Islande: les Huldufólks ou gens cachés
La famille royale des Huldufólks habite le parc Hellisgerdi situé en plein centre-ville de Hafnarfjördur, une petite ville de la banlieue sud de Reykjavik — .
apprend-on
d’entrée de jeu en tapant sur le web l’occurrence Les Elfes en Islande.
Les lieux habités par le peuple caché sont généralement préservés, même en pleine ville. Routes, voies ferrées et projets urbanistiques sont étudiés, parfois modifiés, pour éviter de détruire ces lieux de vie hors du commun (Álagablettur). Souvent des médiums ou « clairvoyants » sont consultés avant d’entreprendre les travaux, car nombre de rochers, de falaises et autres tertres naturels abritent, même en milieu urbain, les cités de ces créatures. Diverses études à différentes époques montrent qu’une moitié de la population islandaise croit à leur présence et est consciente de côtoyer des êtres qu’ils ne voient pas. Toutes les sociétés traditionnelles du monde qui ont pu se préserver du catholicisme, des autres monothéismes et de l’industrialisation, ont mieux maintenu le contact avec ces intelligences de la nature.
Selon l’ethnologue Vanessa Doutreleau, les Huldufólks, que l’on retrouve dans l’ensemble du monde scandinave, appartiennent à la grande famille des elfes et des « génies du sol » présents en terre islandaise avant l’arrivée des colons norvégiens au IXè siècle. D’apparence et de taille humaine, ils se situent à la charnière du naturel et du culturel. Ils sont vêtus comme les humains, plutôt à la mode du XIXè siècle, et vivent dans un univers non altéré par l’industrialisation et le monde moderne. «Ils se font les intermédiaires entre les monde humain et non humain dans le cadre d’un continuum nature / culture ». Les elfes proviennent de la grande famille des nains, ils sont ceux qui habitent les pierres. Rien d’étonnant alors qu’ils aient élu domicile dans une île où la géologie tient lieu de monument historique vivant, encore fumant. En milieu urbain où se concentrent aussi la majorité des Islandais, les Huldufólks s’incarnent dans les espaces non altérés par l’homme.
À Reykjavik existe depuis 1991 l’Ecole des elfes (Álfaskólinn). Plus de 8000 étudiants venus d’Europe et d’ailleurs sont aujourd’hui diplômés en « études et recherches sur les elfes et autres peuples invisibles ». Les cours sont dispensés en anglais par le Directeur de l’établissement, l’historien, ethnologue et anthropologue Magnus Skarphedinsson, licencié de l’Université d’Islande, qui n’est autre que le frère du Ministre actuel des Affaires étrang..ères Össur Skarphéðinsson.
S’il est indéniable que la nature islandaise et ce phénomène étrange contribuant à préserver nature et tradition jusqu’en ville, participent à l’attraction touristique de l’île, les habitants de Reykjavik, plus nombreux que les « clairvoyants », peuvent se vanter d’avoir rendu visibles et perceptibles les sites chargés, habités par les elfes, particulièrement repérables en milieu urbain.Quand, parmi les immeubles ou toute autre construction, se trouve un espace vide, il se peut que ce ne soit pas un vulgaire terrain vague, mais bien souvent un site à elfes. À Reykjavík, non loin de l’université, un espace semi-sauvage plus ou moins aménagé en jardin d’enfants fait partie de ces lieux auxquels 'Il vaut mieux ne pas toucher '. — Vanessa Doutreleau
Pierre-Charles Offergeld
photo de bandeau: une rue à Kópavogur près de Álfholsvegur déviée pour préserver un rocher aux elfes - photo: Christian Bickel (creative commons)
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