et aux ambiances sombres.

Purbayan Chatterjee (1976-) vient d'une famille musicale et a appris avec son père, un disciple de Nikhil Banerjee. Il a aussi été guidé par Ali Akbar Khan, le célèbre joueur de sarod. Il appartient au gharana Senia Maihar comme Allauddin Khan avant lui. Il mélange le jeu du sitar à d'autres musiques du monde.

• MW2087, New dawn mind (Sense World Music, 2003). Sur ce disque, Purbayan Chatterjee interprète au sitar deux ragas rarement entendus en concert: Raga Bhairav est joué à l'aube et exprime l'espoir d'un nouveau jour; Raga Jaunpari est également un raga du matin avec un fort caractère spirituel. Il est accompagné au tabla par Satyajit Talwalkar, également un jeune musicien.

Le surbahar est un sitar basse. Le son est profond et vu sa grande taille, les notes peuvent persister plus longtemps. Il aurait été développé par Sahibdad Khan, l'arrière-grand-père de Vilayat et Imrat Khan. Une joueuse reconnue de cet instrument est Annapurna Devi mais elle a toujours fui la publicité. Durant les années 1940 et 50, elle a joué en duo avec son mari de l'époque, Ravi Shankar.

Imrat Khan (1935-) interprète des ragas au sitar mais aussi au surbahar. Il est le petit frère de Vilayat Khan avec qui a souvent joué. Son jeu est proche du style vocal. Il a enseigné l'art musical à ses fils et a été un des professeurs de Brian Jones des Rolling Stones et de George Harrison des Beatles.

• MW4535, Rag Miya Ki Todi - Rag Bilaskhani Todi (Nimbus, 1989). Sur cet enregistrement de 1988, Imrat Khan interprète deux ragas d'Inde du Nord. Le premier, Raga Miya Ki Todi, est joué au surbahar, le second, Raga Bilaskhani Todi au sitar. Ce sont tous les deux des ragas du matin, appartenant à la même famille.

• MW4528, Ajmer (Water Lily, 1991). Imrat Khan a enregistré en 1990 deux ragas d'Inde du Nord: le premier, Raga Alhaiya Bilaval, est joué au surbahar (solo) et seul l'alap est interprété. Le ton est très serein. Le deuxième raga est Imratkauns, joué au sitar et accompagné de tabla. Comme son nom l'indique, il a été composé par Imrat Khan lui-même. L'album est nommé d'après la ville d'Ajmer au Rajasthan et est un hommage au saint soufi Hazrat Khwaja Mu'inuddin Chishti.

(Anne-Sophie De Sutter)