« L’architecture monte dans les tours » à Charleroi
De même que l’oiseau bâtit son nid, que les insectes se créent des cités, que les mammifères se cherchent des gîtes et se bâtissent des tanières, ainsi l’homme, par sa nature même, a toujours désiré construire. — Franck Lloyd Wright, architecte.
Peut-on résumer l’architecture à cette simple définition de la construction ? Ce n’est certainement pas l’avis de l’ICA (Institut culturel d’architecture Wallonie-Bruxelles) qui n’entend pas réduire l’habitation à la construction de logements permettant aux humains de s’abriter sans y trouver nécessairement les raisons d’y vivre. En effet, l’habitation est une construction sociale qui prend toute sa mesure quand elle nourrit l’idée que l’on peut s’approprier l’habitat pour y trouver une qualité de vie qui dépasse lce principe de survie.
C’est avec cette motivation que l’ICA en collaboration avec l’Eden (Centre Culturel de Charleroi) présente « L’architecture monte dans les tours » et ce, en ouverture des nouvelles salles de l’Eden ! Les nouvelles salles constitueront donc le cœur d’une série d’évènements qui se déclineront du 15 septembre au 3 octobre 2021 sous la forme d’expositions avec visites guidées, de débats, d’explorations urbaines et d’ateliers à destination du public et des écoles.
L’intérêt de cet évènement est qu’il n’implique pas seulement la réflexion d’architectes ou de paysagistes agréés, mais qu’il a été valorisé par l’implication des locataires de la cité Yernaux et de la cité Parc, ainsi que celui du Collectif OST (Les oiseaux sans tête) !
Car c’est bien là que l’enjeu et la démarche de l’ICA trouve son entière signification et sa véritable motivation. Permettre aux locataires de ne plus être les spectateurs d’un espace urbain purement fonctionnel mais sans âme, pour le transformer en un paysage qui permet l’intégration d’une vie sociale valorisante et créative. C’est-à-dire un espace social qui permet à sa population de rêver et de se concrétiser dans un avenir possible et meilleur.
C’est toute la différence qui sépare une utopie urbaine abstraite d’une utopie urbaine concrète ! L’abstrait d’une utopie s’appuie sur les idées d’un imaginaire sans limite mais sans raison. Quand le concret d’une utopie s’appuie sur une réalité de terrain que l’on peut améliorer en tenant compte des contingences imposées par les limitations budgétaires, l’importance écologique et la qualité sociale des lieux, pour ne prendre que ses trois exemples.
Ainsi, « L’architecture monte dans les tours » se veut laboratoire d’idées et de réflexions citoyennes qui permet à ceux qui ont l’usage de l’habitat de rencontrer et de coopérer avec ceux et celles qui les construisent. D’où l’intérêt majeur de cette exposition qui initie une démarche collective visant à considérer, éduquer et élaborer un nouvel espace de vie citoyen. Le tout dans un parcourt découverte que les nouvelles salles de l’Eden interprète de manière surprenante.
« Pourquoi parler d’architecture à l’école ? ». Très tôt l’enfant est bâtisseur : une cabane de branche dans une clairière, une maison de coussins dans un salon. Cette capacité doit être préservée, renforcée et structurée en prenant appui sur le monde qui l’environne. — -
« L’architecture fait l’école buissonnière », ICA-WB.be
Pour mettre en place cette philosophie de l’architecture et pour en transmettre la passion. L’ICA, l’Eden, ReservoirA et les Oiseaux sans tête se sont associés afin de développer le thème du « Vouloir habiter ». Un thème qui prend la forme d’un évènement-laboratoire se déroulant du 15 septembre au 3 octobre à l’Eden.
Si le thème s’ouvre sur une exposition, ce sera surtout le point de départ d’un parcourt découverte qui se déroulera au sein même de l’Eden, mais également dans les rues de Charleroi ! Il s’agit bien de sortir les idées pour aller toucher les pierres et depuis les pierres revenir sur l’idée que l’on se fait de vivre un quartier, une ville, une maison.
Au cœur de cette démarche se tient une riche palette d’intervenants qui offrent une vision nouvelle de notre habitat, notamment l’anthropologue Audrey Courbebaisse, l’architecte Daniel Dethier et le critique Jacques Lucan. Sans oublier, Marie-Noëlle Dailly qui vous invitera à explorer une ville que l’on croit, souvent à tort, connaître.
Jean Nicolas
Photos : (c) Adrien De Hemptinne