Isabelle Kabatu, Voice of Africa
Sommaire
La soprano belge Isabelle Kabatu incarne à merveille ce sentiment rayonnant, non seulement sur scène mais aussi dans les différents projets qui lui tiennent à cœur : Da Tempesta et Voice of Africa.
A 5 ans, elle décide que la musique ce serait sa vie. Elle étudie donc le solfège, le piano, le violon et fait même du ballet classique. Il ne reste plus qu’à convaincre son père qui est originaire du Congo et qui aurait préféré la voir devenir médecin pour pouvoir soigner les gens. Après des discutions familiales que l’on devine intenses, Isabelle étudie le chant et la musique aux Conservatoires Royaux de Mons, Bruxelles et Gand puis se perfectionne auprès de Jessye Norman.
En mai 1992, elle est lauréate du Concours Reine Elisabeth et seule belge présente au palmarès de cette session. Deux ans plus tard, elle remporte le premier prix du Concours International de chant Marcello Viotti, à Varollo en Italie et débute la même année dans le rôle de Violetta dans La Traviata de Verdi à Lisbonne.
En 1995, Isabelle Kabatu se perfectionne au conservatoire de Nice auprès de Jean-Pierre Blivet. Les rôles marquants vont ensuite se succéder : en 1996, Bess dans Porgy and Bess de George Gershwin (tournée mondiale), en 1997, Madame Butterfly dans l’opéra éponyme de Giacomo Puccini. Les grandes scènes d’opéras (La Scala à Milan, le Liceo à Barcelone, pour ne citer que celles-là) l’appellent à prendre part à des productions comme Aïda, Tosca, Un Ballo in Maschera, Manon Lescaut, La Forza del Destino, La Fanciulla del West, ….
En 2003, elle gagne le Prix des arts de la scène du Hainaut, une distinction attribuée à un ou une artiste hainuyer par la Direction générale des Affaires culturelles (DGAC) de la province de Hainaut.
Elle chante Aïda à Rome en 2005, elle est Chimène dans le Cid de Jules Massenet en 2008 à l'Opéra de Zurich et en 2009, elle interprète le rôle de Madame Lidoine dans les Dialogues des Carmélites, de Francis Poulenc au Théâtre du Capitole de Toulouse.
En septembre 2012, elle joue le rôle de Leonor dans la création mondiale de Stradella de César Franck à l'Opéra royal de Wallonie à Liège.
Plus récemment, la couleur de sa voix, l’évolution de sa personnalité et la rencontre avec une formatrice vocale qui lui a permis de construire une technique adéquate lui permettant désormais d’aborder un nouveau répertoire et des rôles plus dramatiques comme Norma, Abigaille de Nabucco, Lady Macbeth, Gioconda, Didon des Troyens et Brünnhilde de la Tétralogie wagnérienne. « Ce sont les rôles les plus intenses, qu’on aborde comme un cadeau ».
Le rôle d’Aïda dans l’opéra de Giuseppe Verdi qu’Isabelle Kabatu a interprété de nombreuses fois sur de grandes scènes avec des metteurs en scènes prestigieux lui colle à la peau. « Je pense que Verdi a véritablement cerné le paradoxe de la femme africaine: à la fois forte et dépendante, à la fois gazelle et lionne. ». Isabelle en fait une héroïne qui n’a pas peur d’imposer sa vision en se battant, d’allier les contraires avec une grande énergie.
« …plus je me bats pour porter mes idéaux, plus j’ai de force » Ce n’est pas Aïda qui affirme cela, c’est Isabelle Kabatu en parlant de son projet Da Tempesta.
C’est avec son mari le metteur en scène et artiste peintre Stefano Giuliani qu’elle fonde, en 2000 cet atelier lyrique afin d'aider les jeunes artistes musiciens, chanteurs, scénographes, décorateurs et plasticiens. Ayant fait le constat qu’à leur sortie de l’école, les jeunes n’ont pas en main les outils leur permettant d’entrer dans la carrière professionnelle, Da Tempesta cherche à leur donner conscience des réelles exigences du métier au travers de projets concrets. A ce jour, l’atelier a produit 14 d'opéras, le plus souvent avec orchestre, mise en scène, décors et costumes. Parmi les projets des dernières années citons Don Giovanni de MOZART, La Vie Parisienne de Jacques OFFENBACH, Carmen de Georges BIZET et Die Dreigroschenoper de Kurt WEILL. Da Tempesta se sont aussi des master class, des conférences, des concerts et des récitals qui apportent un soutien concret à de jeunes artistes.
Dans le même ordre d’idée, Isabelle Kabatu projette d’ouvrir une école de musique au centre de l’Afrique, à Kinshasa, si possible. Valoriser de jeunes artistes issus du continent africain dont est originaire son père, lui tient profondément à cœur. Lancé en 2009, le projet VOICE OF AFRICA est l’œuvre de sa vie. Pourquoi y a-t-il si peu de musiciens africains dans le paysage artistique européen, en particulier en musique classique ? Les asiatiques sont bien représentés mais du côté de l’Afrique, on ne retrouve pas ce mouvement d’enrichissement culturel qui va d’ailleurs dans les deux sens. Et pourtant, la tradition musicale africaine a bien des trésors à proposer. Et du côté africain ? Y a-t-il des réticences face à la musique classique occidentale dues au passé colonial et au lot de souffrances qui s’y rattache ? Dans un rapprochement mutuel, tous les partis ont à y gagner. Isabelle a fait de nombreux voyages en Afrique pour y poser les jalons d’une école de musique classique. La mise en place du processus favorisant des échanges féconds entre les continents et les personnes est en cours.
Je laisse le mot de la fin à cette artiste d’une très grande générosité. « Le soutien concret aux jeunes musiciens est une préoccupation constante et exige un engagement quotidien parfois éprouvant. Mais, de façon inattendue, plus je me bats pour porter mes idéaux, plus j’ai de force ».
Isabelle Kabatu à PointCulture:
Sources:
http://www.isabellekabatu.com/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Kabatu
http://www.operaliege.be/blog/2014/03/21/rencontre-isabelle-kabatu/
http://www.lavenir.net/cnt/dmf20140323_00452183
Anne Genette