L'Atelier circulaire: centre d'arts imprimés
Préambule - Ce sentiment de l’été, film de Mikhaël Hers sorti en 2015, s’ouvre sur le travail d’une jeune femme dans un atelier de sérigraphie (berlinois). En une brève succession de tableaux, on découvre une calme routine, une succession de gestes précis mais peu spectaculaires. La lumière qui se déverse par les grandes fenêtres, la grâce de mouvements conditionnés par des machines et des matériaux lourds et volumineux, qui remontant des doigts, des poignets jusqu’aux bras, se répand dans le dos pour enfin s’exprimer dans le corps tout entier épousent sans effort le magnétisme contenu de toute activité manuelle lorsqu’on la regarde d’un peu plus près. Avec ses lacunes évidentes venant gommer les aspects moins séduisants ou peut-être simplement trop techniques, la scène offre une image accueillante et sereine d’un métier somme toute assez secret eu égard à l’abondante production qu’il génère. Si les gravures et les estampes doivent leur existence à la volonté de rendre l’art plus accessible, et donc à leur nature pléthorique, les ateliers restent pour le plus grand nombre des endroits ignorés, mystérieux.
Il faut dire que les arts imprimés, dénominations qui recouvre diverses techniques allant, au sens le plus strict, de la gravure en creux pour arriver aujourd’hui à l’impression numérique en passant par la lithographie et la sérigraphie, la linogravure, la xylographie ou plus couramment l’estampe, mettent en jeu des moyens assez lourds – plus lourds que ceux qu’exigent la peinture ou la photographie) réclamant la mise en place de structures qui les supportent.
Si, parce que celui-ci nous est plus proche géographiquement, le projet rappelle celui du Centre de la gravure et de l'image imprimée à La Louvière, il faut néanmoins lui reconnaître une ambition et surtout des moyens à la mesure d’un plus grand pays. Le rapprochement toutefois n’est pas sans pertinence puisque l’un comme l’autre ont vu le jour dans les années 1980. C’est à un petit groupe d’artistes, québécois comme de juste, que l’Atelier circulaire doit son existence. Aussi, après plus de trente ans d’activité, trois déménagements et une extension continue de son spectre d’activité, on ne peut que saluer l’initiative d’avoir voulu contribuer à préserver les arts imprimés de la dilution dans un paysage qui tend à confondre, par la similarité des techniques mises en œuvre, visuels et images, icônes et clichés.
Catherine De Poortere
photos: ateliercirculaire.org
Atelier circulaire
5445, av. de Gaspé
Locaux #105 & 517
Montréal (Québec)
Canada H2T 3B2
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