Interview de Christophe Rousseau, coordinateur du CRIE de Villers-la-Ville
Le réseau des CRIE s'efforce de proposer des activités d'éducation à l'environnement variées et de qualité, accessibles à tous. Voici déjà de nombreuses années que nous organisons chaque été un stage vidéo "Nature Academy" avec le CRIE de Villers-la-Ville. Situé sur le site majestueux de la ferme de l'abbaye, le Centre mise sur une approche résolument positive de l'écologie.
Nous avons posé des questions à Christophe Rousseau, coordinateur des activités du CRIE.
- PointCulture : Comment se déroulent vos activités en temps de pandémie ?
Christophe Rousseau : Comme beaucoup, nous avons dû adapter nos activités. Les écoles ne pouvant plus se déplacer, nous avons la chance d’encore pouvoir aller dans les écoles pour animer. Lors du premier confinement, nous avons profité de cette pause imposée pour imaginer de nouveaux projets, dont un consacré à la mobilité et la sécurité et un autre dans le domaine des énergies.
Actuellement nous en sommes à la phase de réalisation de ces deux projets dans différentes écoles du Brabant wallon.
Depuis quelques années, nous avons aussi un projet d’École du Dehors qui consiste à accompagner les enseignants à utiliser l’environnement proche de l’école comme support pour aborder la matière scolaire.
Avec ces trois projets, nous avons un début d’année relativement bien occupé.
« Le vélo et la marche à pied se présentent comme de bonnes alternatives. Elles rejoignent des convictions environnementales et de promotion de la santé, car il n’y a pas mieux pour notre corps que de bouger chaque jour, et d’autant plus dans un air plus sain pour tout le monde ! » — Christophe Rousseau
- PC : Peux-tu nous parler du projet Mobilité ?
C.R : Qu’est-ce que la mobilité et en quoi il est important, aujourd’hui, d’en parler en classe ou ailleurs ? La mobilité pourrait tout simplement être définie par la notion de se déplacer d’un point A à un point B. Ce déplacement peut se faire de diverses manières : à pied, en bateau, en avion, à vélo, en voiture, en transports en commun… Mais bien sûr, cela ne se fait pas sans impact. Chacun de nos choix de mobilité peut avoir des conséquences sur nous comme sur autrui, que ce soit au niveau de la santé, de l'environnement ou de la société. Aller à l’école par exemple ! Comment fait-on ? Voici le point de départ de notre projet.
Le projet mobilité, dénommé “Mon école par quatre chemins”, est né d’une volonté de se diriger vers d'autres types de mobilité (autres que la traditionnelle voiture par exemple), et notamment des mobilités plus durables et plus douces. Le vélo et la marche à pied se présentent en ce sens comme de bonnes alternatives. Elles rejoignent des convictions environnementales et de promotion de la santé, car il n’y a pas mieux pour notre corps que de bouger chaque jour, et d’autant plus dans un air plus sain pour tout le monde ! Toutefois, le partage de la route n’est pas toujours évident partout et, en tant que citoyens, nous ne connaissons pas toujours les codes pour nous déplacer sur la voie publique. Il est donc important pour nous d’accorder aussi une grande importance à la sécurité routière.
« Pouvoir encourager l’organisation pérenne et encadrée d’un vélo- ou pédibus sécurisé au sein de l’école constitue notre objectif final. » — Christophe Rousseau
L’équipe du CRIE de Villers a voulu proposer un projet d’animation, mais aussi d’accompagnement aux classes allant de la 3e à la 6e primaire pour les aider à développer ensemble un système de vélo- ou pédibus. De cette manière, les élèves pourraient apprendre à rouler sur la voie publique en vélo tout en devenant des citoyens responsables et en prenant soin de leur santé. Pour ça, ils sont amenés à vivre trois matinées avec comme objectifs : définir la notion de mobilité et analyser ses choix de déplacement tout en comprenant leurs impacts, et apprendre à se déplacer en sécurité aux alentours de l’école grâce à l’apprentissage de panneaux et de bases du Code de la route. Pouvoir encourager l’organisation pérenne et encadrée d’un vélo- ou pédibus sécurisé au sein de l’école constitue notre objectif final.
Ce projet démarre cette année 2021 avec deux écoles : l’école Les 2 Châtaigniers à Sombreffe (4 classes) et l’École Libre Saint-Nicolas à Sart-Dames-Avelines (6 classes). Nous nous sommes rencontrés pour la première animation en janvier et nous retrouverons les classes en mars puis en fin d’année scolaire pour réaliser la suite du projet !
- PC : Comment créer un lien avec la nature en restant confiné chez soi ?
C.R. : L’hiver est un moment très propice pour l’observation des oiseaux, en plaçant par exemple une mangeoire dans son jardin. Une mangeoire bien placée et de la nourriture adaptée, c’est la certitude d’avoir des mésanges, des pinsons, des merles, mais aussi pourquoi pas, des verdiers, des chardonnerets, des gros becs, des pics… En hiver, les oiseaux sont souvent en groupes de tailles variables, de quelques individus à parfois plusieurs dizaines. Ils sont aussi souvent moins farouches et donc se laissent beaucoup plus facilement observer.
C’est aussi le moment de préparer le printemps en réalisant et plaçant des nichoirs à oiseaux ou à insectes, en réalisant les dernières plantations d’arbres et arbustes.
Et enfin, pendant les soirées, c’est aussi l’occasion pour regarder l’un ou l’autre documentaire ou feuilleter un livre sur le sujet.
- PC : Quelle est ta révolte du moment ?
C.R. : Comme beaucoup, la gestion de la crise que nous vivons me pose question.
Il y a une forme de déshumanisation dans cette gestion qui m’interpelle. Considérer que les jeunes peuvent se construire sans liens sociaux ou que toute une série de personnes à travers leurs fonctions sont « non essentielles » à la société ou encore que la culture n’a aucune utilité en temps de crise… tout cela apporte en moi de l’inquiétude, de l’incompréhension et aussi de la révolte. Mais je n’ai pas non plus de recette miracle…
- PC : Quel est ton remède au confinement ?
C.R : Réponse en image ↷
Propos recueillis par Thierry Moutoy.
> Site web du CRIE