Le Grand Tour - Festival de Namur
Le Grand Tour
Sous cette expression qui a donné naissance au mot « tourisme », on entend ce voyage que réalisaient les jeunes nobles de l’époque dans le but de parfaire leur éducation. L’expérience n’est pas neuve. Au Moyen Âge déjà se pratique le « Peregrinatio academica », périple qui menait souvent les étudiants et érudits du nord de l’Europe vers le sud, où fleurissaient les universités, les « cabinets », ancêtres de nos musées, et les hauts-lieux culturels. Dès la seconde moitié du XVIème, les enfants de la noblesse sont envoyés à l’étranger afin de compléter leur éducation, de créer des liens avec leurs pairs, de s’exercer aux mondanités et de prendre le pouls des usages aristocratiques des autres pays européens.
Le concert du vendredi 12 juillet au Festival de Namur recréait un imaginaire « Grand Tour » au départ de l’Angleterre.
Le concert
Ce soir-là, nous sommes partis en voyage ! Dans nos malles, l’Ensemble Masques et ses sept musiciens. Et pour nous guider, le jeune acteur français Julien Campani. De sa voix veloutée, il nous fait lecture des missives de jeunes aristocrates anglais adressées à leurs parents. Nous sommes en Angleterre, baignés dès l’introduction dans la musique de Purcell. Après quelques recommandations d’effets à emporter – chemises au tissu épais, couverts, provision de mouchoirs, etc. –, nous traversons la Manche avec Marin Marais : la tempête, tirée des suites d’Alcyone, nous accompagne pendant la traversée. Le décor est planté et les spectateurs que nous sommes sont envoûtés.
De la France à l’Allemagne en passant par l’Italie, nous découvrons par la voix du comédien les appréhensions, les étonnements et les émerveillements de ces enfants de nobles lancés sur les routes d’un exil de luxe, aux sons des musiques qui ont fait la renommée de ces pays, choisies avec pertinence au fil du périple. Nous découvrons avec eux les mœurs et coutumes des Français, les usages au sein des maisons d’opéras, les conseils de prudence de la part des pères sur le plan sexuel, l’apprentissage de la danse et les premiers émois amoureux. Nous écoutons leurs descriptions des jets d’eau de Versailles, du Carnaval de Venise et des routes sans pavés d’Allemagne. Campra, Lalande, Rameau, Monteverdi, Corelli, Telemann, Bach nous escortent tout au long de ce parcours, et c’est un ravissement !
L'Ensemble Masques
Sous la direction discrète du claveciniste Olivier Fortin, l’Ensemble Masques a des gestes d’une douceur infinie pour exprimer la musique de ce temps, tout en rondeur et en équilibre. Formé d’une base de six instrumentistes, ici renforcé par le hautboïste Rodrigo Guttiérez, l’ensemble a été fondé il y a plus d’une dizaine d’années par Olivier Fortin. La curiosité de ces musiciens les porte à aborder, au sein des XVII et XVIIIème siècles, des styles et des nationalités variés, dont le « Grand Tour » est l’expression. Remarquons que le nom même de l’ensemble provient du terme désignant des spectacles mêlant poésie, danse et théâtre dans l’Angleterre élisabéthaine...
Ce qui nous a été offert ce vendredi, en somme !
Nathalie Ronvaux
Les Festivals de Wallonie
Saison Été & Automne 2019
Entre juin et octobre, la musique classique est en fête sur les terres wallonne et bruxelloise : les sept festivals membres des Festivals de Wallonie invitent mélomanes et curieux à près de 150 concerts et activités dans les coins les plus inattendus de nos provinces !