Interview de Mickael Blum (asbl Interactifs associés)

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publié le 19 novembre 2021 par Thierry Moutoy

Mickael Blum est le président de L’asbl liégeoise des Interactifs associés qui a pour but de favoriser, de développer, de promouvoir, de « patrimonialiser » et d’étudier le jeu vidéo en tant que médium culturel. Il est aussi compositeur.

- Thierry Moutoy (PointCulture) : Peux-tu me faire un bilan de ton travail au sein des interactifs associés ?

- Mickael Blum : Les Interactifs associés sont à l'arrêt complet depuis le mois de mars 2020 et nous attendons que la crise sanitaire soit derrière-nous avant d'envisager la reprise des activités. Il me semble important de ne pas prendre de risques et de participer à l'effort général pour que ce problème soit réglé au plus vite. Je ne m'avancerai donc pas sur la possibilité de reprendre une activité normale en 2021 [NDLR : l’interview a été réalisée au début de l’année 2021]. Patience, comme on dit.

- Quels ont été les faits marquants dans le jeu vidéo en 2020 (y compris en musique) ?

- Si je les reprends de manière chronologique, le premier remonte à mars avec la sortie de Doom Eternal. Plus nerveux que le reboot de 2016, il prend correctement le relais de ce dernier. Au niveau musical, Mick Gordon est toujours aux commandes, mais il ne réitère pas l'exploit d'élever le jeu au statut de chef-d'œuvre musical comme il l'avait fait quatre ans plus tôt. Il n’aura malheureusement plus le luxe de s’y essayer puisque, suite à un litige lié à la commercialisation de la bande originale du jeu sur laquelle je ne reviendrai pas ici, Mick Gordon et Bethesda/id Software ont décidé de ne plus travailler ensemble à l'avenir.

C'est un événement important concernant la musique de jeu vidéo, puisque Mick Gordon devenait un nom incontournable dans le domaine. Il faudra voir si cela mettra un coup à sa carrière ou non. L'avenir nous le dira. — Mickael Blum

Au début du mois d'avril, la sortie du remake de Resident Evil 3 m'a un peu refroidi. Autant j'ai pu apprécier le remake du #2 sorti un an plus tôt, autant celui-ci laisse le joueur sur sa faim. En tout juste un peu plus de 20 heures, j'avais fait le tour du jeu et réalisé l'intégralité des défis. La nouvelle aventure est rabotée de plusieurs chapitres par rapport à celle du volet précédent. J'ai tout de même apprécié y jouer, comme l'atteste mon 100%, mais les développeurs auraient pu faire un effort pour proposer une aventure solo un peu plus longue. En juin, j'ai pu entendre que The Last of Us II était vraiment un incontournable. Je n'ai pas pu y jouer car il n'est pas disponible sur support PC, mais j'espère que Sony proposera le jeu sur son service de streaming afin de tester cela au plus vite !

Le dernier événement marquant pour moi, au niveau des triples AAA, est la sortie de Cyberpunk 2077 en décembre. J'ai eu la chance d'y jouer sans aucun problème majeur, donc mon regard sur celui-ci est plutôt lié à son contenu. Il ne faut pas s’attendre à un FPS du niveau de Doom ou à un scénario digne de certains jeux de rôle. Comme tout jeu en monde ouvert, Cyberpunk se trouve à la croisée des chemins de nombreux genres auxquels il emprunte certains éléments, pour un dosage convaincant dans le cas présent. Pour l'avoir fait de part en part en une centaine d'heures et avoir pu évaluer l'intégralité de son contenu, il vaut le détour, mais j'inviterai les joueurs à attendre pour s'assurer un confort de jeu optimal. 2020 fut une année assez maigre en somme. Je n'ai pas cité le remake de Final Fantasy VII, car je n'aime pas le principe des jeux en kit, et je ne fais pas partie du public cible d'Animal Crossing. Je laisserai donc la parole à ceux qui sont à même d'évaluer la qualité de ces titres à leur juste valeur.

Cette année a également été l’occasion de m’essayer à un service de streaming PC pour 'Cyberpunk', une alternative solide à l'achat de matériel parfois cher pour faire tourner certains jeux de manière optimale. — Mickael Blum

Au niveau des plus petites productions, on peut noter la sortie de l'accès anticipé de Risk of Rain 2 et d'Hades. Alors que le premier est un de mes best-of de cette année, le second, bien qu'excellent, est parfois un peu plus répétitif que d'autres rogue-lites. Il ne faut pas non plus oublier le splendide Outer Wilds qui renouvelle le genre du jeu d'exploration et qui est déjà un incontournable.