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le requiem

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requiem

publié le par Andree Forster

La mort, thème d'inspiration le porteur des plus grandes créations musicales !

Sommaire

Lorsqu’on lui demande quel est d’après lui le thème d'inspiration  le plus porteur des grandes créations musicales, c’est sans hésitation que Guy Janssens pense à la mort. L’envie de faire une histoire du Requiem lui est donc venue tout naturellement, d’autant que plus de deux mille œuvres sont connues sous ce titre, dont il évoque les étapes historiques en quatre volumes représentant quatre périodes (la renaissance, l’époque baroque, le romantisme et le XXe siècle) qu’il illustre chaque fois par deux exemples significatifs.





La Messe de Requiem tire son nom de l’incipit de l’office grégorien (Requiem aeternam…) chanté le jour de l’enterrement d’un croyant. Dans le rite catholique tel qu’il a été fixé au Moyen-Age, les parties qui le composent sont : l’introït (Requiem aeternam…), le Kyrie, le graduel (Requiem aeternam…), le trait (Absolve, Domine…), la séquence (Dies irae…), l’offertoire (Domine Jesus Christie), le Sanctus, le Benedictus, l’Agnus dei et la communio (Luc aeterna…). Le Requiem a été chanté en grégorien jusqu’au XVe siècle, puis il a connu d’importants développements stylistiques et textuels. La première Messe de Requiem polyphonique connue est celle de Joannes Ockeghem (1410-1497), probablement composée pour la mort de Louis XI. Outre celle de Roland de Lassus (1532-1594), parmi les compositions remarquables du XVIe siècle, on peut citer la Missa pro defunctis de Pierre de la Rue (1460-1518) et le superbe Requiem d’Antoine de Fevin (1473-1512), exécuté lors des funérailles d’Anne de Bretagne. A cette époque, les Requiem résultaient de commande faite à l’occasion du décès des grands de ce monde, qu’ils soient rois ou dignitaires de l’Eglise. C’est ainsi que la Missa pro defunctis d’Eustache du Caurroy (1549-1609) accompagna les obsèques des rois de France pendant tout le XVIIe siècle.



Si le Requiem de Bonaventura Rubino (1600-1668) signe l’apothéose  du style polyphonique, la Missa defunctorum de Francesco Provenzale (1624-1704), dont on a retrouvé des copies dans toute l’Europe, marque la transition vers le style concertant qui caractérise l’époque baroque. Probablement composée pour les cérémonies liées aux funérailles de Philippe IV d’Espagne,  cette messe va acquérir un caractère grandiose, au gré de ses multiples reprises. En France, c’est le Requiem de Jean Gilles (1668-1705) qui connaîtra une renommée exceptionnelle et accompagnera les services funèbres de nombreuses personnalités au cours du XVIIIe siècle. Composé en 1763 pour les funérailles d’Auguste Le Fort, électeur de Saxe, l’Officium défunctorum de  Jan Disma Zelenka (1679-1745) poussera la théâtralité funèbre à ses limites extrêmes.




Désormais, le Requiem va s’aventurer hors des églises et investir les salles de concert car les effectifs que demande son exécution  vont devenir tels qu’il ne pourra plus être joué pendant un service funèbre normal. Trônant au sommet des plus grandes pages sacrées du répertoire classique, le Requiem inachevé de Mozart (1756-1791) est accompagné de légendes et de mystères qui assurent son aura romanesque depuis plus de deux siècles. Antonio Salieri (1750-1825), son rival, n’a pas joui de la même notoriété, mais il a le privilège d’appartenir à un cercle très restreint : celui des heureux élus qui composèrent leur propre Requiem. Quant au premier Requiem de Cherubini (1760-1842), donné à la basilique de Saint-Denis en 1817 à la mémoire de Louis XVI, il a joui d’une telle renommée qu’il aurait inspiré ceux de Berlioz, Brahms et Verdi



Pour la création en l’église Saint-Louis des Invalides de sa  Grande Messe des morts qui était une commande du Ministère de l’intérieur, Hector Berlioz (1803-1869) voulait un effectif grandiose de 500 chanteurs et instrumentistes,  mais le compositeur a dû se contenter d’un ensemble limité à…450 personnes. Sa musique a été décrite par Alfred de Vigny comme belle et bizarre, sauvage, convulsive et violente. Il est intéressant de noter que les plus beaux Requiem romantiques sont le fait de musiciens peu religieux. Athée notoire, Giuseppe Verdi (1813-1901) a conçu le sien en hommage au poète Alessandro Manzoni. Souvent joué en concert, hors du contexte religieux, son requiem marque une transition dans l’histoire culturelle de la mort dont les manifestations quittent peu à peu la vie publique. S’inspirant des Saintes Ecritures,  Johannes Brahms (1833-1897) place l’homme au centre de son Requiem et puise dans la Bible des passages sur l’espoir  et la consolation qui offrent une vision apaisée de la mort. Une sérénité qui s’imposera chez Gabriel Fauré (1845-1924) dont le requiem a été qualifié de berceuse de la mort.




Le Requiem va évoluer dans de nouvelles directions au XXe siècle et s’inscrira dans une actualité douloureuse, marqué par des conflits dévastateurs, tel le War-Requiem de Benjamin Britten (1913-1976), ou encore ce requiem de la réconciliation écrit avec la collaboration de Luciano  Berio,  Friedrich  Cerha,  Paul-Heinz  Dittrich,  Marek  Kopelent, John  Harbison,  Arne  Nordheim,  Bernard  Rands, Marc-André Dalbavie, Judith  Weir,  Krysztof  Penderecki,  Wolfgang  Rihm, Alfred Schnittke, Gennadi  Rojdestvenski, Joji Yuasa et György Kurtag.  Et c’est par le cantique d’Ezechias , une citation ne figurant pas dans la Messe des morts, que Pierre Bartholomée commence son Requiem. Il n’hésitera pas à  retravailler le texte biblique pour exprimer l’immense solitude de l’homme qui cherche Dieu dans le monde.  

Andrée Förster



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