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Le Madrigal - III. Le madrigal au XVIème siècle

Comment comprendre le genre du Madrigal? Cette appellation, comme vous le découvrirez, recouvre plusieurs réalités musicales au cours des siècles. Nous vous invitons à les découvrir ! Troisième épisode: le madrigal au XVIème siècle.

Sommaire

Connaissant une grande vogue au début du XVIème siècle, les poèmes de Pétrarque donnent l’impulsion définitive au madrigal en établissant une relation entre la musique et le texte. La structure devient plus libre, le contrepoint s’assouplit, la voix supérieure perd de sa prééminence au profit d’une plus grande égalité des voix.  Publié en 1530 à Rome sous le titre Madrigali de diversi musici : libro primo de la Serena, ce premier livre de madrigaux qui se réfère explicitement à ce terme contient notamment des pièces du compositeur français Philippe Verdelot. Ce dernier est incontestablement un des grands maîtres du madrigal, publiant deux livres de madrigaux à quatre voix (1533 et 1534) ainsi que des madrigaux pour 5 et 6 voix en 1541.

En 1539, Jacques Arcadelt publie son premier livre de madrigaux à Venise. Français comme Verdelot, il attache un soin particulier à adapter le rythme musical aux besoins de la prononciation du texte. On y trouve déjà quelques exemples de madrigalisme (le mot « sospiri » entrecoupé de silences, par exemple). Pour illustrer le texte, il alterne le contrepoint imitatif et des passages déclamatoires en accords.

Photo: Page de titre d'une réédition vénitienne du Primo libro di madrigali (Venise, 1559). - http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Arcadelt

Venise et sa célèbre basilique Saint Marc deviennent un centre musical important. Adrian Willaert y est maître de chapelle. Son recueil de madrigaux de 4 à 7 voix Musica nova (1559) apparait comme une sorte de manifeste du madrigal. Reprenant à son compte les innovations de Verdelot, Willaert assouplit le passage de la polyphonie serrée aux épisodes homophoniques.  De plus, il manifeste une grande attention aux travaux des théoriciens de son époque comme Zarlino qui par ses recherches contribue à l’établissement du système tonal et fixe en 1558, les règles de l’accord parfait. Vers la moitié du siècle, deux élèves de Willaert, Cipriano da Rore et Niccolo Vincentino,  apportent un renouveau au madrigal en mettant en musique l’ensemble du poème sous forme de cycle unifié par des analogies mélodiques et harmoniques. Le style déclamatoire apparu au début du 16ème siècle devient un véritable parlando où le rythme est dicté entièrement par le texte. La présence du chromatisme s’intensifie comme en témoigne le très expérimental Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus qui est le premier à exporter le madrigal hors d’Italie. Lassus compose aussi des madrigaux spirituels, genre qui connait un certain succès dans les pays de langue germanique.

Le madrigal dramatique est illustré par l’Amfiparnasso d’Orazio Vecchi, véritable œuvre scénique en 3 actes et un prologue. Adriano Banchieri et Alessandro Striggio composent des comédies madrigalesques.

La fin du 16ème siècle voit se diversifier le genre. Luca Marenzio réalise une synthèse des tendances en présence utilisant l’art du madrigalisme avec raffinement et équilibre.

L'« Âge d'or » du madrigal est représenté par Claudio Monteverdi et Carlo Gesualdo. Ce dernier développe un langage tout à fait personnel fait de dissonances inouïes et chromatismes généralisés. L’expressivité y est poussée à l’extrême par des audaces harmoniques qui le font considérer par ses contemporain comme un extravagant. 

Photo: Carlo Gesualdo - http://www.gesualdoconsort.nl/

L’œuvre de Claudio Monteverdi marque la transition entre la Renaissance et l’ère baroque. En introduisant une basse harmonique et un support instrumental dans ses madrigaux, Monteverdi s’éloigne de la polyphonie pure pour se rapprocher de l’harmonie tonale. Les moyens expressifs mis en jeu créent des contrastes et des oppositions dans un réel souci de dramatisation du texte. Ces moyens, Monteverdi les utilisera dans ses opéras, le madrigal ayant été son champ exploratoire.












Le madrigal est introduit en Angleterre au 16ème siècle par Alfonso Ferrabosco provoquant une émulation chez les compositeurs anglais. Musica transalpina, recueil de madrigaux italiens traduits en anglais est publié en 1588 et 1597. Thomas Morley met en musique les sonnets de William Shakespeare. John Wilbye et Thomas Weelkes pratiquent une musique très expressive et parfois chromatique. L’ayre remplace le madrigal lors du passage à l’époque baroque.





Anne Genette

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