Interview de Gwen Bouillet : coordinatrice de la locale Brabant wallon d’Article 27
- Thierry Moutoy (PointCulture) : Quel a été l'impact du Covid et du confinement pour Article 27 ? Comment garantir un accès démocratique à la culture quand il n'y a presque plus d'accès au lieu de diffusion ?
- Gwen Bouillet : Article 27 est composée de 14 entités locales sur le territoire wallon avec des réalités complètement différentes et donc des positionnements variés. Côté Brabant wallon, ça a été étrange au début et puis j'ai rebondi comme je pouvais. J'ai mis pas mal de choses en place à distance durant le premier confinement : un outil de participation des publics, des ateliers en Facebook-live, deux journaux papier, etc.
Ce confinement-ci a été plus compliqué parce qu'à force d'annulations, ma motivation a un peu baissé mais, au final j'ai rebondi dans les kits culture.
Ces kits culture se présentent comme des sacs en kraft avec différentes propositions culturelles et créatives. Ils ont été pensés pour pallier l'obstacle du numérique. Je voulais « garantir » un accès à la culture sans passer par le numérique. J'en ai distribué 3 x 120 (sur trois thèmes différents) pour des personnes isolées, des seniors et quelques familles, partout en Brabant wallon. — Gwen Bouillet
Je sais que mes collègues ont mis d'autres choses en place (des ateliers réseaux sociaux, des visites virtuelles de partenaires culturels, de l’art postal, etc.)
- Article 27 fête ses vingt ans d'existence. Quel bilan peux-tu en faire ? Quels ont été les grands changements ?
La société évolue, notre travail aussi mais la situation culturelle et sociale ne s'améliore pas forcément – et encore moins durant cette période de pandémie. — G. B.
On a clairement évolué depuis toutes ces années, on est de plus en plus outillés, on réfléchit beaucoup et on se réadapte au fur et à mesure. Mais le chemin est encore long et notre visibilité doit encore s'accroître.
- Quelle est ta révolte en ce moment ?
- Un peu comme tout le monde qui travaille dans ces secteurs, je crois :
Côté culturel : le manque de positionnement et de mesures concrètes pour aider le secteur, l'absence de considération.
Côté social : des mesures qui ne prennent pas en compte l'isolement de plus en plus problématique de nos publics. Une incompréhension de nos réalités de terrain et des besoins des gens.
Quel est ton antidote culturel pendant le confinement ?
Lire, lire et encore lire pour me nourrir, cultiver la créativité et me donner envie de me battre ! — G. B.
> site Article 27 (Brabant wallon)
Interview par e-mail, tout début janvier 2021 : Thierry Moutoy