Interview des poètes futuristes de Waï Faï Spirit
- PointCulture : Vous avez un parcours déjà bien rempli comme musicien et comme producteur. Pouvez-vous nous en résumer les principales étapes ?
- Ibaaku : J'ai commencé à douze ans à apprendre la théorie musicale et le piano grâce à mes parents. Et au même moment (au début des années 1990), c’était l’avènement du hip-hop au Sénégal et je me suis lancé dans la danse, l’écriture, le rap, etc. jusqu’en 2001, lorsque j’ai participé à la création du collectif panafricain Lyrical Zone 3 à Dakar. À partir de là, j’ai commencé à m’intéresser à la musique assistée par ordinateur. Puis j’ai créé avec deux amis (Shango et Ceptik) le groupe Still avec lequel nous avons sorti notre premier album en mars 2009 (Muzik noire).
Ensuite j’ai participé au groupe I-Science en tant que chanteur-guitariste et claviste. Nous avons sorti un album éponyme en 2013. Et l’aventure a continué jusqu’en janvier 2016, date à laquelle j’ai sorti mon premier album solo Alien Cartoon.
- Comment s’est mis en place le scénario autour de ce premier album Alien Cartoon ?
- Ibaaku : C'est parti de mon travail pour la styliste Selly Raby Kane à la Biennale de Dakar 2014. J'avais composé la bande sonore de son défilé / de sa performance qui imaginait une ville africaine envahie par des extra-terrestres. Une idée en porte une autre, le soundtrack initial de la performance s'est transformé en album, puis en vidéo, puis en space opera, en tournées, etc.
- Vous travaillez avec des artistes de plusieurs disciplines, de la mode aux arts plastiques en passant par la vidéo. Est-ce que c’est arrivé au hasard des rencontres avec les gens ou bien est-ce dû à une volonté délibérée de chercher ce genre de collaborations?
- Ibaaku : C'est peut-être dû au fait que j'ai quasiment toujours travaillé dans des collectifs multidisciplinaires (LZ3, Les petites pierres, I-Science, Agit'art). Je suis moi-même fan, curieux des autres disciplines donc ça se fait de façon organique. C'est pas du tout voulu de manière délibérée.
- Comment s’est monté le projet Waï Faï Spirit ?
- Benjamin (BenRichard) : Très naturellement.
- Kévin (A.L.F.) : Tout a démarré en studio lors des sessions de préparation de la tournée Alien Cartoon. Il y a eu aussitôt un échange et une complémentarité – tant artistique que technique – entre nous. Mais pour ma part, c’est sur la tournée elle-même que l’idée du groupe a vraiment commencé à me titiller.
Ça s’est confirmé lors de la composition et du mixage de la bande originale pour une série policière à Dakar – dont le nom m’échappe à l’instant - : c’étaient un peu les prémices de Waï Faï Spirit.
- Comment s’est passée la rencontre avec l’afro-futurisme et la science-fiction de l'univers d'Ibaaku?
- Kévin : Je laisse Benjamin répondre à cette question.
- Benjamin : Ça s’est passé de façon tout à fait naturelle, étant nous-mêmes de grands fans de science-fiction et de tout ce qui touche au futur, y compris en musique.
- Comment choisissez-vous les différents éléments de votre musique, les sons, les instruments, les samples ?
- Benjamin: Au feeling…
Kévin : On choisit nos sons en nous amusant et en expérimentant. Notre workflow est le suivant : on démarre d’une esquisse faite « à l’arrache » sur le logiciel musical Ableton, on teste quelques formes d’arrangements différents, jusqu'à ce qu’un texte émerge ou que l’instru colle à un texte existant. Ce n’est qu’une fois qu’on a ces deux éléments capitaux que les musiciens et les synthés analogiques entrent en jeu et viennent remplacer au fur et à mesure les sons basiques utilisés au départ et donner la couleur du son Waï Faï Spirit. Ce processus est le prétexte à toute une foule d’expériences en partie basées sur les heureux accidents produits par l’interaction entre les musiciens et la technologie (quelle qu’elle soit). La dernière étape est l’enregistrement de la voix et le choix de la meilleure interprétation.
Interview : Benoit Deuxant
photo de bannière : (c) Zizi Lazer
Dans le cadre d'Africa is/in The Future 2019 :
Waï Faï Spirit
en concert
Samedi 29 Novembre 2019 à 21h
Cinéma Nova
3 Rue d'Arenberg
1000 Bruxelles