Islande: la géothermie surexploitée ?
Le plus grand réseau de chauffage géothermique du monde...
Au centre de Reykjavik, R05, le puits principal creusé en
1959 et quelques cinquante puits autour de la capitale alimentent le plus grand réseau
de chauffage géothermique au monde au profit des 212.000 habitants de la ville. Sur toute
l’île, la géothermie chauffe neuf bâtiments sur dix. La capitale la plus au nord de l’Europe – 250 km
au sud du Cercle polaire – est aussi celle qui bénéficie de la géologie
la plus favorable au développement des énergies issues du ventre de la Terre.
Même si les sources d’eau chaude ont séduit les colons depuis le Moyen-âge, La géothermie
basse
énergie a connu un véritable boom suite au premier choc pétrolier des années
1970. Aujourd’hui Reykjavik propose pas moins de 17 piscines remplies d’eau
géothermale, la plupart en extérieur, fréquentées hiver comme été. La géothermie assure 25% de l’électricité des
ménages, la plupart concentrés à Reykjavik. Les barrages hydro-électriques
assurant le reste de la production.
... mais un bilan carbone problématique
Quelles sont donc alors les raisons d’un bilan carbone national plus que médiocre ? Premièrement creuser un puits de nouvelle génération, à 4500 mètres de profondeur à la recherche de la vapeur d’eau supercritique à 374° C, cela génère des émissions de CO2 et une pollution au souffre. Plus significative, l’explosion du tourisme a entraîné l’intensification des trafics aérien et routier. L’usage immodéré des véhicules 4x4 se généralise et les hôtels poussent plus vite que les geysers dans la capitale. L’Islande attirera en 2017 plus de deux millions de touristes pour une population de 338.000 insulaires. Les écologistes parlent déjà de la « Costa Del Reykjavik »
Enfin l’industrie lourde, très énergivore et polluante n’est pas en reste, car jusque récemment, les fonderies d’aluminium et de silicium ont bénéficié d’incitations financières du gouvernement. Attirés par une électricité moins chère que partout en Europe, les investisseurs étrangers se bousculent pour produire "notre" aluminium en Islande, amenant la part de l’acier dans le P.I.B. du pays de 3% en 2000 à plus de 14% aujourd’hui.
Perspectives d'avenir.
La ministre actuelle de l’environnement, Björt Ólafsdóttir, se veut optimiste car les incitants octroyés aux groupes d’aluminium ont été supprimés et la mobilité électrique est aujourd’hui fortement encouragée. S’il existe sept bornes de recharge à Reykjavik, une équipe de Volkswagen a cependant prouvé au moyen d’un modèle hybride récent qu’il était impossible en octobre 2016 de faire le tour complet de l’île (1300 km) faute de trouver des bornes adaptées aux modèles européens.
Pierre-Charles Offergeld
photo : centrale geothermique de Nesjavellir
Sources:
encyclopedie-dd.org/encyclopedie/terre/la-geothermie-pour-la-production-d.html
energie.wallonie.be/fr/la-geothermie-profonde.html?IDC=6173
lenergeek.com/2017/05/15/islande-geothermie-augmentation-emissions-gaz-effet-de-serre/
courrierinternational.com/article/2011/04/14/l-aluminium-pese-trop-lourd-sur-l-islande
Cet article fait partie du dossier Reykjavik.
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