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La musique composée à Thérésienstadt

Haas, Refuge in music, theresienstadt, Ullmann, von otter, Krasa, brundibar

publié le par Andree Forster

Cette musique n’a pas besoin de l’Histoire, mais elle l’a (Daniel Hope).

Sommaire

Situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Prague, le camp de Theresienstadt occupe une place à part dans l’univers concentrationnaire nazi. Conscients que la disparition de personnes connues ne manquerait pas de susciter des questions quant au sort réservé au peuple juif tout entier, les nazis décidèrent de le transformer en une ville modèle pour montrer  au  monde  entier  que  les détenus y vivaient heureux et qu'ils pouvaient  poursuivre  des  activités  culturelles plaisantes. Des artistes de premier ordre sont passés par ce camp de concentration  et beaucoup y trouvèrent la mort.

Theresienstadt  a  donc connu  une  vie  musicale  exceptionnelle.  Des compositeurs comme Viktor Ullmann (1898-1944) qui y composa plus de vingt œuvres en deux ans et Pavel Haas (1899-1944) y furent internés, avant d’être déportés à Auschwitz. Il a fallu attendre une quarantaine d’années  après la libération du ghetto par l’armée rouge en mai 1945 pour que l’on s’intéresse enfin à ce répertoire et ce n’est que dans les années 80 que l’opéra de chambre « Der kaiser von Atlantis »   qu’Ullmann a retravaillé en  1943 pour l’adapter aux effectifs de l’ensemble de l’opéra de Theresientadt  soit enfin mis en scène.

Quant à « Brundibar », un conte pour enfant composé en 1938, mais revu par Hans Kräsa pour pouvoir être joué par les effectifs très changeants mis à sa disposition dans le camp de Theresienstadt dont il était en charge de la section musicale. Il n’était pas rare que les participants, aussi jeunes soient-ils, partent vers Auschwitz le lendemain même d’une représentation.  Des scènes de Brundibar seront filmées et intégrées dans le film de propagande « Le Führer offre une ville aux juifs » et l'oeuvre  fera partie du programme culturel présenté en 1944 devant une commission de la Croix-Rouge internationale, incapable de percer la supercherie orchestrée pour l’occasion par les dirigents nazis.

Cette période de l’Histoire allemande est à ce point sensible qu’il a fallu des trésors de patience à la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter pour pouvoir organiser un concert  consacré à ce répertoire qui a vu le jour dans des conditions qui dépassent l’entendement. Il a finalement  eu lieu en mars 2012 à la Bayerische Akademie der Schönen Künste et a été suivi de la sortie d’un DVD intitulé « Refuge in music : Terezin / Theresienstadt ». Pour des raisons qui lui sont personnelles, Anne Sofie Von otter  tenait beaucoup à la réalisation de ce projet qu’elle a mené avec Daniel Hope, musicien très attaché à ses racines juives allemandes, et, qui, à ce titre, s'intéresse depuis de longues années à la musique qui a vu le jour sous le régime despotique du national-socialisme.

Andrée Förster










 

 

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