Interview de Guillaume Bouckaert (Brotaru)
- Thierry Moutoy (PointCulture) : Peux-tu nous (re)dire ce qu’est le Brotaru ?
Le nom 'Brotaru' vient de l'amalgame d'Otaru et de Bruxelles. Otaru est une rencontre mensuelle entre développeurs de jeux vidéo et qui a lieu au Japon. — Guillaume Bouckaert
Andrea Di Stefano (un des développeurs du récent jeu belge Bombslinger), l'organisateur originel de la Brotaru, a eu l'occasion d'y assister lors d'un séjour dans ce pays, en 2014. Il a exporté le concept à son retour à Bruxelles, en lui apportant une touche bien belge. Et l'événement a reçu le soutien de screen.brussels, ce qui nous permet d'accueillir les développeurs en leur offrant un verre.
- Le Brotaru est à l'arrêt depuis le mois d'octobre. Penses-tu que le manque d'échange entre développeur et joueur va avoir un impact sur la production vidéo ludique ?
- Pas nécessairement sur la relation entre joueurs et développeurs. Autour de la plupart des jeux se crée une communauté en ligne, indépendamment de la Brotaru. Celle-ci sert surtout à créer des liens entre développeurs et créateurs. Et là, je pense qu'il y aura malheureusement un impact. On communique forcément beaucoup moins ces derniers temps, et avec les relations qui s'effilochent, il y a peut-être des opportunités de collaboration qui disparaissent. On espère rattraper ça l'année prochaine, en organisant à nouveau une BIG BROTARU et pourquoi pas quelques autres événements qui sortent de l'ordinaire ?
- En tant que professeur en art numérique (game design) quelle est l'impact sur les étudiants ?
Ça dépend des écoles et des étudiants. Pour certains, et c'est bizarre, j'ai l'impression qu'il y a une meilleure concentration sur leurs projets. D'autres sont clairement en décrochage, et ça reste très difficile de les suivre et de les rattraper dans ces conditions — G. B.
Mais je pense que, de la même manière que les smartphones sont très facilement rentrés dans les habitudes de la nouvelle génération qui a grandi avec, cette nouvelle génération va acquérir une certaine expérience du « work @home ». Ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose en soi.
- Quelle est ta révolte en ce moment ?
- En ce moment je me révolte contre le temps qui ne passe pas assez vite, pour qu'on arrive enfin au bout de l'année pour laisser 2020 derrière nous. [NDR : interview réalisée début décembre 2020 !]
- Quel est ton antidote culturel pendant le confinement ?
- Pas d'antidote particulier, en dehors de ceux que je pratiquais déjà, c'est-à-dire les jeux vidéo. Plus sérieusement, la période a été assez chargée niveau travail. Si bien que, et c'est malheureux, ma consommation culturelle a un peu chuté. Mais je compte bien me rattraper au moment des fêtes. [idem]
Interview (décembre 2020) : Thierry Moutoy
Photo : Bruno Hilgers