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Autour du journal d’Eugène Delacroix

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La Vénerie reprogramme ce 13 octobre le concert-conférence autour du Journal d’Eugène Delacroix. Introduction à ce document plein d'enseignement.

Sommaire

Premier du cycle "Échos : Musiques et Arts Visuels", ce concert commenté autour du Journal du peintre Eugène Delacroix entend explorer la manière dont il envisageait l'art en général et la musique en particulier. Quelles relations établissait-il entre la musique et la peinture, y usait-il des mêmes critères d'appréciation ? Et quel était son degré de compétence pour juger la musique de son temps ? Les conférenciers Delphine Berryer et Rodolphe de Borchgrave répondront à ces questions, en compagnie des musiciens chargés d'accompagner leurs réflexions: Aveline Monnoyer, mezzo-soprano, Alexis Thibaut, piano et Camille Seghers, violoncelle. Pour préparer cette soirée, PointCulture vous propose quelques points de repère.

Le journal

Témoignage inestimable, le Journal débute en 1823 lorsque Delacroix avait 25 ans, et se poursuit jusqu’à sa mort, en 1863. Il regorge de notes, de réflexions, de théories sur l’art et les artistes. Écrits spontanés, jetés sans préoccupation de style ni d’ordre prédéterminé, ils n’étaient pas destinés à la publication. Ce n'est que trente ans après sa mort que sa veuve et sa fille rendront les précieux carnets publics.

Formation musicale

On dit que Delacroix aurait pu être musicien autant que peintre. C’est sans doute vrai. À l’âge de cinq ans, il fut initié à la musique par un vieil organiste de Bordeaux, qui lui communiqua son amour de Mozart. Il releva au passage les étonnantes aptitudes de son jeune élève. Plus tard, Delacroix fera l'apprentissage du piano et du violon. Faute de temps, il ne pourra plus les pratiquer, ce qu'il regrettera à plusieurs reprises dans son Journal. La variété de ses passions le portait dans d’innombrables directions : la botanique, les langues orientales, la littérature, la musique et bien sûr la peinture. Il visitait les expositions, rencontrait des artistes avec lesquels il partageait ses réflexions, assistait à des pièces de théâtre, écoutait la poésie, parcourait les salles de concerts, d’opéras et le Conservatoire, faisant de lui un des esprits les plus ouverts de son temps.

Penchants esthétiques généraux

De toutes ces observations glanées dans le Journal, on s’aperçoit que Delacroix, malgré son insatiable curiosité, restait très attaché aux expressions classiques. Racine plutôt qu’Hugo, Rubens plutôt qu’Ingres, Mozart plutôt que Berlioz. Il exerce le mieux qu’il peut l’objectivité vis-à-vis des œuvres qu’il découvre, y retournant parfois à plusieurs reprises pour en capter tous les aspects. Il recherche dans une composition la simplicité, fuyant les grands effets et ornements superflus. Il aime y percevoir une conception d’ensemble, qu’elle renferme une part d’imprévu et qu’elle soit imaginative plutôt que réaliste. Il n'appréciait guère Gustave Courbet pour cette raison. Il désapprouve les longueurs, les répétitions, les assemblages maladroits qui ne font pas apparaître une architecture générale, et ce toutes disciplines artistiques confondues.

Et ses goûts en musique ?

On l’a dit, Delacroix n’a pas toujours apprécié les œuvres plus modernes, surtout si elles étaient moins conformes aux grands principes que nous avons mentionnés plus haut.

Toute sa vie, Mozart a représenté pour Delacroix le summum de la sérénité, de la beauté, de l’équilibre en musique, rassemblant plus qu'aucun autre autant de qualités. Il a eu l’occasion à plusieurs reprises de le comparer au très moderne Beethoven. A propos de la Flûte enchantée, il écrit : « A ce concert et au suivant, je comparais les deux ouvertures de Beethoven à celle de la Flûte enchantée, par exemple, et à tant d’autres de Mozart… Quelle réunion, dans ces dernières, de tout ce que l’art et le génie peuvent donner de perfection ! Dans l’autre, quelles incultes et bizarres inspirations ! »

S’il éprouvait pour Mozart une ferveur sans mélange, il était plus réservé en ce qui concerne Beethoven. Il lui reprochait souvent d’être confus, ou de mêler des passages d’une infinie beauté à d’autres plus ordinaires, ou chargés de longueurs inutiles et distrayant l'auditeur. L'ouverture de Coriolan, la Symphonie pastorale seront à son goût, tandis que l'ouverture Leonore ou la Marche turque le décevront.

À l'écoute du Matrimonio segreto de Domenico Cimarosa, il décrétera avoir rencontré la perfection même.

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Avec Chopin (1810-1849), l’admiration artistique se double d’une amitié profonde, réciproque et durable. Leurs échanges enrichiront les connaissances de Delacroix sur des points techniques comme sur la découverte de nouvelles compositions. A Nohant, dans la propriété de George Sand, Delacroix disposait d’un atelier qu’il occupait lors de ses fréquentes visites. « J’ai des tête-à-tête à perte de vue avec Chopin, que j’aime beaucoup et qui est un homme d’une distinction rare : c’est le plus vrai artiste que j’aie rencontré. Il est de ceux en petit nombre qu’on peut admirer et estimer. »

On trouvera par contre des commentaires désobligeants à propos de Schubert, Schumann, Berlioz, Verdi ou encore Mendelssohn. Quant à Meyerbeer, sa détestation semble être profonde. Il dira de lui, assez élégamment : "Il s'est brouillé avec les Grâces".

Ce Journal donne donc de très nombreuses indications sur les jugements de Delacroix, nous aidant par là-même à mieux cerner sa personnalité. Quant à la valeur de ces jugements, nous laissons la parole aux deux conférenciers de La Vénerie, ce 13 octobre.

Bon concert !

Plus d'infos.

Nathalie Ronvaux