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Le numérique et ma santé

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santé mentale, medias sociaux, addiction, santé numérique, société

publié le par Christel Depierreux

La semaine numérique 2021, sous le signe du bien-être ! C’est du 18 au 29 octobre à Bruxelles et en Wallonie avec plus d’une centaine d’activités pour tous les publics, jeunes ou moins jeunes (conférences, ateliers, articles…). L’occasion de s’arrêter un instant sur nos pratiques.

Sommaire

Le bien-être numérique : question de dosage ? Voilà la thématique de la semaine lancée et force est de constater que pour conserver une bonne santé mentale face aux écrans en tout genre, il faut garder un œil critique sur ce que l’on y fait et une certaine mesure dans leur utilisation. Sauf que notre société a amorcé un virage numérique important, accentué encore par la crise Covid actuelle. Difficile dès lors tant pour les adultes que pour les plus jeunes de décrocher réellement !

"Digitalisation de la société - Une évolution qui fait mal ? "

Cette brochure éditée par Question santé soulève plusieurs questions qui invitent au débat collectif. Depuis quelques années, la digitalisation forcée en laisse plus d’un sur le carreau ! Il existe des inégalités d’accès et de compétences numériques. On pense évidemment aux personnes âgées. Victimes de cette fracture sociétale, elles voient par exemple, les banques qui, après avoir limité les rendez-vous et les opérations aux guichets, ferment petite à petit leurs agences dans les villes de taille moyenne obligeant ainsi les seniors à l’assistanat dans leurs démarches, ce qui les infantilise et agit négativement sur la perception de leur santé et de leur capacité.

« Homo numericus » dépassé !

Selfie, film à sketches français, réalisé collégialement par Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat et Vianney Lebasque, raconte 5 histoires qui s’entrecroisent sur les dérives numériques modernes. Les personnages adultes ont tous pour point commun d’être accros aux réseaux sociaux. On retrouve les parents d’un enfant malade dépassés par la réussite de leur vlog ; un jeune homme pris dans un engrenage surréaliste pour séduire une fille sur un site de rencontre ; une prof de lettres qui succombe à l’addiction à Twitter ; un cadre supérieur qui se fait bouffer la vie par l’algorithme d’un site d’achats en ligne.

Le spectateur peut se reconnaître en s’amusant des travers des protagonistes captés avec une grande justesse par de fins observateurs du monde 2.0. On sourit…jaune parfois ! Ces personnages déboussolés, plongés dans la sauvagerie des réseaux et ne sachant plus à quel dieu se vouer, nous touchent indéniablement. On perçoit vite, ici sur le ton humoristique, les travers que ces utilisations problématiques peuvent induire dans la vie réelle.

Delphine de Vigan dans son livre Les enfants sont rois, explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu. Mélanie, jeune mère, crée sur YouTube la chaîne Happy Récrée, où elle met chaque jour en scène ses deux jeunes enfants qui ne demandaient pas, évidemment, à être transformés en influenceurs et où elle est suivie par des millions d'abonnés.

Le concept d'«enfant roi » désigne un enfant maintenu « dans l'illusion de la toute-puissance infantile », selon la psychanalyste Simone Korff-Sausse. Ce qui fait dire aussi que l’enfant roi est un enfant tyran en grande souffrance.

L’enfant qui grandi doit « être reconnu, aimé, protégé, mais il faut aussi qu'il apprenne [...] qu'il y a une réalité, laquelle n'est pas forcément drôle. Ce n'est pas de la haute théorie, c'est du bon sens », — Didier Pleux, auteur du livre De l’Enfant roi à l’enfant tyran.

Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, ce livre offre une plongée glaçante dans un monde où tout s'expose et se vend, jusqu'au bonheur familial.

Myriam Leroy et Florence Hainaut, deux journalistes belges, nous entrainent avec SalePute

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dans le cyberharcèlement dont elles ont été victimes, tout comme 73% de femmes dans le monde[1]. Elles donnent la parole à des femmes de tous profils et tous pays, qui reçoivent toutes les mêmes messages qui disent, en résumé et en version polie : reste à ta place !

Les insultes à caractère sexuel qui peuvent aller jusqu’aux menaces de mort pour elles et leur entourage, sont difficilement soutenables. Ce film montre l'épidémie de haine en ligne contre les femmes et comment la domination qui s'exerce également dans la vie physique contre elles, trouve sur Internet un terrain de jeu inespéré.

On a tendance à caricaturer les caïds d’internet en marginaux psychotiques. On en fait des monstres, c’est plus pratique ! Alors qu’en réalité, le type qui te traite de salope, celui qui partage des photos-montages humiliants, celui qui commente tous tes faits et gestes, c’est certainement un bon voisin ! — Myriam Leroy

Renaud Maes, sociologue, confirme en effet que selon une série d’études, ce sont plus généralement des hommes qui agressent sur internet et qui proviennent davantage de milieux socio-économiquement plus favorisés, c’est-à-dire de la classe moyenne voire de la classe moyenne supérieure avec des exceptions bien sûr. Ce qui, poursuit-il « permet de révéler qu’il existe une domination structurelle dans notre société qui génère des violences et on ne s’en est pas débarrassé contrairement à ce qu’on pourrait croire .(….) C’est quelque chose qui transparaît moins dans le monde social car on a plus de self contrôle. Avec internet, on voit que dès qu’on enlève un peu de contrôle social, les choses sont mises à nu : violence, rejet, misogynie, racisme s’expriment par ceux qui ne partagent pas un idéal d’égalité»

Et la question des plaintes ? FB supprimerait soi-disant les contenus haineux mais sous couvert de liberté d’expression, ils restent en ligne. Il y a un double discours : FB gagne de l’argent avec ces messages car ils sont largement partagés. Entamer une procédure judiciaire ? C’est difficile aussi car les lois manquent mais certains procès ont quand même eu lieu, en France ou en Belgique mais aboutissent à une jurisprudence décevante ou des peines dérisoires. Comme souvent en ce domaine, les choses bougent lentement.

On imagine aisément l’anxiété et la peur que peut générer ce type de messages récurrents.

Le repli pathologique extrême

Le phénomène «hikikomori» apparu au Japon, début des années 90, avec la crise économique, désigne un mode de vie en retrait de la société. Ces personnes ne quittent pas leur chambre, restent enfermées chez elles des mois voire des années. En France, ils seraient des dizaines de milliers, des garçons en majorité, adolescents et jeunes adultes à s'extraire du monde, abandonnant études ou travail pour s’enfermer, rompre avec un quotidien qui les oppresse. Ils échappent à toutes les statistiques et n'apparaissent nulle part. Le seul contact qu'ils conservent souvent est Internet et certains présentent une addiction aux jeux vidéo.

Michaëlle Gagnet nous éclaire sur ce mal mystérieux dans Hikikomori, reclus volontaires? Elle suit le travail de Marie-Jeanne Guedj, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, une des premières, en France, à s’être intéressée à ces jeunes.

Ce documentaire est à découvrir aux Rencontres Images Mentales, du 11 au 18 février 2022 à la Vènerie de Watermael-Boitsfort.

[1] ONU (2015)

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